Chapitre 10

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J'ai si mal sans savoir réellement pourquoi. On m'en a dit des choses pourtant mais ce qu'elle vient de me dire est tellement faux. Pourquoi suis-je tant attachée à ce qu'elle me voit comme je suis véritablement ? Et qu'elle passe outre cette carapace qui se leurre dans le monde de la nuit. Je retourne dans la boîte. Je suis gelée, je suis sortie sans rien sur le dos.

- Ça va ma puce ? T'as déconné là.

- Je sais... Après tout elle a peut-être raison sur ce que je suis.

- J'imagine le discours oui, et non tu es juste perdue.

- Non j'ai l'impression de m'être retrouvée mais je l'ai perdue.

- Ce n'est pas parce tu as retrouvé ta libido que tu te sens revivre.

- Camille...

- Écoute-moi, je te connais par cœur, tu as trouvé quelqu'un qui te touche et que tu as envie de découvrir mais tu n'es pas habituée. Ton credo c'est le sexe sans encombre mais assume que tu puisses vouloir autre chose et ne va pas transformer tout ça en merde. Arrête de choisir la facilité bordel !

- Mmh...

Je ne sais pas quoi répondre, mon coude soutient mon crâne. J'ai les yeux dans le vague. Elle a vu juste mais j'ai toujours fonctionné ainsi. Jamais une femme n'est tombée amoureuse ou ne s'est intéressée sincèrement à moi pour autre chose que l'aspect charnel.

- J'ai tout gâché...

- Demain 11h ! T'as intérêt.

Elle me tend un bout de papier.

- Mais elle ne veut plus entendre parler de moi.

- On a parlé de toi un peu et d'elle aussi donc ne me contredis pas. Elle va te tomber dans les bras. Et au fait... Même pas en rêve tu y penses !

- Non non t'en fais pas je ne l'envisage même plus.

- Ouais ouais, allez Cali tu aimes cette fille.

- J'ai jamais dit ça, ça va pas, je ne la connais même pas.

- Et alors ? J'ai raison.

Je n'ajoute rien et passe derrière le comptoir pour lui faire un bisou. Je récupère mes affaires et me dirige vers la sortie. Je remarque Vanessa qui me toise au loin. Peu importe.

Cette nuit je n'arriverai pas à dormir, je décide de parcourir la ville. Je ne risque pas grand-chose je ressemble à un mec accoutré ainsi... Un gigolo... Je regarde l'adresse que Camille m'a passé et choisis de m'y rendre. Ça n'a rien à voir avec l'endroit où je l'ai déposée la veille. Je ne connais même pas son nom... Alors comment savoir où sonner ? Je les examine un par un et en cherche qui auraient une consonance hispanique. Mais rien ne correspond... Ah il est beau le métissage ! Ça ne m'arrange pas. L'heure passe. Je me suis assise sur un vélo'v. C'est le plus confortable que j'ai pu trouver. Ce que je peux me faire chier. Deux ou trois mecs chargés de livraisons m'ont demandé si j'ai du feu sinon calme plat.

J'ai le temps de réfléchir à ce qu'il m'arrive. J'attends désespérément une fille que j'ai rencontré hier enfin avant-hier. Tout ça dans l'espoir de me faire pardonner mon comportement de cette soirée. Comportement qui serait inacceptable dans le cas où j'aurais des comptes à lui rendre. Qu'est-ce-que je fiche encore là ? Est-ce possible que Camille ait raison ? Salma a éveillé en moi le désir certes mais elle n'est pas faite pour moi... Désolant constat. Elle mérite tellement mieux. Je ne sais comment faire. Quand j'ai essayé d'avoir une relation sérieuse ça a foiré et pas qu'une fois. J'imagine que je suivrais le même schéma, une fois y avoir goûté je m'en lasserai très vite. Les femmes n'ont été pour moi qu'un produit de consommation... C'est tellement plus simple de ne pas avoir de compte à rendre, de ne pas souffrir d'une trahison, ou pire encore, de l'amour de l'autre qui s'épuise à votre contact. Je ne veux plus connaître tout ça ou même plus dur à supporter. L'Amour n'est pas pour moi.

Fortuitement vôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant