Elle se retourne et met ses bras autour de mon cou en approchant ses lèvres des miennes. Le feu brûle dans mes pupilles.
- Vanessa. C'est quoi ton nom à toi?
- Tu ne veux pas le savoir.
Elle rit et m'embrasse fougueusement, je réponds en laissant s'entrouvrir ma bouche et en plaçant mes mains pour attirer ses hanches vers moi. Le manège dure un petit temps puis on s'écarte un peu l'une de l'autre. Elle prend ma tête entre ses paumes et la dirige vers ses seins très généreux. Ses doigts s'insinuent dans mes cheveux pour retirer doucement ma tête et me demander:
- Chez moi?
Je vais pour acquiescer quand j'aperçois Salma outrée. Merde... Je l'avais oubliée. C'est pour elle que je venais à la base. La blonde se rend compte que je ne suis plus avec elle et repère celle pour qui j'ai mis mon élan de côté. Elle me fait la regarder dans les yeux.
- Non c'est moi que tu as choisi, alors chez moi ou ailleurs?
Je ne l'écoute plus et reporte mes yeux sur Salma mais elle a disparu. Camille me fait signe qu'elle est partie par la porte de secours.
- Désolée, c'était une erreur Vanessa.
Mon corps crie sa frustration. Après tout, j'aurais pu le satisfaire et m'occuper de ça ensuite. Une claque intérieure, c'est ma raison qui me ramène sur Terre et me remet les idées nettes. Je me mets à courir pour rattraper Salma... Où a-t-elle bien pu aller ? Heureusement pour moi à gauche c'est une impasse. Au bout de la rue je finis par la voir sur la droite tourner à l'angle d'un café fermé. Elle marche vite... très vite et moi je cours toujours à en cracher mes poumons. Merde je ne la vois plus, je cesse ma course quand je me retrouve à un croisement. Je mire de tous les côtés.
- Salma.
Ma voix résonne dans les rues et s'étouffe pour laisser le bruit des moteurs de voitures prendre le dessus. Des talons claquent au loin sur ma gauche. Je me remets à courir et je l'aperçois faire de même.
- Salma attends !
Je suis à bout, je n'ai plus de salive mais je n'abandonne pas. Elle tombe, merci mon dieu, oui je sais ce n'est pas glorieux mais je n'aurais sans doute pas tenu encore longtemps.
- Sal...
- Casse-toi !
Elle me coupe sec, je suis étonnée. Je vais pour l'aider.
- Ne me touche surtout pas ! Et puis qu'est-ce-que tu fous là ? Dégage !
Elle commence à me hurler dessus. Je reste muette.
- Bah alors quoi ? Dégage je te dis, je ne veux plus te voir, t'as saisi là ? Va retrouver ta pute !
Je sens que j'ai froid d'un coup. Je lui attrape le bras sans ménagement et la soulève. Elle rompt mon emprise en deux secondes.
- Putain de cheville !
Elle sort son mobile et appelle un proche apparemment.
- T'es toujours là ? En fait t'as jamais changé ! Tu m'as menti. Tu voulais quoi de moi, tu veux quoi ? T'es qu'un gigolo dans le fond sauf que tu te fais même pas payer c'est pire.
- Stop ! Mon ton se veut sévère et sans équivoque. C'est quoi cette crise que tu me fais là ?
- Je te fais pas de crise.
Elle détourne la tête en croisant les bras.
- Tu plaisantes ?
- Non... Pourquoi elle ? Pourquoi tu m'as dit que tu avais changé ?
- Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps, je ne sais pas trop pourquoi... crois-moi.
- Je ne te crois pas ! Sa voix est nerveuse, et des larmes perlent sur ses joues.
- Pourquoi tu réagis comme ça ?
- Parce que je suis peut-être amoureuse de toi abrutie...
Ses mots sont francs, elle éclate en sanglots.
- Je...
- Non surtout ne dis pas ça. Tu devrais y retourner.
- Arrête avec ça, je suis là, avec toi pas avec quelqu'un d'autre.
- T'as failli la baiser sur place ! Hurle-t-elle.
- Je... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je pense que tu as éveillé des choses en moi.
- Non mais tu te fous de ma gueule là ? T'es en train de me dire que c'est de ma faute si t'allais te taper c'te blondasse ?
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, tu ne comprends pas...
- Non ! Et je ne veux pas comprendre ni écouter tes inepties. C'est mon père.
J'avais déconnecté et zappé que quelqu'un venait la récupérer.
- Je sais à quoi m'en tenir maintenant.
Dans ses pupilles de charbon je lis tout le dégoût, la déception et la haine qu'elle me porte à présent. Elle n'a plus ce regard qui me captivait et m'invitait à la connaître davantage.
- Tu te trompes...
Mes mots s'étranglent dans ma gorge alors qu'elle monte dans la berline.