The moral of the story

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(Hello !Si vous aimez lire en musique, je vous conseille « Dance Monkey » de Tones and I et «  The moral of the story » de Ashe ;))

La soirée vient à peine de commencer et un drame se déroule déjà à quelques mètres de moi .

Je ne comprends pas grand chose , tout ce que j'arrive à voir ce sont deux asperges qui se tapent dessus avec leur sac à main .
Elles braillent si fort qu'on n'entend presque plus la musique pourtant assourdissante . Je regarde tout autour de moi à la recherche d'une issue avec une fenêtre si possible.
C'est dingue ce qu'on étouffe ici !

J'aperçois enfin une porte près de la piste de danse abandonnée. Les spectateurs de la bagarre sont les seuls obstacles me séparant de cette porte de sortie.
Pas le choix.
Je m'élance et me fraie un passage comme je peux .

Soudain , au milieu de la foule , je crois l'apercevoir et je me prend de vertiges devant ce que je crois être une hallucination .
En même temps , c'est vrai que cette année, Daniel est devenu peu à peu un fantôme pour moi .

Après la mort de son père et de sa sœur dans un incendie , le garçon solitaire et sarcastique que j'avais appris à aimer s'est transformé en un Don Juan fêtard et caractériel que je ne reconnais plus .
Même si le drame avait bouleversé tout le quartier , je pensais qu'au moins nous resterions soudés.

Si j'avais su !

Ça doit bien faire six mois que l'on ne s'est pas adressé un regard. Pas une fois.... jusqu'à ce soir...

Daniel qui se dirigeait vers la même porte que moi , a déjà atteint la poignée mais bizarrement , il s'arrête juste devant la porte sans la franchir . Je retiens ma respiration alors qu'il se retourne lentement vers moi .

Son regard me cherche puis me trouve et ne me lâche plus pendant plusieurs secondes.
J'ai l'impression que cette scène est hors du temps mais Daniel finit par actionner la poignée et disparaître.

Je joue des coudes pour le rejoindre, je n'ai aucune envie qu il m'échappe.
Pas cette fois .
Je rentre à mon tour dans la pièce espérant juste que ce ne soit pas des toilettes .
Heureusement pour moi , ce n'est pas le cas , il s'agit d'une chambre aux couleurs pourpres donnant sur un balcon.

Je le trouve adossé à la rambarde , les yeux clos .
En me rapprochant, je me rend compte d'à quel point cette année l'a changé :
Ses boucles brunes ont bien poussé et atteignent déjà la base de son cou . Et si je me souviens bien , il n'avait pas ce début de barbe l'année dernière.
Il a beaucoup grandis aussi et m'a finalement dépassé. Je savais que ça arriverait un jour , je l'espérais d'ailleurs...

En passant la baie vitrée , le froid me frappe au visage. Je m'y engouffre avec plaisir et le rejoins en m'accoudant à la rambarde à quelques centimètres de lui .

D'ici je peux sentir son odeur . Je suis tellement heureuse qu'elle , elle n'ait pas changée .
Toujours la même senteur de pin et de café .
Je m'en replie les narines sans discrétion.
Mon reniflement perce le silence de la nuit tandis que je ferme les yeux à mon tour , le visage tourné vers le ciel .

-Tu m'espionnes ?

Je le retrouve enfin !
Ce sens de l'humour affuté et tranchant, « à la Daniel » comme on le surnommait sa famille et moi .
A mon tour de lui montrer que mon sens de la répartie ne s'est pas émoussé avec le temps .

- Je serais un bien piètre espion si je m'installais à deux pas de ma cible , tu ne crois pas ?

Son léger rire me fait frissonner, j'ouvre un œil pour capturer cette expression si rare que je n'ai pas eu le bonheur de contempler depuis bien trop longtemps .
Trop tard , il a déjà repris son sérieux et me fixe maintenant de ses yeux verts insondables.

The moral of the storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant