13 Recherches

107 21 7
                                    

Luca

— Marco !
— Marco !
— Marco !

On l'appelle depuis une bonne dizaine de minutes, mais personne ne répond. Comme quelque chose qui tournerait si vite qu'il finirait par devenir invisible, mon cœur bat si fort que je ne le sens plus. Le temps est une véritable catastrophe. En passant par tous les orifices, le blizzard me glace le sang et me donne des frissons malgré ma grosse écharpe, mon bonnet et mon manteau. Il vente et il neige tellement qu'on ne voit pas à dix mètres. Il n'est que quinze heures, et pourtant, l'absence totale de lumière nous fait croire à une heure tardive de soirée.

— Vous avez des nouvelles ? demandé-je en criant aux mecs devant moi.
— Non, me répond Gio, aucun signe et aucun message des filles.
— Putain !

Je donne un coup de pied dans une motte de neige, mais j'ignore s'il y avait que de la neige là-dedans car je me suis fait un mal de chien. Mon pied me lance, c'est comme si des milliers de lames me le perfore, mais j'oublie la douleur et continue de marcher lentement en priant pour que je retrouve mon frère. Gio et Andrea sont devant, l'un allant plus à gauche, l'autre plus à droite.

— Marco, putain répond !

Je boite, chaque pas que je fais me fait un mal de chien, mais j'y pense le moins possible. Mais bordel, il y avait quoi dans cette motte de neige ? Ce n'est pas le moment de se blesser ! Le pied, en plus! Si je décide de continuer, comment je vais faire si je ne peux pas piloter pour les premiers grand prix ? Quel karma de merde ! D'abord je m'engueule avec Marco à propos de la suite de ma carrière, ce qui crée un froid entre nous, ensuite il disparaît dans la tempête après une dispute avec Chiara, sans doute liée à cette tension entre nous, et maintenant je me blesse au pied ! Parce que je me suis blessée. Je ne suis pas médecin, mais je le sais, j'ai trop mal pour qu'il n'y ait rien. La douleur met encore plus mes nerfs à vif. Je vais finir par péter un câble. Jusque-là, j'ai réussi à garder mon calme malgré la tête de con de Marco et de son refus de me parler, mais si ça ne s'arrange pas très vite, je vais vraiment péter un plomb.
Des larmes se forment sous mes yeux, j'ignore si c'est le craquage, la peur et l'angoisse qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave, ou bien le vent qui fouette mon visage. Peut-être bien tout ça en même temps. Marco bordel, où es-tu passé ? Mais quel abruti de s'être tiré par ce temps ! Comment il a fait pour sortir sans qu'on le voit ? Quand il est énervé, ce n'est pas le plus discret des hommes !
OK, calme-toi et concentre-toi, Luca. Réfléchis. C'est ton jumeau, tu le connais par cœur, pense aux endroits où il aurait pu aller s'abriter.
Oui, s'il a pensé à s'abriter... Si ça se trouve, il est en train de se transformer en glaçons !
Non, ne dis pas n'importe quoi ! Il est irréfléchi, mais pas débile.
Je contrôle ma respiration qui s'emballe de plus en plus, puis je porte une main à mon cœur qui me fait mal, mais ça passe très vite. Je ne vois plus Andrea et Gio devant moi, mais je les entends appeler mon frère. On devrait rester grouper, avec ce temps c'est facile de se perdre, mais nous séparer nous permettra de le trouver plus rapidement.
Je sors mon téléphone de ma poche de blouson et tente de l'appeler. Ça sonne... ça sonne... ça sonne... mais ça ne répond pas. Je verrouille mon portable, énervé et au bord de l'explosion. Peu importe le temps que ça nous prend, je ne rentrerai pas avant de l'avoir retrouver.

— Marco ! l'appelé-je. Sérieusement réponds !

Evidemment, seul le vent me répond. Je sors donc une nouvelle fois mon téléphone et lui envoie un message.

[Je t'en supplie, si tu reçois ce message réponds-moi, on te cherche partout !]

La seconde d'après, mon téléphone vibre, mais ce n'est pas Marco, c'est Chiara. Je plisse les yeux pour lire ce qu'elle m'écrit, c'est compliqué avec les flocons qui se posent sans cesse sur mon écran.

Pôle Position - Vacanza tome 4.5 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant