Une nuit

Chapitre 20

Fumer et prendre l'air, voilà ce que j'étais parti faire. Son aveu m'avait laissé sur le cul. Maintenant encore je ne réalisais pas ses paroles, toute la nuit j'avais tenté de me remémorer notre nuit ensemble. Mais seuls quelque images troubles m'étaient apparut en regardant l'immensité noir au dessus de ma tête. J'avais redécouvert mes fantasmes, ces pellicules où l'on apparaissait tous les deux l'un sur l'autre, le souffle court. C'était des souvenirs...
Des souvenirs brûlants et presque nostalgiques maintenant. Malgré cela, je ne me rappelais pas précisément les évènements exactes. Il restait toujours difficile de reconstituer le film démantelé. Le plus frustrant dans tous cette histoire, c'est que j'étais resté dans l'ignorance pendant tout ce temps. J'avais un fils maintenant, un fils que je ne connaissait pas et qui avait nourrit ma douleur. Je me sentais minable.
J'avais longtemps éprouvé de la rancoeur envers mon propre enfant, celui qui avait pour mère la femme que j'aimais et la femme sur laquelle j'avais craché.

L'aube ne tarda pas à venir puisque les premières lumières s'empressèrent d'éclaircir l'horizon. Le vent sifflait et la neige tomba inopportunément sur la ville lointaine.
J'écrasai la tige fumante et retourna à l'intérieur.

Juvia

Je m'étais réveillée et depuis, je regardais les flocons s'échouer un à un sur la vitre glacée. Hier soir j'avais définitivement perdu la tête et aujourd'hui je profitais des quelques instants avant que je puisse tirer un trait décisif sur Grey. Finalement sa réaction avait enfin réellement confirmé mes doutes. Il ne m'aimait pas.

Il ne me restait plus qu'à préparer mes affaires et m'en aller. Au moins cette histoire m'aura permis de passer à autre chose.
Recouvrant Ur d'une couverture, je m'apprêtais à partir. Lorsque, sur le point d'ouvrir la porte, celle-ci fut poussée de l'extérieur. L'air froid frappa mon visage,
je venais de tomber nez à nez avec lui.
Sans m'en rendre compte je fus saisie d'un sursaut de surprise.

-Bonjour, soufflais-je doucement.

Aucune réponse ne vint. C'était terriblement gênant et insupportable. Grey me barrait la route et il ne semblait pas s'en être aperçu puisqu'il ne bougea pas d'un poil. Bloquée et surtout très angoissée par ce qui se passait, je n'arrivais ni à remuer un bras ni à délier ma langue.
Je crois que le plus troublant était la façon dont Grey me dévisageait en ce moment.

-Ex..excusez Juvia mais pourriez-vous vous pousser?

Encore rien. Il ne voulait probablement plus me parler.

-Juvia allait partir, elle tient à dire qu'elle n'attend rien de vous en ce qui concerne Ur. Elle ne voudrait pas que son fils devienne un fardeau. Juvia sait bien qu'elle aurait dût en parler plus tôt mais elle ne voulais pas l'imposer alors que Grey ne l'aime pas et qu'il existe déjà quelqu'un dans sa vie, admettais-je pour de bon.

De la même manière que tout à l'heure il resta silencieux. Sauf que cette fois-ci, il referma la porte derrière lui.

-Grey?

Il venait de parler et je ne comprenais plus.

-Grey...C'est bien c'que t'as dis? Reprit-il les sourcils froncés.

Voyant que je répondais toujours pas, il fit quelques pas vers moi puis expira longuement.

Grey

-Ce n'est plus Grey-sama?

Elle mordait sa lèvre inférieure tout en resserrant Ur contre elle.

-J'ai l'impression que tu me détestes quand tu m'appelles comme ça.

Elle détourna les yeux.

-Laissez sortir Juvia, s'il vous plaît, supplia-t-elle alors que sa voix s'étrangla.
-J'ai perdu les souvenirs de notre nuit.

Son visage laissait transparaître une pâleur que je ne lui avais jamais connue. L'air s'arrêta sur ses lèvres, elle avait arrêté de respirer. 

Voyant qu'elle ne m'était plus hostile, je m'avançais d'un pas lent vers elle tandis qu'elle ne bougeait pas d'un centimètre. Elle était paralysée et semblait totalement décontenancée. Plus je m'approchais, plus je constatais le regard perdu et craintif qu'elle affichait. Il fallait régler cette affaire au plus vite, il fallait que je lui dise.