Chapitre 8

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Le mardi a toujours été synonyme de bonne journée pour moi : je n'avais pas cours ce jour là, mes parents ne travaillaient pas, un parfum de crêpes et de thé embaumait la maison et je pouvais m'amuser dehors avec Max.

C'était pendant une chaude journée d'été. Max et moi étions assis sur le muret qui longeait la grande place. Il avait 17 ans, et je venais à peine d'en avoir 13. J'avais grandis à ses côtés, c'était mon meilleur ami, et mon premier amour. Pour être tout à fait honnête, j'avais commencé à avoir des sentiments pou lui un an auparavant. Avec sa peau bronzé et les muscles qu'il avait gagné pendant l'été en travaillant dans le champ pour aider sa mère, il était vite devenu le garçon le plus convoité du village. Pendant la saint-valentin, il avait même reçu une lettre de Suzie, la fille du maire. J'avais pensé à en écrire une, mais mes parents n'avaient pas d'argent pour m'acheter de jolies feuilles avec pleins de jolis dessins dessus comme elle, alors j'ai laissé tomber.

Ce jour là, il m'avait annoncé qu'il avait encore raté une de ses prises de sangs, et il était sortit de chez lui pour éviter les cris de sa génitrice. Il était vêtu de son jean bleu tout troué et d'un t-shirt délavé. Ses cheveux blonds étaient décoiffés comme à son habitude, et j'admirais ses yeux bruns pétillants de vie et de malice.

" Mais pourquoi tu les rates à chaque fois ? je lui ai demandé.

- Parce que je veux pas être un soumis. C'est mon corps et mon sang, je ne vois pas pourquoi est-ce qu'ils se réservent le droit de nous le voler comme ça, sa réponse était pleine d'une détermination que je lui connaissais bien. Max avait toujours été très casse-cou et ingérable. Plus petit, il aimait défier les plus âgés, et il était si imprévisible que sa mère avait essayé de le confiner à la maison des dizaines de fois. C'était inutile, Max était un jeune garçon rebelle et il adorait ça : cela lui permettait d'avoir l'occasion de transgresser des règles en faisant le mur. Malheureusement, son tempérament de feu avait finit par lui coûter la vie.

- Mes parents m'ont dit que c'est très dangereux, et que tu pourrais mourir si tu continue de désobéir comme ça, je soupirais, inquiète pour celui qui faisait à cette époque battre mon coeur.

- Je sais ce que je risque Alyah, je sais, il essayait de paraître sûr de lui, mais ses mains s'ouvraient et se fermaient convulsivement, geste qui trahissait sa nervosité. Je le savais, parce que j'avais le même tic. La seule perspective de ne plus l'avoir un jour à mes côtés me terrifiait, et il confirmait mes pires soupçons en paraissant si stressé.

- Tu me promets de rester avec moi pour toujours hein ? je m'exclamais soudainement, et il se tourna vers moi, un grand sourire plaqué sur le visage.

- Bien sûr !s'écria-t-il comme si c'était une évidence, et il ébouriffa mes cheveux en riant, sûrement pour me rassurer. Je détestait son attitude de grand frère avec moi, j'aurai aimé qu'il me voit comme une jeune femme attirante, pas comme une gamine. Plus tard, j'ai finalement appris à chérir tous ces moments d'affection.

- Promis ? je lui présentais mon auriculaire, et il enroula le siens autour.

- Tu sais bien que je ne brise jamais mes promesses."

Je souris à travers mes larmes, le regard perdu dans le vague face à ce souvenir. En repensant à mon amour si innocent pour lui, je ne peux empêcher un rire amer de m'échapper : il a toujours été mon seul repère, son rire allégeait mes peine et je voyais déjà ma vie future avec lui dans ce petit village que je ne pensais pas quitter un jour. Parfois, j'entends encore sa voix et m'attends presque à le voir apparaître au détour d'un couloir quand mon moral est au plus bas, en s'écriant " tu vois, je ne t'ai pas abandonnée, je suis toujours là !" de sa voix éraillée et enthousiaste.

ALCARIA ACADEMYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant