Kahoni [Vkook]

3

 « Taehyung ! appelait-il sans relâche. Tae ! Tu es là ? Taehyung ! »

Il continuait son chemin, à travers la forêt sans aller trop vite pour autant. Il ne partirait pas sans lui, quoi qu'il en coûte. Il était certain que le garçon aux iris violacés était dans les parages. Il était sûr que, depuis les derniers tragiques événements, le plus jeune avait gardé un œil sur lui, de loin. Il devait l'avoir vu s'échapper.

Alors, sans relâche, il avançait, à l'affût, espérant à tout moment le voir surgir de derrière un arbre ou des fourrés. C'était toujours quelque part par là qu'ils se retrouvaient.

« Taehyung ! » essaya-t-il encore.

Et c'est là qu'il l'aperçut. Courant vers lui.

« Ça va ? s'enquit le nouvel arrivant, le souffle encore court.

– Tae ! se rassura-t-il en le prenant dans ses bras. On s'en va !

– Mais, et le Taekook ? s'alarma-t-il en essuyant doucement les sillons carmins sur les joues du brun. Il ne te restait pas encore un petit quelque chose à corriger ? Et s'il coulait ?!

– Tant pis ! C'est pas grave, c'était juste un détail. Il tiendra ! Et puis, le soleil est avec nous, nous n'essuieront pas de tempête, débita-t-il d'un trait pour le rassurer en lui coupant presque la parole. Je ne resterai pas une seconde de plus, ils ne m'enfermeront pas ici. Je ne suis pas le Soleil. Non, jamais. Je ne guiderai personne, je ne conduirai aucune guerre, et je ne régnerai sur personne. Jamais.

– Bien sûr que non, ce ne sont que de sombres crétins. Tu n'es pas le Soleil, tu es mon Kahoni*. Allons-nous-en. »

Et sous le silence susurrant des lames au loin, couvant le plus jeune, son regard roula en marées de tendresse. Débordant si fort, jusque dans son sourire, à pulser depuis son cœur à fleur de sel. Et elles finirent par l'emporter tout entier, dans leur courant marin, jusqu'à s'échouer sur des lèvres de sable fin.

Effleurement éphémère. Un peu trop. Tellement que déjà Taehyung espère, sous ses yeux encore clos, la caresse de la mer, revenue le prendre d'assaut. Pour pouvoir s'y assoiffer encore un peu plus.

Et le bras de l'océan à nouveau le submerge. Sous cette vague passionnée, il n'a plus pied. Alors de ses mains il s'ancre à ses épaules pour le retenir.

Ciel, ce que c'était bon et rassurant criait le cœur du plus âgé. Lui qui en avait tant rêvé, lui qui en avait tant besoin pour surmonter tout ça.

Mais bientôt, des cris dans le lointain les tirèrent de leur monde. Exclamations et agitation. On s'alarmait. On s'organisait. On le cherchait.

Ils purent reconnaître la voix singulière d'un des Capitaines Solarlames, du nom de Namjoon, donnant sans doute à son escouade des directives dans l'optique de ratisser les bois.

Il fallait croire que quelqu'un était entré dans ses dits nouveaux appartements et avait noté sa disparition.

Le temps s'écoulait à une vitesse effrayante.

Jungkook s'empara brusquement de la paume du châtain, et du baluchon rempli de victuailles, qu'il avait fait tomber dans leur étreinte, de l'autre main. Et il se mit à courir, l'entraînant à sa suite sans mot dire. Le prenant tellement au dépourvu que ce dernier manqua de s'étaler de tout son long en trébuchant légèrement. Et il les conduisit tous deux jusque dans un creux formé par le sol légèrement accidenté, d'une énorme souche et d'un taillis, où ils se tapirent à la hâte sans jamais se lâcher.

Le fugitif s'affolait.

Les capacités physiques des Solarlames, infiniment supérieures aux leurs, les mèneraient presque indubitablement à l'échec s'ils tentaient de rejoindre le rivage mais que les soldats sacrés les repéraient.