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 « Kookie ? »

La voix grave tira l'intéressé de ses pensées. Précédemment accoudé au bord du bateau, à observer les deux infinités nocturnes qui se confondaient, il tourna la tête avec nonchalance vers l'autre qui fixait ses pieds, assis au fond du navire.

Cela faisait un moment que l'embarcation avait quitté la côte. Ils filaient, glissaient toujours plus loin, presque comme poussés vers l'ailleurs. C'en était magique pour les deux jeunes. Et jusque-là, aucun d'eux n'avaient rien dit, appréciant le calme libérateur des adieux à ce qu'ils avaient connu, de l'air marin emplissant les narines et jouant avec les cheveux, et de glisser vers l'inexploré sur ces eaux ou tout s'efface. Ils écoutaient la nuit et profitait du rien. Certains diraient sans doute qu'ils n'avaient ni n'étaient plus rien. Mais, eux, ils aimaient ce rien.

« Est-ce que- ... T-tout à l'heure... dans la forêt... je... »

Cela suffit à capturer toute son attention et à le sortir de ses pensées. L'observateur de l'horizon se décida à s'approcher et se posa à ses côtés. Il y eut un court silence avant que le brun ne passe sa main dans sa nuque, gêné, en reprenant d'une petite voix :

« Tu... Je n'aurais pas dû... ?

– Que- non ! explosa presque, à ces mots, celui qui lui faisait face en relevant brusquement la tête, complètement paniqué, les yeux exorbités. Non, ce n'est pas ça ! Je- J'en avais envie. Terriblement. C'est juste... que je voulais pas faire comme si de rien n'était... »

L'aîné avait arrêté de respirer pendant un instant, avant de se fendre en un gigantesque sourire idiot. Il passa délicatement son bras dans le dos du châtain pour venir enserrer sa taille et le rapprocha de lui, jusqu'à ce que le plus jeune vienne se blottir contre son torse, nichant son nez dans le creux de son cou.

Et peut-être que leur rien n'est pas si rien. Surtout lorsqu'ils se perdent dans le rien de leurs yeux.

« J'en avais plus envie que jamais et tout s'enchaînait un peu trop vite, alors, j'ai décidé que quitte à tout envoyer valser et à prendre tant de risques, autant balayer tous les foutus interdits et ne plus jamais se priver. C'était comme un ouragan enfin déchaîné. »

Il fit une légère pause avant de reprendre en resserrant sa prise autour de l'autre : « Ça fait tellement de bien de te dire tout ça. En sachant qu'on est enfin partis. Avec ce décor d'infini nous enlaçant. Et... toi.

– Moi aussi je suis heureux, Kookie, moi aussi, susurra-t-il.

– Tu te rappelles la première fois où nous avions dormi sur la plage ?

– Oh oui ! J'avais fait semblant d'aller me coucher si tôt, en prétextant que j'avais mal à la tête ! J'avais ensuite mis toute une installation de bibelots sous un linge et j'étais ressorti sur la pointe des pieds pendant qu'il tournait le dos. Papa ne s'était douté de rien ! Et puis je m'étais mis à courir, et j'ai eu la peur de ma vie !

– Mais oui ! C'était si drôle ! se moqua le capitaine du navire en se remémorant l'instant, avant que la victime ne lui fasse ravaler son rire en lui assénant un léger coup sur l'épaule.

– Ça t'amuse ? Te cacher dans l'ombre et m'attraper en bloquant mes mouvements et ma bouche pour m'empêcher de crier, ça te fait rire ?

– Pardon, mais avoue que c'était drôle quand même ! pouffait toujours le criminel.

– Tu ne perds rien pour attendre ! le menaça-t-il gentiment en esquissant un sourire.

– Oui, j'attends toujours ta revanche depuis tout ce temps !

Kahoni [Vkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant