Double jeu & amour interdit

Chapitre 16

-24 décembre 2019, Steve-

Je tape mon poing sur le bureau de ma banquière qui semble ahurie par mon comportement. Je passe mes mains dans mon visage et m'excuse immédiatement.

- Ce n'est que 100 dollars. Je vous en supplie. Je demande.

- Au vue de votre compte en banque, vous ne pouvez pas faire un emprunt de 100 dollars, Monsieur Rogers. Il vous reste encore un mois de loyer à payer, et le reste de vos frais d'inscription.

Je soupire une énième fois... Je suis complètement à découvert, et je croule dans les dettes. Il me reste, comme l'a indiqué ma banquière, un mois de loyer à payer, encore quelques dollars de frais d'inscription à l'université... Je ne sais plus quoi faire.

- Ecoutez... Nous sommes le 24 décembre, il est actuellement 18h03, et je n'ai toujours pas de cadeaux pour mon petit-ami et ses filles... S'il vous plait.

Je passe mon premier Noel en compagnie de quelqu'un que j'aime beaucoup et je n'ai même pas de quoi lui offrir un cadeau... La banquière regarde l'écran de son ordinateur, puis me regarde à nouveau, avec de la pitié dans ses yeux.

- Je suis désolée Monsieur Rogers, mais je ne peux pas en faire plus.

Je lui lance tout de même un sourire, car cette pauvre femme n'y peut rien, puis je sors de la banque, énervé. Putain... Comment je vais faire ? Tony va m'en vouloir, il va me quitter, et je vais passer pour le boulet de service, qui est à découvert. Tous les amis de Tony sont plein au as, et j'ai tellement l'impression de faire tâche parmi eux... Et j'ai peur que Tony pense que je suis avec lui pour son argent, alors que c'est totalement faux... C'est bien tout le contraire.

- Steve ?

Alors que je m'apprête à sortir une clope de ma veste, Natasha, l'amie rousse de Tony, m'interpelle. Elle est accompagnée de son mari, ou son compagnon, le docteur Banner, il me semble. Avant que les deux s'approchent de moi, j'essuie les larmes qui ont coulé auparavant.

- Bonsoir. Je dis en souriant.

- Comment vas-tu ?

Je dois sincèrement répondre à cette question ? Non, parce que moralement et financièrement, je suis à la ramasse... Je ne vais pas leur parler de mes problèmes d'argent, car ils risquent de se moquer de moi, et je n'ai pas envie de ça, à cet instant précis.

- Tout roule. Et vous ça va ?

- Super bien. Tu passes Noel chez Tony, alors ?

Oui, même que je n'ai pas de cadeau... Je devrai probablement arrêter de me torturer l'esprit avec ça...

- Oui.

- Amusez-vous bien. A bientôt. Dit-elle en souriant, aux bras de Banner.

Le couple s'éloigne de moi, tandis que moi, je pars de l'autre côté, pour rejoindre la maison de Tony. J'ai peur de lui faire face, et de lui avouer que je n'ai aucun cadeau. Que ce soit pour lui, et pour ses filles. Si ça se trouve, il m'a fait un énorme présent, alors que je n'ai rien... Je n'ose même pas y penser. C'est une honte pour moi...

*

Je regarde Tony, Clara et Flore, rirent ensemble, en racontant des anecdotes de leur enfance... Tony ne s'est pas foulé niveau vestimentaire... Il a sorti un jogging gris, et c'est tout. Les filles, c'est pareil. Elles sont en pyjamas rose d'hiver, avec des pantoufles. Vous me direz, je suis également en jogging. Bon, au moins, je porte un tee-shirt.

- Les filles, il est minuit. Le père Noel va bientôt arriver, alors au lit ! Dit Tony en rigolant.

- J'ai hâte de voir ce qu'il m'a apporté ! Crie Flore en sautillant.

Je me sens tellement coupable de ne rien lui offrir. J'ai été pensif pendant tout le repas, et Tony n'arrêtais pas de me regarder... Il a dû remarquer que je n'étais pas concentré.

- Bonne nuit Steve. Me dit en Flore en posant ses lèvres sur ma joue.

- Bonne nuit princesse.

Clara, elle, me fait un clin d'œil, et les deux sœurs filent dans leurs chambres. Pour éviter les questions de Tony, je tente de le fuir en voulant monter les escaliers, mais sa main empoigne le tour de la mienne, et il m'entraine dans la cuisine.

- C'était si dégueulasse que ça mon repas ?

- Non, c'était super bon.

- Tu as fait la gueule toute la soirée. J'ai fait quelque chose de mal ?

Je n'arrive même pas à le regarder droit dans les yeux... Comment je vais lui dire que je suis complètement fauché et que je ne peux même pas lui prouver que je l'aime ? Je n'y arriverai pas.

- Dure journée. Je suis fatigué.

Je suis contraint de lui mentir. Si je le regarde droit dans les yeux, je risque de m'effondrer en larmes, et je ne veux pas de cela...

- Regarde-moi.

Je baisse de plus en plus la tête, pour qu'il évite de voir mes larmes couler. Il prend mon menton de son index, et me force, désespérément, à affronter son regard.

- Je suis fauché... Je ne peux même pas t'offrir un cadeau... Ni à tes filles... Demain on va chez tes parents, je vais venir les mains vides, juste parce que je n'ai pas une thune...

- Je n'ai pas besoin de cadeau, Steve. Et mes filles non plus... Tout ce qu'elles veulent, elles l'ont dans les heures, ou les jours qui viennent. Le plus cadeau que tu puisses me faire c'est ta présence ici.

Je suis soulagé que Tony le prenne aussi bien mais d'un côté, je me sens tellement coupable... Il y a des années, je roulais sur l'or... Aujourd'hui, mes parents ne me parlent plus, ils m'ont coupé les vivres, et je n'ai plus aucune thune sur mon compte... Quelle vie de merde. Heureusement, Tony est dans ma vie, et il m'aide à faire face à cette situation.

- Je suis désolé...

- Tu n'as pas à l'être. Je ne suis pas avec toi pour avoir des cadeaux. Je suis avec toi parce que je t'aime, Steve.

Je plonge ma tête dans son cou, puis Tony passe sa main dans mes cheveux. Je ne peux même pas lui dire que je l'aime, car cela reste bloqué, depuis ma relation avec Buck... Mais au fond de mon cœur, je sais que je l'aime. Même si je ne lui dis pas.

- Merci d'être dans ma vie, chéri. Je lui susurre à l'oreille.

Si Clara n'avait pas proposé son aide, et si Tony n'avait pas dit à la proposition de sa fille, je serai probablement à la rue, totalement fauché, en train de mendier à des passants. Mais, dieu merci, ils ont été là, plus que n'importe qui.