Kahoni [Vkook]

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Note : *Kahoni : prénom signifiant "baiser de l'océan"

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« Solarlames ! L'heure est venue de reprendre nos terres ! Levez et portez fièrement vos armes ! Pas de pitié pour le Clan des Tarasks ! Vous portez l'honneur et la puissance du sang Solaire, protégeant son peuple dans les Ténèbres de son absence ! Vous êtes l'espoir et la fierté des vôtres ! Marchez tête haute, et frappez juste ! Reprenons ce qui nous appartient de droit pour préparer la venue du Très-Haut ! Pour sa Radiance le Très-Haut Soleil ! »

L'enfant qui venait de rugir ces mots, devant son petit bataillon de bambins, tous en rangs derrière lui, brandit une branche vers le ciel. Très vite imité par la petite compagnie derrière lui, qui beuglèrent tout autant un : « Oui, Capitaine ! » avant de pousser une sorte de cri guerrier de leurs petites voix encore fluettes.

Et ils chargèrent tous ensemble les malheureuses poules qui vivaient tranquillement sans se douter de rien.

« Pas de quartier ! » vociféra encore le chef du petit groupe.

Bien plus loin, accroupi dans le sable humide, là où les vagues viennent s'échouer sans relâche dans l'espoir d'embrasser ce sol dont elles se voyaient toujours rejetées, le flux et le reflux chantant à ses oreilles et les poumons emplis d'air marin, un petit garçon tournait un coquillage délicat entre ses dix doigts.

Les lèvres légèrement entrouvertes tant il était absorbé, son regard de jais caressait la coque et ses irrégularités harmonieuses en une douce étude. Il en observait les moindres recoins, chaque reflet, chaque courbe, chaque couleur, en l'enveloppant d'un regard débordant de fascination.

Qu'il était beau ce petit objet.

Il y avait un tel raffinement dans sa structure et ses formes. On aurait presque dit qu'il avait été minutieusement travaillé et poli des heures durant pour arriver à une telle finesse.

Sauf que ce n'était en rien artificiel.

Ça, Jungkook le savait bien. Et c'était là toute la magie et la beauté qui captivaient l'enfant aux mèches sombres. C'était naturel. Et rien n'en était plus merveilleux.

Il ne s'était jamais joint aux autres dans leurs jeux belliqueux en observant les imposants guerriers Sacrés, leur attirail somptueux et reluisants, leur charisme et le respect qu'on leur portait. Et en écoutant les récits fabuleux qu'on leur contait à tous depuis leur plus jeune âge sur leurs exploits, leurs responsabilités, leur prestige. Leurs légendes et l'histoire du Clan, tout simplement.

Ce qui l'attirait était et avait toujours été tout autre.

« Taehyung ! »

L'intéressé accourut pour s'accroupir à ses côtés, curieux.

« Regarde ! Celui-là est magnifique ! Tu ne trouves pas ?! Regarde ici les couleurs incroyables ! Tiens, vois comme il est doux aussi ! Je n'en avais jamais vu de tel encore ! C'est époustouflant ! »

Abandonnant son trésor aux mains de son ami pour qu'il en observe toutes les facettes à sa guise, le garçon leva les yeux vers l'horizon. Ses deux orbes ébènes pétillaient, resplendissaient, autant que les reflets de l'astre du jour sur l'eau salée.

Et tout à coup, les deux onyx accrochèrent quelque chose. Un objet. Échoué là, coincé entre d'humbles rochers que les vagues ne parvenaient à engloutir dans leur jetées déterminées à l'assaut du sable chaud. Un objet qui n'était pas là il y a deux jours encore, la dernière fois qu'il s'était aventuré en ces lieux.

La curiosité piquée à vif, d'eux-mêmes ses pieds s'approchèrent avec vivacité, laissant le plus jeune à sa contemplation minutieuse.

Au creux de la modeste ronde rocailleuse, un récipient transparent, dans sa prison de pierre fortuite.

Jungkook ne s'était jamais senti aussi frémissant : l'étendue mouvante ne lui avait encore jamais rien offert de tel. Un tel trésor. Qui ne livrait que promesse sur promesse. De nouveau, d'inconnu, d'extraordinaire. Au cœur d'un coffre de verre, magot de parchemin, dont le fin rouleau soufflait un plus grand trésor encore, de son infime valse hypnotique au gré de l'ondée qui s'éternise lorsque le bras de la marée se retire, avec la déception de n'avoir pu refermer la main sur une prise, avant de revenir à la charge de sa volonté inébranlable.

Il se pencha. Presque fébrile. A crever d'envie de pouvoir se saisir de ce qui obnubilait le moindre recoin de ses pensées, déliant son imagination par-delà ces eaux sans fin qui ne cessaient de l'appeler, avec une telle force, de leur apaisant chant des marées.

Il cueillit enfin le bateau de verre, en découvrant le poids et la surface lisse. Il se battit pour en sortir le précieux élément qu'il renfermait, avec toutefois le plus grand soin, pour ne rien abîmer, les yeux scintillant, après s'être légèrement éloigné de l'eau.

Il s'empressa de déplier le parchemin.

Et c'était incroyable. C'était beau, et surtout, c'était insolite. Parfaitement renversant pour le rêveur.

Couchées sur la surface jaunie, formes et couleurs. Multiples arabesques qui chatoyaient et dansaient, abreuvant son imagination torrentielle.

« Jungkook ? » tenta le plus jeune pour attirer son attention et lui aussi pouvoir jeter un œil à ce qui semblait tant captiver son aîné. Il conservait toujours le joli coquillage dans sa petite paume, mais s'était empressé de rejoindre son ami lorsqu'il avait remarqué qu'il s'était éloigné.

Toutefois, le brun n'écoutait pas. Il n'entendait même pas. Trop plongé dans la merveille qui s'offrait à lui. Le dessin d'un coquillage. Gigantesque et arc-en-ciel. Absolument sublime. Avec des formes qu'il n'avait jamais vues nulle part. Mais surtout, le dessin lui-même, autant que ce qu'il représentait, était totalement surréel. L'image elle-même semblait onduler, miroiter, luire de mille feux polychromes.

Ça n'avait rien d'ordinaire. Tout en cet objet criait qu'il était unique, et le trésor le plus inestimable que ce monde eût porté.

Et c'était juste beau.

« J'irai là-bas..., souffla-t-il. Tout là-bas, là où nos yeux ne peuvent voir ! Et je rencontrerai qui a fait ça ! Je vais fabriquer un bateau, en secret, et j'irai là-bas !

– Je veux venir avec toi ! fit le plus petit en serrant fort le présent de son camarade entre ses petits doigts, en se promettant d'aller le montrer à sa mère qui lui sourirait depuis les cieux.

– On ira ensemble, c'est promis ! sourit-il avant de se relever pour retirer ses sandales, aussitôt imité par son confrère. Tu veux faire quelque chose d'incroyable ? »

L'enfant hocha vivement la tête, du soleil dans les yeux.

« Viens ! » lui intima-t-il en attrapant sa petite main dans la sienne pour la tirer vers l'eau qui roulait en douceur sur le sable chaud, jusqu'à ce qu'elle vienne aussi lécher leurs pieds nus, arrachant un rire de bonheur et de surprise au petit.

« Tu aimes ?

– C'est la meilleure chose que j'ai jamais faite ! révéla le garçonnet en continuant de patauger avec bonheur, s'extasiant de voir le liquide recouvrir ses petits petons avant de tirer sa révérence en écume blanche.

– Je sais, lui répondit-il pas peu fier avec un sourire éclatant. Je ne comprends pas pourquoi les autres en ont si peur et refusent de s'en approcher... Que c'en est même interdit ! Tu ne diras rien, d'accord ?

– Motus et bouche cousue ! » lui assura-t-il en fichant ses grands yeux améthystes dans les perles onyx de l'autre et en lui tendant son auriculaire pour sceller la promesse.