Je n'y croyais pas mes longues oreilles. Mon père, Thierry Beccaro, le talentueux présentateur de Motus, allait se séparer de ma mère, Josiane Belasco, actrice populaire ayant notamment joué dans Joséphine s'arrondit et Neuilly sa mère !. Qu'allais-je donc faire de mon avenir? Au plus profond de moi, j'espérais de pas avoir à déménager car ma mission n'était pas terminée. Je devais à tout prix me rapprocher des p'titzamis, question de vie ou de mort.
Mon père se tenait debout devant moi. Après m'avoir annoncé la mauvaise nouvelle, il partit dans le salon regarder en replay les émissions de Motus. Il avait un calepin dans lequel il notait ses erreurs en tant que présentateur. Certaines fois, il hurlait "non mais quel con !" quand il était vraiment déçu de sa prestation. Mais c'était très rare, mon père est un génie. Ma mère, Josiane Belasco, actrice de renom, ne savait que dire. Elle semblait surtout sous le choc, comme si mon père et elle n'avaient pas parlé de divorce avant. Lorsqu'elle reprit ses esprits, elle me chatouilla la moustache avant de chuchoter "t'en fais pas, mon Grégou, ton père n'est qu'une grosse godiche et ne mérite pas ton amour. Qu'il retourne donc voir sa Stéphanie et qu'il fasse pas chier". Sur ces douces paroles, elle me laissa planté au milieu de la cuisine.
Le temps pressait, il fallait que je me rende en cours au plus vite. Une fois de plus, ma technique était très simple. Arriver en retard pour attirer l'attention et demander aux p'titzamis de me passer les cours que j'avais manqué. Je commençais à 10h, je décidai donc d'arriver en classe à 10h50, soit 10 minutes avant la fin. Malheureusement pour moi, le professeur en charge du TD n'aimait pas les retardataires. Fichu cauchemar, il m'avait complètement déstabilisé et j'avais oublié que j'allais avoir affaire à cet énergumène. Ni une ni deux, le professeur se mit dans une telle rage qu'il prit une chaise et la jeta dans ma direction en beuglant "YOU ARE LATE! RUDE!!!! FRENCH STUDENTS, YOU KNOW, WHY!!!!! AMERICANS WOULD NEVER!!!!!! SHIT". Le dos de la chaise frappa ma moustache qui tomba instantanément par terre. J'entendis des élèves souffler des "ooooh"... La guerre était déclarée.
De quel droit se permettait-il d'attaquer ma moustache? Je saisis sa précieuse gourde dans laquelle il s'abreuvait et la cassai en deux avec la force de mes deux mains. Le professeur n'en pouvait plus, commença à pleurer, mit son manteau difficilement et sortit de la salle en disant "this is discrimination and I will call the autorités compétentes". Ses larmes étaient si abondantes qu'il se prit à plusieurs reprises des murs en pleine face.
Le silence était complet dans la salle. Soudainement, mes collègues m'applaudirent. Je relevai la tête. Ils semblaient tous émus. Certains pleuraient, d'autres se serraient dans les bras. Tous ensemble, ils se mirent à chantonner "Grégou, grégou, grégou, grégou!!!!". J'entendis un "Grégou t'es le meilleur!" et "Grégou épouse-moi!". C'était donc cela, la célébrité. J'étais désormais convoité par toute la fac. Dans les couloirs, on m'interpellait en me demandant si j'étais l'élève qui avait défié le fameux professeur qui terrorisait tout le monde. Fièrement et désormais sans moustache, j'esquissais un sourire en coin en disant modestement que je n'y étais pour rien mais que oui, c'était bien moi. Je signais régulièrement des autographes, on me payait mon sandwich Verlaine au distributeur et on me proposait de me reconduire chez moi après les cours.
Mais toutes ces personnes qui me désiraient ne m'intéressaient pas. De mon côté, je désirais toujours les mêmes: les p'titzamis. Ils étaient si beaux, si frais, si intelligents, si drôles, si charismatiques... Mon altercation avec le professeur m'avait permis de me rapprocher un peu plus d'eux. Ils en étaient effrayés, et avaient félicité mon courage et ma défiance. Désormais, alors que tout le monde m'appelait pour que j'aille partager un repas avec eux, je les dépassais sans répondre et allait m'asseoir près des 5 amis. Ils semblaient intimidés, mais je sentais qu'ils voulaient me parler.
Ce n'est que la semaine qui suivit que je franchis le pas. Comme d'habitude, je m'installais derrière eux et écoutais leurs conversations passionnantes. Ils étaient toujours fans de mon père, cela me faisait chaud au coeur et confirma que nous étions faits les uns pour les autres. Je décidai d'intervenir lorsqu'ils chantaient le fameux générique de l'émission. "M-O-T-U-S MOTUS!!!!! yEEEaaAAAh!!!!". Dans le fond de l'amphithéâtre, on m'applaudissait déjà et réclamait une autre chanson. Les p'titzamis avaient les yeux écarquillés d'admiration. Je décidai de leur faire un petit compliment afin de les mettre en confiance et de leur montrer que je souhaitais être leur ami.
- Vous avez de beaux ordinateurs, dis-je, peu sûr de moi. Je ne le pensais pas il fallait bien que je me rapproche d'eux.
Le seul homme de la bande, the UFO, me répondit, ému:
- Oh merci Grégou, c'est vraiment très gentil de votre part. Pardon, je peux te tutoyer? On a le même âge après tout. Je dois t'avouer que j'admire beaucoup ton père et pouvoir te parler est un grand honneur pour moi, et pour nous. On ne pensait pas avoir une star à la fac, c'est vraiment bizarre. Tu es changé, depuis que tu n'as plus ta moustache. Il faudrait que tu la laisses repousser, tu es plus beau avec. Tu vas chez quel coiffeur? Je dois prendre rendez-vous mais je ne sais pas chez qui aller. Tu manges quoi le matin? J'aimerais adopter le régime Beccaro mais je ne sais pas si il est efficace. Tu dors de quel côté dans ton lit? Ou peut-être que tu dors debout? J'ai lu ça sur internet l'autre jour. Plutôt caca mou ou parfait? Oh pardon pour ces questions intrusives, je veux tout savoir de toi mais surtout de ton père !
C'est avec plaisir que je répondis aux interrogations de l'ovni. Il était très sympathique et j'étais certain que nous allions devenir de très proches amis très bientôt. Quant au reste de la bande, les gonzesses étaient toujours timides mais prenaient peu à peu confiance grâce à l'homme et s'exprimaient de temps en temps quand il ne me posait pas 1000 questions. On pourrait penser que ce serait énervant, mais j'étais sincèrement touché par l'intérêt qu'il me portait.
C'est le sourire aux lèvres que je franchis la porte d'entrée le soir même, de retour après une longue journée passée aux côtés des p'titzamis. J'étais désormais presque l'un des leurs. Alors que je réfléchissais à ma prochaine stratégie, Josiane Belasco, ma mère et actrice de Joséphine s'agrandit et Neuilly sa mère ! m'attendait aux pieds de l'escalier avec des valises.
- Grégou, dépêche-toi, on s'en va.
- la fée.
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Love Is Gregou
RomantizmL'histoire de Gregou, un jeune homme pas comme les autres, qui tente de tourner la page sur son ancienne vie. Amours, trahisons, déceptions, à qui peut-il vraiment faire confiance?