Descendance : Relda, Exilée (T1)

Chapitre 5

Le séraphin et la chevalière se fixèrent quelques minutes, le premier perdu dans l'incompréhension, la deuxième plongeant dans la surprise. Ni l'un, ni l'autre ne savaient si ils étaient ennemi. Pendant ces quelques minutes ressemblantes à des heures, Relda et ce rebelle se perdaient dans le regard de l'autre. Interpellé par les membres de son groupe, l'ange quitta cette hypnose et s'approcha de ses camarades. Relda secoua la tête et continua son repas.

-Pourquoi fallait-il qu'il soit ici... pensa-t-elle. Espérons qu'il ne se montre pas hostile.

Lorsque sa soupe fut terminée, elle redirigea son regard vers le séraphin. Il était reconnaissable entre mille, même dans une foule, Relda était sûre de le reconnaître. D'abord, sa carrure qui mettait en avant ses muscles travaillés avec attention, résultat d'entraînement rigoureux, ses cheveux noirs qui étaient proches du bleu, donnant l'aspect du ciel nocturne dans lequel il voyageait tant, ses yeux argentés qui brillaient d'une lumière qui semblait ne pouvoir s'éteindre, et enfin l'aile unique qui manquait à celui-ci, aile qui bien qu'en train de revenir à son propriétaire, était encore une cicatrice, résultat d'un affrontement entre les deux combattants. Le séraphin jeta un bref regard vers elle, et lorsqu'il s'aperçut qu'elle ne faisait que les observer, il parla brièvement à ses compagnons. Ceux-ci semblaient légèrement perdu, observant la chevalière qui venait de terminer son mets, et après quelques instants et quelques questions, ils acquiescèrent. Le séraphin s'approcha alors d'une démarche assurée la jeune fille. Elle mit sa main sur la garde de son épée, et était prête à lui couper la deuxième aile si il le fallait. Son coeur calme, le souffle tranquille, elle l'attendait. Il approcha d'elle, et, avec une politesse qui surpris Relda, il demanda:

-Comptes-tu recevoir d'autres invités ?

-Non. Pourquoi ? Répondit-elle froidement.

-Puis-je m'installer à tes côtés quelques instants ?

-Pourquoi ? Tu es avec tes amis, je suppose.

-Camarades, nous ne sommes pas suffisamment proches pour être amis.

-Soit, cela ne change en aucun cas ma question.

-Est-ce que cela te dérangerait de discuter quelques instants ? J'avoue être surpris de voir un soldat de reine, seule et hors de son pays.

Ex-soldat, pensa-t-elle en silence.

-Si tu le désires, assieds-toi.

Celui-ci ne se fit pas prier, et il s'installa devant elle. Il leva la main, cherchant l'attention d'un serveur, qui vint aussitôt à son appel.

-Oui monsieur ? Désirez-vous quelque chose ?

-Puis-je avoir un verre de votre liqueur ?

-Oui. Cela ne sera que trois pièces d'argent, s'il vous plait.

Le séraphin lui donna, observant toujours Relda, silencieuse.

-La guerrière indomptable... Dire qu'avant, nous assumions tous que tu étais un homme... Enfin, qu'est-ce que peut faire quelqu'un comme toi dans cette simple taverne ?

-Selon toi ?

-Probablement pas pour boire un verre dans ton coin, si tu veux mon avis.

-Et bien, tu l'as dit toi même, un soldat de la reine seul, loin de son pays.

-J'ajouterais même que ce soldat parle calmement sans m'attaquer, même si elle a la main sur sa lame.

Relda lâcha le manche de son arme, et la tension entre eux descendit d'un rang.