11. Deuxième semaine

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Andrea

Déjà une semaine s'est passé depuis que nos vacances dans les Alpes ont commencées. Une semaine qui est passé à une vitesse folle. Je n'ai rien vu passé, j'ai l'impression d'être arrivé hier. Nous avons bien fait de réserver deux semaines, une, ça aurait été trop court.
Ces trois derniers jours, nous avons skié, et on s'est même essayé au snowboard, c'était une catastrophe, mais on n'a rien bien rit. L'ambiance au chalet est super, mise à part le froid qu'il y a toujours entre les deux jumeaux, et qui ne semble pas vouloir se réchauffer un peu. Je crains que l'envie d'arrêter les courses de Luca ait cassé quelques chose d'irréparable entre eux deux. Depuis que nous sommes plus proches, je ne les ai jamais vu s'ignorer aussi longtemps, c'est comme s'ils étaient devenus des frères ennemis. A part ça, tout le monde rigolent bien.
De mon côté, tout va bien, Gaia est géniale, Giulietta est parfaite, même si, en ce moment, elle est un peu capricieuse au moment d'aller au lit.
Je me retourne vers la table de nuit pour guetter l'heure sur mon téléphone : huit heures. Étonnant que ma fille ne soit pas encore réveillée. Est-ce possible qu'elle a pleuré, mais que nous ne l'avons pas entendu, et que de ce fait, Gio, Alessia ou même les autres s'en soit chargé ? Non, je ne pense pas. Même si j'ai le sommeil lourd, je l'aurais entendu. Depuis qu'elle est née, j'entends chacun de ses pleurs.

— Je vais aller me laver avant que Giulietta se réveille, préviens-je Gaia en sortant une jambe de sous la couverture.

Elle dort à moitié, mais elle me répond d'un murmure. Comme tous les matins, je lui glisse un baiser sur la joue qu'elle accueille d'un sourire, puis je descends du matelas et choppe mon t-shirt au pied du lit pour l'enfiler. Je sors de la chambre en catimini, puis me rend vers celle de ma fille, qui effectivement dort paisiblement dans son petit lit à barreau. Je prends quelques secondes pour la regarder, elle est trop craquante quand elle dort. Tout comme je le suis de sa mère, je suis éperdument amoureux de ce petit bébé que j'ai conçu avec la femme de ma vie. Un sourire se dessine sur mon visage, je tends ma main vers elle pour la caresser, mais me résilie au dernier moment, je n'ai pas envie de la réveiller.
Je me rends donc dans l'une des salles de bains de l'étage en traversant le chalet dépourvu du moindre bruit, puis abaisse la poignée de la porte, mais lorsque je l'ouvre, je reste dans l'encadrement. Luca est là, torse-nu, les mains sur les deux extrémités de la vasque, la tête baissée. Il ne m'a pas vu, et sans doute pas entendu non plus. Je ne m'attendais pas à le voir, peut-être que l'un de ses enfants avait besoin de lui.
Il soupire, ouvre le robinet pour se mettre de l'eau sur le visage, puis lève la tête. C'est là que nos regards se croisent. Il ne paraît pas surpris de me voir là, peut-être qu'il m'a entendu, finalement.

— Ça va ? demande-t-il en brisant le silence.
— Ouais, je venais me laver rapidement avant que Giulietta ne se réveille. Et toi ?
— Ça va.

Il se retourne pour me faire face en laissant ses mains sur la vasque. Ses yeux noisettes fixent les miens verts quelques secondes, avant que son regard ne se face moins insistant. Il a l'air crevé, comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours. Les cernes sous ses yeux sont très marqués, ses traits sont tirés par la fatigue. Comment fait-il pour rester debout ? On dirait qu'il est si fatigué qu'il va s'effondrer à chaque seconde.

Je fronce les sourcil, inquiet.

— Luca, t'es sûr que ça va ?

Je m'avance légèrement pour me permettre de fermer la porte.

— Ouais, ouais, t'inquiète, ça va.

Non, il ne va pas bien. En plus de la fatigue, je lis dans ses iris une profonde tristesse, est une très grande culpabilité : sa dispute d'il y a quelques jours avec son jumeaux le travaille, et l'ignorance de ce dernier le blesse. Quand nous sommes allés à Grenoble, il a demandé conseils à mon meilleur pote à propos de son départ en retraite ou non, mais à son état, je devine qu'il a encore besoin de parler. Et je serai l'oreille qui l'écoutera. Je suis plus proche de lui que de son frère, comme Gio l'est plus de Marco. Et je ne doute pas que le Taré a dû discuter avec mon meilleur ami.

Pôle Position - Vacanza tome 4.5 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant