☼ Calyx ☼

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Chapitre II : Skaikru

☼ Calyx ☼

Ma vision était si floue et mon état général si désagréable que je me demandais si ne m'étais pas empoisonnée en mangeant par mégarde des baies du Courroux. Je tentais de porter une main à mon cou endolori, mais je ne pouvais pas bouger. J'ouvris les yeux en grand et serrais les dents en forçant mes muscles à réagir. Rien à faire, mes poignets étaient solidement ligotés. Une tête blonde et inconnue entra dans mon champ de vision, ce qui n'était pas pour me rassurer. « Je m'appelle Clarke et tu n'as rien à craindre ici, tu es attachée uniquement parce que je devais soigner ta blessure » déclara la jeune femme. Et soudain, tout me revint. Deux hommes, sûrement venus du ciel dans ce que j'avais vu entrer dans notre atmosphère à la dernière lune, m'avaient enlevée et ramenée au sein de leur clan. Je ne répondis pas et me contentais de la fixer, évaluant la situation. Ils venaient du ciel, je ne me trompais pas, et c'était difficile à digérer. Si je n'avais vraiment rien à craindre, je ne serais pas prisonnière, mais je ne voyais aucune option. Je jetais un œil à ma cuisse, un bandage l'encerclait mais je ne ressentais plus qu'un léger picotement. Ils m'avaient donc vraiment soignée. En revanche, mon jean avait disparu et la blonde sembla comprendre immédiatement que ça ne me plaisait pas car elle se précipita vers une étagère et le déplia devant moi. « Je te l'ai retiré pour nettoyer ta plaie et poser le bandage. Je l'ai aussi nettoyé. Écoutes... je comprends que tu sois effrayée mais je ne peux pas encore te libérer, ce n'est pas moi qui commande ici. » Clarke avait prononcé ces derniers mots d'un air sombre, regrettant visiblement de ne pas être celle qui commande. « Je vais te remettre ton pantalon si tu n'as plus mal. Comme je n'avais pas réagis elle pinça les lèvres et s'approcha de moi, soulevant d'une main mon bandage pour regarder ma plaie. Le coup partit. Mon genou avait violemment percuté son menton et un cri aigu sorti de sa gorge.

Quelqu'un fit irruption dans la pièce et je reconnu immédiatement l'homme avec lequel je m'étais battue avant d'être assommée. Il prit Clarke par les épaules, vérifiant son visage et lui indiquant la sortie d'un geste de la tête. Je me retrouvais donc seule avec lui et un frisson monta dans mon dos. Avec les mains liées, les chances n'étaient pas de mon côté. Il s'approcha mais curieusement son regard semblait neutre, presque perdu. Il garda soigneusement les yeux levés vers mon visage en déclamant : « Je veux juste discuter. Je m'appelle Bellamy. Mes amis et moi vivions dans l'espace jusqu'à ce qu'on nous envoie ici, alors nous ne sommes ici que pour nous construire un nouveau foyer. Et je suis désolé pour ce qu'il s'est passé, c'était une terrible erreur de la part de mon compagnon. Il n'aurait pas dû tirer, il a simplement eu peur. Nous allons te relâcher très bientôt. Comment te sens-tu ? » Si je m'attendais à ça. Il se foutait de moi ? La stupeur devait se lire sur mon visage, car il sourit. Je me repris, affichant une mine impassible. En tout cas je ne pourrais pas leur faire croire que je ne comprends pas leur langage. Je me contentais de tirer sur mes liens, pour lui faire comprendre mon agacement. S'ils veulent me libérer qu'ils le fassent. « Nous allons te relâcher je te l'ai promis, mais d'abord nous allons discuter. Tu dois comprendre que je n'approuve pas ce qui t'es arrivé et que l'auteur de ton agression sera puni. En contrepartie, nous espérons qu'il n'y aura pas de représailles de ta part ou de celles des tiens. Mon peuple vient de l'espace, nous avons été contraints de quitter notre maison pour des questions de survie. Nous nous sommes établis ici, tout ce que je veux c'est que les miens puissent vivre en paix, et cette paix ne doit pas être compromise par la faute d'un seul homme. Tu comprends ? » Son discours était calme mais prononcé avec conviction. J'écoutais le récit d'un homme visiblement terrifié par la tâche qui l'attendait. Il n'y aurait pas de représailles car je suis seule et qu'ils sont des dizaines. Je suis une exilée et cette terre est à des centaines de kilomètres de mon clan d'origine. Il n'y a personne pour mener ces représailles. Mais s'ils se sont mis le contraire en tête, je dois en tirer profit.

« - Très bien tout est pardonné, je veux seulement partir. Je suis partie méditer, personne n'attend mon retour avant plusieurs jours. J'aurais le temps de guérir et quand je serais rentrée personne ne saura rien ni de notre accrochage, ni de votre existence.

- Il me faut quelque chose d'un peu plus concret. La sécurité des miens ne peut pas reposer sur une phrase, lâcha-t-il sur un ton un peu plus ferme alors qu'il desserrait mes liens, libérant l'un de mes poignets. Et je ne suis pas un imbécile, mon vaisseau a forcément été aperçu, vous saviez déjà que nous étions là.

- Ecoutes, vous ne craignez rien pour la simple et bonne raison que vous maîtrisez une technologie mortelle. Personne ne se risquerait à venir à votre rencontre. Et dans quel but ? Tout ce que vous possédez tient dans ce tas de ferraille. Nous possédons des territoires dont nous ne connaissons pas toute l'étendue, nous possédons tout ce qui a survécu à l'ancien monde. Personne ne prendrait le pari, dis-je en me redressant. Personne ne viendra.

- Je vais te laisser partir, dit-il après de longues secondes de réflexion, si tu m'organises une rencontre avec ton chef. En terrain neutre et sans arme, seulement pour faire connaissance, déclara-t-il en me tendant sa main droite, attendant visiblement que je la serre.

- Il n'y aura pas de rencontre, il n'y aura plus de contact. Jamais.

- Je suis prêt à te laisser emporter une de nos armes...

- Je ne veux pas de vos armes qui viennent du ciel. Vous auriez dû les y laisser. Je vais partir et vous allez vivre en paix. C'est comme ça que ça va se passer. Rappelle-moi ta guérisseuse. »

The 100 : Mauvaise tournureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant