XXVIII

3 1 0
                                    

Mardi 16 avril

Toujours aussi froid la nuit, toujours aussi chaud le jour. C'est insupportable, au plus on approche du sud, au plus il fait chaud, et pourtant Thierry et moi longions le fleuve, là où il faisait meilleur. Maintenant nous allons pédaler, quitter le fleuve, et supporter le soleil tapant les plaines. La douche du camping m'a fait du bien. Thierry et moi discutons derrière le mur des douches, on s'envoit le savon au dessus des séparations, et on rit bien. C'est un bon ami. Je n'avait vraiment pas envie de commencer à rouler aujourd'hui, mais Thierry m'a bien encouragée, et j'ai oser me lancer. Au final ce n'est pas aussi épuisant que je le pensais, c'est moins épuisant que de marcher. 

On a commencer à longer la Saône par les petites routes de campagnes, puis on a vite découvert l'autoroute pret de nous. On a pédaler longtemps, on faisait sans cesse des pauses pour boire, heureusement qu'on a pu remplir nos gourdes dans le camping d'où nous sommes partis. Le macadame de l'autoroute semblait fondre sous la chaleur. Quand il nous manquait d'eau dans la gourde, nous avons eu la chance de tomber sur une aire de repos où nous avons pu récupérer de l'eau fraiche. 

Nous avons pédaler longtemps, fait une pause pour manger, fait des pauses pour nous reposer, puis pédaler, encore et toujours, sur l'autoroute toujours droit, ennuyeux. Ca y est, je me souviens de la raison pour laquelle j'ai détestait le voyage entre Lille et Paris : je deteste l'autoroute. Cet ennui total où rien ne se passe, où tout n'est que monotomie. J'aimais les routes sineuses, avec plein d'embûche, où rien ne se passe comme prévu, où rien n'est trop simple.

J'ai eu l'impression de souffrir, d'être torturée. Pourtant je ne faisais rien de plus compliqué que depuis ces quelques jours. Et c'est ça qui m'agaçait : la simplicité. 

Le soleil n'allait pas se coucher tout de suite, mais je sentait l'importance d'arrêter la route, où j'allais exploser. Thierry a tenter de m'inciter à continuer, mais quand il a vu ma réaction, il a compris qu'il était necessaire que je m'arrête. On a trouver un petit hôtel sur le bord de l'autoroute dans lequel on est entré par effraction. On s'est posé dans la chambre et je me suis mise à pleurer. Je deteste pleurer devant les autres. Mais je n'en peux plus et je ne sais plus ce qu'il m'arrive. Thierry m'a pris dans les bras pour me réconforter. Le courage m'a pris dans les bras pour me réconforter. Je me sentais tellement à l'aise dans ses bras. Je suis allé très vite mieux. 

Je n'ai pas parcouru 700km pour rien ! Il me reste certainement moins de 100km a pédaler, et je serai enfin arrivée. J'ai fait le plus plus gros, le plus difficile, et pas question d'abandonner maintenant. J'en suis capable. Je suis capable d'atteindre St Etienne. Je suis capable d'atteindre mon rêve seule. Je suis capable d'atteindre mes objectifs. 

J'y repense ... Au fond, j'ai l'impression de ne plus être motivé par la rencontre de Sebastien, Nicolas et Paul, mais seulement par l'atteinte de mon objectif. Cela fait si longtemps que je ne leur ai pas parler. Mais je suis certaine que lorsque je les retrouverai pour de vrai, je serai heureuse et toujours autant amoureuse.

IRLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant