Chapitre 3

445 45 13
                                    

PDV Eren - 29 février 2020

Je soupirai en regardant l'écran de veille de mon portable. C'était une photo de nos déguisements d'Halloween. On avait 15 ans là dessus. (Média) On avait décidé de se déguiser en Pokémon, mais pas n'importe lesquels. On avait choisi les évolutions d'Évoli. Du coup, je me suis retrouvé en Pyroli et Levi en Noctali. Je me souviens de cette journée comme si c'était hier. J'avais eu l'irrésistible envie d'embrassé mon Lili, mais je m'étais retenu au risque de me prendre un coup dans le ventre.

J'éteignis mon écran et fermai les yeux. Levi dort à poing fermé, notre froid est toujours d'actualité et malheureusement, je n'ai rien à me reprocher. Je sais bien qu'il a 18 ans et qu'il a une vie sexuelle, mais ça me fait mal quand même de savoir qu'il a couché avec des gens. J'aime Levi depuis que j'ai 10 ans et j'ai toujours cru que je serais le premier... le fail que je me suis mangé dans la gueule. Faut croire que je me suis crée un conte de fée.

J'essuyai les quelques larmes qui roulèrent sur mes joues et souffla un bon coup. Si Levi voyait ça, il se dirait sûrement que je suis un gamin pleurnichard, pitoyable qui ne mérite rien de mieux que de finir sa vie seul et puceau. Bon, j'exagère peut-être un peu, mais voilà quoi ! C'est un coup dur d'apprendre que le mec que tu kiffes depuis 8 ans ne t'aimera jamais comme toi tu l'aimes.

- Fait chier ! Criai-je presque en balançant mon oreiller.

- Mais ta gueule putain ! Répliqua sèchement une voix endormie en me relançant mon oreiller. Dors au lieu de gueuler à 1h20 du mat.

- Désolé... Je voulais pas te réveiller.

- Ouais bah trop tard maintenant, répondit Levi en allumant la lampe sur sa table de nuit.

Il bailla en se frottant les yeux, puis me regarda un moment avant de s'assoir. Un silence lourd, très lourd était présent jusqu'à ce que Levi le brise.

- Désolé pour hier, je voulais pas te paraître brusque. Si tu veux savoir, j'ai...

- Non, c'est bon, le coupais-je. T'avais raison de dire que ta vie sexuelle ne me regardait pas et puis j'ai pas envie de savoir avec qui t'as couché, finis-je en souriant faussement pour cacher ma déception et ma tristesse.

Seulement, malgré tous mes efforts pour lui faire croire que ça ne m'atteignait pas, ma voix n'avait pas su suivre et c'était brisée en plein milieu de ma phrase, remplissant mes yeux d'eau salée qui glissa rapidement en petites perles sur mes joues.

- Eren...

Levi se leva et me pris dans ses bras, me serrant fortement contre lui. Je le serrais à mon tour, ne cessant pas pour autant de pleurer. Je ne pleurais pas pour une seul raison, mais pour plusieurs. Je pleurais de peur qu'il ne m'aime jamais. Je pleurais de peur qu'il comprenne mes sentiments à son égard. Je pleurais de peur de le perdre. Je pleurais de peur qu'il m'abandonne. Je pleurais parce que je l'aimais tellement que ça me faisait mal. Je pleurais parce que c'était mon meilleur ami et rien de plus. Je pleurais simplement tous mes sentiments, espérant endiguer la douleur que je ressentais chaque fois que je posais mon regard sur lui.

« Je t'aime Levi ! Je t'aime alors ne me laisse pas, ne me remplace pas. Reste avec moi, pour toujours ! Soit l'homme qui me dira: « Oui » quand, un genoux à terre, je te demanderais de porter mon nom. Soit l'homme qui se tiendra à mes côtés devant l'autel, soit l'homme qui dira: « Oui, je le veux » quand le prête te demandera si tu veux m'épouser, soit l'homme avec qui je vais vieillir et mourir. Soit l'homme avec qui je partagerais tout. Soit juste... mon homme, mon amour, mon bonheur autant que ma peine, mes rêves et mes cauchemars, ma vie toute entière ! Je t'aime Levi alors, je t'en pris... laisse-moi te montrer ses sentiments qui me blessent autant qu'ils me guérissent. Laisse-moi te montrer la beauté de l'amour que je te porte, même pour quelques heures. Laisse-moi te prouver la valeur de ses sentiments dont tu ne connais point l'ampleur. Laisse-moi une seule chance de te montrer que je t'aime... »

À ce moment là, c'est ce que j'aurais voulu lui dire, mais la gorge nouée par mes larmes et mes sanglots, seul de bref gémissement rempli de douleur sortait. Quand à Levi, il se contentait de me serrer contre lui dans le plus grand des silences, ceux-ci déchirés par les gémissements et les sanglots que je laissais m'échapper.

Ce ne fut qu'au bout d'une bonne vingtaine de minutes que mes larmes se calmèrent enfin. Le chandail de Levi était en piteux état, mais je ne le lâchais pas. J'avais besoin de le tenir fermement contre moi. J'avais besoin de savoir qu'il était là, quoi qu'il arrive.

- Tu te sens mieux maintenant ? Demanda-t-il en se décollant pour me regarder.

- Oui, désolé. J'avais un trop plein d'émotion, répondis-je en essuyant mes yeux rougis par les larmes.

- Ne t'inquiète pas, ça peut arriver à tout le monde.

- Dis... On reste ami quoi qu'il arrive n'est-ce pas ?

- Mais oui ! Bien sûr que si ! Pourquoi tu poses la question ?

- Pour rien, j'avais juste besoin d'être rassuré, murmurais-je faiblement, tombant désormais de fatigue.

- Repose-toi maintenant. On reparlera de tout ça plus tard.

- Oui...

Cette nuit-là, Levi avait vu l'une des facettes que je tenais à cacher. Celle de ma grande sensibilité, mais heureusement, n'avait aucune idée de se qui avait causé ma crise de larme.

Depuis l'enfance... jusqu'à maintenant [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant