Chapitre 1: Tranches de vies

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Le printemps venait de s'installer. Les journées étaient maintenant plus longues et c'était une des petites choses de la vie qui rendaient Hazel de très bonne humeur. Elle était assise sur le bord de son lit, un ciseau à la main et un petit rasoir de l'autre. Son frère était par terre, dos à elle, la tête baissée pour lui laisser libre champ vers sa nuque. Délicatement, elle coupa une petite mèche de ses cheveux puis y passa le rasoir en faisant bien attention de faire ça proprement. Soudain, il eut un frisson qui fit sursauter la jeune femme.

« Rayan, s'exclama-t-elle. J'ai failli te couper !

-Tu as les mains froides », se défendit-il.

Elle retint son commentaire et finit son travail en lui mettant un petit peu de crème hydratante sur la peau qui avait eu contact avec les lames du rasoir.

Hazel et Rayan ne vivaient pas ensemble. Elle venait de s'installer en ville dans ce petit appartement étroit. Hazel avait pris des vacances par rapport à son travail et elle ne savait pas encore quand elle allait reprendre. En attendant, elle voulait essayer d'avoir une vie calme et c'est pour ça qu'elle avait rejoint son grand frère dans cette petite ville.

Elle aimait la campagne mais elle aimait aussi la compagnie. Cette ville était le parfait compromis. Elle avait toutes les commodités : cinéma, restaurants, piscines, diverses écoles et même une grande salle de spectacle. Pourtant, à quelques minutes de voiture, c'était la campagne et la forêt à perte de vue.

Rayan, lui, était professeur d'histoire des arts à la faculté de la ville. Étant très proche de sa sœur, il passait souvent chez elle pour voir si elle ne manquait de rien. Il l'avait aidée à emménager et à faire quelques modifications dans son appartement. Cette nuit, il avait dormi chez elle, d'où le fait qu'il se retrouve aux pieds de son lit à sept heures du matin, à se faire couper les cheveux.

Hazel lui servit son café avec une compote de pommes qu'elle avait préparée la veille et un fois fini, elle lui embrassa la joue avant son départ.

«Tu voudras qu'on mange ensemble ce soir, lui demanda-t-elle alors qu'il lassait ses chaussures. Pour te remercier du travail que tu as fait ici. Je t'invite.»

Il eut un petit sourire malicieux. C'était un sourire qu'il faisait tout le temps, quand quelque chose lui plaisait. Sa bouche s'étirait légèrement du côté gauche et il soufflait doucement du nez.

«Avec plaisir. Je finis à dix-huit heures. On se rejoint sur le campus ? Si je suis en retard, demande aux étudiants de t'indiquer le petit amphithéâtre. C'est là que je donne cours en dernière heure, j'y serais sûrement.»

Il enfila son manteau alors qu'elle hochait la tête pour acquiescer. Il lui embrassa le front et sortit du petit appartement sans rien dire de plus qu'un « à ce soir ! ». Hazel le regarda s'éloigner et eut un petit rire attendri : elle adorait son grand frère.

Hazel avait passé une grande partie de la journée à tout finir dans son appartement. Rayan et elle avaient bien avancé mais elle n'était pas satisfaite de quelques détails et avait donc profité du temps qu'il lui restait pour tout arranger. Elle avait vidé son dernier carton, celui qui contenait les choses les plus précieuses.

Elle ne savait pas pourquoi elle les avait amenées avec elle. Elle aurait très bien pu les confier à ses parents, même dans son ancien logement, elle ne les avait pas accrochées aux murs.

Elle sortit une dizaine de posters du carton, ainsi qu'un grand cadre en verre enroulé dans du papier bulle et une pochette contenant des photos. Elle les regarda une par une, parfois en soupirant, parfois en souriant. Elle en posa quelques-unes sur son lit et rangea les autres avec le reste, mis à part le cadre en verre qu'elle accrocha au-dessus de son lit. Elle resta un moment à le contempler, un léger sourire de fierté sur les lèvres. Soudain, son téléphone vibra sur le plan de travail. Elle quitta sa rêverie et l'attrapa pour voir qui pouvait bien lui écrire. Elle eut un petit rire et se laissa tomber sur son lit en soupirant fort.

Sand in my ShoesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant