Pôle Position - Vacanza tome 4.5 [TERMINÉ]

14. Verdict

Giulia

J'aurais aimé accompagné Luca à l'hôpital aujourd'hui, mais ça tenait à Marco de le faire, alors j'ai accepté de rester ici. Maintenant qu'ils se sont enfin retrouvés, ils ont besoin de passer de nouveau du temps ensemble, même si c'est pour passer des radios. Une chance que le médecin qui a examiné la cheville de mon compagnon hier ait un ami à l'hôpital de Grenoble et qu'il a pu lui obtenir un rendez-vous avec lui, ainsi, il n'aura pas à passer la journée là-bas.

— Maman, papa va rester longtemps vers le docteur ? me demande Flaviana alors que je donne le biberon à son petit frère.

Il est midi, les garçons sont partis il y a à peine une demi-heure, Luca avait rendez-vous à quatorze heures.
A côté de moi sur le canapé, ma sœur donne son biberon à Illaria, et Andrea fait de même avec sa fille. Gaia est au téléphone avec son assistant, à ce que j'ai compris, il y a eu de fortes pluies en Italie cette nuit et ils ont eu un dégât des eaux. Je n'espère pas qu'on va devoir écourter les vacances maintenant que le beau temps est revenu.
Alessia est dans la cuisine, elle nous prépare à manger, et Gio est sur la table à manger en train de nourrir Livio qui mange plus tôt que nous pour pouvoir aller faire la sieste en même temps que les bébés.

— Maman ? dit de nouveau mon aînée.
— Oui, chérie ?
— Tu veux bien me raconter encore des choses sur tonton Flavio, s'il te plaît ?

Mon souffle se bloque puis ma respiration s'affole. Mon cœur s'accélère, puis se serre avant de me faire mal au point d'avoir du mal à respirer. Sur le biberon, mes doigts se resserre et mon  bras qui soutient mon fils perd de ses forces, mais je le force à la retrouver pour être capable de tenir mon bébé. A côté de moi, ma sœur est dans le même état, à ceci près que des larmes se forment au bord de ses yeux alors que je fais tout pour les garder au fond de moi pour ne pas que ma fille les vois. Je ne veux pas pleurer devant elle. Il faut que je me montre forte.
Même cinq ans après, la disparition de mon frère est toujours aussi difficile à supporter. Le deuil est fait, mais ne pas l'avoir auprès de nous dans les moments joyeux de notre vie nous affecte beaucoup. Il aurait tellement aimé ses nièces et son neveu... La première fois que j'ai parlé de lui à Flaviana, il y a environ six mois, quand elle était en âge de comprendre, elle s'est prise d'une sorte de passion pour lui. Elle en parle souvent et veut toujours connaître de nouvelles choses sur lui. Ce que je comprends, elle aurait beaucoup aimé le connaître, mais malgré le temps qui est passé, c'est toujours autant difficile de parler de lui.
Je jette un coup d'œil à ma jumelle qui ravale difficilement ses larmes et se concentre sur Illaria. Cependant, elle sent mon regard et lève des yeux embués vers moi. Je l'interroge du regard pour savoir si je peux parler de lui à ma fille sans qu'elle craque, elle hoche la tête.
Il y a des jours où nous pouvons parler de lui sans éprouver trop de tristesse, mais il y a des jours comme celui-ci où nous ne pouvons nous empêcher d'avoir une folle envie de pleurer lorsque son nom est prononcé. On ne peut pas l'expliquer, c'est comme ça.

— Ça te va si je t'en parle plus tard, trésor ? demandé-je à ma fille.
— Pourquoi plus tard ?
— Parce que là maintenant, maman ne s'en sent pas capable. Tu veux bien attendre que papa revienne ?

Elle hoche la tête avec énergie. Je soupire de soulagement, les battements de mon cœur se font plus lent. Je préfère ça. Dans les jours de tristesse comme aujourd'hui, je préfère en parler quand Luca est à côté de moi. Ça non plus, je ne peux pas l'expliquer.
Ma fille descend du canapé et se rue vers les escaliers, sans doute pour aller rejoindre Mattia et Mila qui sont à l'étage. Les pas d'Alessia rejoignant son mari se font entendre derrière, puis, la voix de Gio :

— Aller, Livio, t'as bientôt fini, un dernier petit effort.
— Ne le force pas s'il n'en veut plus, lui dit Alessia.
— Il faut que tu arrêtes de céder trop facilement, Lessia. Il n'a déjà presque pas manger ce matin, il faut qu'il finisse son assiette.