J+2

242 33 17
                                    

Il faut croire que ce n'est pas la bonne fin, je me suis de nouveau réveillé dans mon lit en réfléchissant à ce que j'avais pu faire de mal, pourquoi une nouvelle chance de faire les choses comme il faut... La vie a vraiment un humour étrange, ça doit sûrement l'amuser de me voir me débattre pour pouvoir en finir. La journée commence une nouvelle fois de la même façon, la voix de ma mère raisonne, je me rends au lycée en marchant lentement, en cherchant ce que j'ai fait de la mauvaise façon pour avoir à recommencer une seconde fois. J'ai pourtant effacé mes regrets, j'ai écrit une lettre à Jun, J'ai entendu ma mère rire et j'ai laissé mes pensées sortir librement, alors pourquoi? Je ne sais pas quoi faire pour qu'on me laisse enfin partir en paix...

Plus j'y pense et moins tout cela n'a de sens, j'ai fait ce qu'il y avait à faire,  alors pourquoi cette même histoire incohérente répétée sans arrêt?

J'entends des gens passer à côté de moi, alors je baisse un peu plus la tête, c'est un réflexe chez moi. C'est sans doute pour me protéger que je fais ce mouvement, je vous mentirais si je vous disais que cela c'est déjà montrer efficace. J'attends que le groupe me dépasse pour remonter le visage mais ils ne le font pas. Ils marchent à ma hauteur alors je me sens comme obligé de les écouter et c'est là que je me rends compte qui se tient à mes cotés, mes anciens amis. Je mets ma capuche pour qu'ils ne me reconnaissent pas. Je sens un regard planté sur moi, j'hésite à me tourner sur le coté pour voir qui est la personne qui semble me porter tout cet intérêt. Sentant que le regard se fait de plus en plus insistant, je me décide à regarder moi aussi la personne. Je me retrouve face aux même yeux que j'ai vu hier soir avant de mourir, ceux de Jun.

"Minghao..."

Je ne rêve pas, il a prononcé mon nom, il a l'air si triste en le disant... Je le vois se tourner encore un peu vers moi. Je ne sais pas quoi faire, je suis comme paralysé, je me sens oppressé sous son regard qui semble pourtant si peiné . Ce sentiment que je perçois dans ses yeux me rend malade. Je sens que mon estomac se retourne, mon cœur se serre dans ma poitrine, j'ai envie de pleurer. Je sens les larmes me monter aux yeux, elle s'accumulent et se déversent sur mes joues. Je me sens si bête de réagir comme ça, une vague de honte m'envahit en voyant que le reste du groupe qui avait continué à marcher est maintenant arrêté et tourné dans notre direction.

Mon sentiment de honte ne fait que grandir en moi, je sens ma tête qui commence à tourner et mes yeux se mettent à papillonner. Jun approche sa main de ma joue de façon très lente, comme s'il tentait d'approcher un animal apeuré. Je recule de quelques pas par réflexe mais lui continue d'avancer sa main dans ma direction. Je ne sais pas quoi faire, ma tête tourne de plus en plus, je me sens mal, trop mal. 

Quand sa main est posée sur ma joue, je me sens défaillir. Il passe son pouce sur ma joue pour effacer mes larmes. Je me laisse aller et je ferme les yeux et  colle un peu plus ma joue dans sa paume de main si chaude. Il fait de petits gestes circulaires avec son pouce. Pendant ce cour instant, j'oublie tout, mes problèmes, ma mort proche, mes sentiments de honte et d'oppressions précédemment ressentis, il ne restait que moi et cette main collée à ma joue. Mais comme tout, les bonnes choses ont une fin et cet apaisement se brisa quand la voix de Seungcheol résonna.

"Minghao c'est vraiment toi?"

Mes yeux s'ouvrirent d'un coup et je me sentis revenir et toutes mes pensées resurgirent, je décollais ma joue de la paume de Jun et lança un regard paniqué au reste du groupe. Ils semblaient si surpris. Après tout, ça fait trois ans que je fais tout mon possible pour les éviter alors me croiser aussi facilement doit leur paraître irréaliste. Plus les secondes passaient et plus une envie de vomir me prenait la gorge. 

Je ne savais plus quoi faire, je paniquais totalement alors je fis ce que je fais le mieux, m'enfuir. Je courrais aussi vite que mes jambes me le permettaient. Mais bien sur, ma jambe blessée me lança mais je ne le sentais qu'à moitié à cause de l'adrénaline qui envahissait mes veines et qui atteignait mon cœur  mais le retour de bâton sera sans doute très violent.  Je le sais pourtant je ne peux pas m'empêcher de continuer à m'écarter d'eux, de lui... Ça me fait me sentir pitoyable de les voir aussi bien sans moi. Alors je continue de courir jusqu'au lycée.

J-10 [✔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant