Pôle Position - Vacanza tome 4.5 [TERMINÉ]

2. Premier jour à la neige

Gaia

Je me réveille en sursaut lorsque les pleurs de ma fille résonnent dans le baby-phone. Je soupire puis accède à mon téléphone pour regarder l'heure. Sept heures trente. Seigneur, c'est tôt. Mais il faut que je m'estime heureuse, c'est bien la première fois que Giulietta se réveille aussi « tard ». A côté de moi, Andrea bouge, puis se retourne vers moi.

— Ne bouge pas, j'y vais, me dit-il en glissant un baiser rapide sur mes lèvres.

Un sourire s'affiche sur mes lèvres pendant que je tends les bras pour m'étirer.

— T'es un ange, réponds-je.

Il me donne un deuxième baiser, plus lent cette fois, mais lorsque les pleurs de la petite retentissent de nouveau, il sépare nos lèvres puis saute du lit en enfilant un jogging. Il quitte la chambre aussi rapide que l'éclair. Même après toutes ces années passées ensemble, je ne comprendrai jamais comment il fait pour être d'aplomb alors qu'il vient à peine de se réveiller. La tête dans le cul, il ne connaît pas.
J'allume la lampe de chevet puis me saisis de mon téléphone sur la table de nuit et sourit en voyant mon écran de verrouillage : moi tenant notre fille ans les bras, Andrea qui m'étreint, son visage tout près du mien. Seulement, mon sourire s'efface lorsque je remarque un message d'Illirio, l'un de mes comédiens à la Gadea compagnia, c'est aussi mon assistant, il s'occupe de tout lorsque je ne suis pas là. Que me veut-il ? Je lui ai pourtant demandé d'éviter de me contacter lorsque je serai en vacances, j'ai besoin de repos et de me retrouver en famille. Ça doit être important, Illirio ne me contacterai pas dans le cas contraire.

[Je suis désolé de te déranger pendant tes vacances. Mais tu pourrais me rappeler quand tu le peux, s'il te plaît ?]

J'appuie sur son contact puis pose mon téléphone à mon oreille, en espérant que je ne le réveille pas.

— Allô ? répond-il d'une voix endormie.

Merde.

— Je te réveille ?
— Non, ne t'inquiète pas.

Je m'adosse à la tête du lit qui se trouve dos à la fenêtre, collé au mur de droite. En face, la porte et à gauche, l'armoire pour les vêtements.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Y a un problème ?
— Euh... ouais.

A son ton hésitant, je devine que c'est plus grave que ce qu'il le laisser penser. Mon cœur fait un looping.

— Explique-moi, le pressé-je.
— Hier on a répété Tristan et Iseult avec les autres, mais... Gabriella a encore fait des siennes.
— C'est-à-dire ?

Gabriella est une comédienne que j'ai embauché il y a quelques mois, lorsque nous sommes revenus de la tournée de ma première pièce. Depuis qu'elle est chez Gadea, elle se prend un peu trop pour une princesse.
Un long silence s'installe dans le combiné.

— Illirio ?
— Tu sais comment elle est... A faire sa diva et à prendre tout le monde de haut.... Madame n'estime pas normal de bosser alors que toi t'es tranquille au ski. Elle envisage de ne pas venir bosser avant que tu ne reviennes.

Je me pince l'arête du nez en soupirant bruyamment, une colère noire me submerge.

— OK, chope mon agenda et dis-moi quand est prévu la Première.

Un silence s'installe, puis des pages qu'on tourne se fait entendre dans le combiné.

— Le trente septembre, m'informe-t-il.

Je fais mon petit calcul dans ma tête, puis je dis :

— Elle veut des vacances ? OK, pas de problème, je lui envoie un mail ans la journée pour lui annoncer qu'elle ne fait plus partie de la pièce, on ne va pas se laisser marcher sur les pieds par une capricieuse. Dis-lui de regarder ses mails en fin de soirée.
— Gaia tu... tu es sûre ? Ça ne va pas être tendu de trouver une autre comédienne ?
— Certaine. Maia était mon deuxième choix pour jouer Iseult. Tu peux lui annoncer qu'elle est finalement dans la pièce ?