Chapitre 13

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Elle me fixe avec insistance maintenant que tout est sorti.

- Je ne voulais pas te faire de mal... J'ai été sincère avec toi. Je peux dire que tu te trompes sur moi. Ce n'est pas ma nature profonde. Il est vrai que j'aime les femmes et le sexe mais j'aspire à autre chose et...

Elle me coupe.

- Alors pourquoi tu étais avec l'autre ?

- Écoute-moi, je t'assure que ce n'était qu'un automatisme regrettable, j'étais venue pour toi ce soir-là. Comme je ne t'ai pas vu et qu'au fond de moi je rejetais l'évidence. Celle du pourquoi je me sentais bien, j'ai foncé droit dans le mur en trouvant tous les prétextes pour me voiler la face. Quand j'ai vu ta déception ça m'a déchirée. J'ai regretté mon comportement puéril. J'ai tellement envie d'apprendre à te connaître sans agir comme un mufle. J'aimerais que tu me laisse une chance parce que tu es loin de me laisser indifférente. Tu es la seule pour qui j'ai agi ainsi jusqu'à présent.

- Vous voulez boire quelque chose ?

- De l'eau et pour les menus, deux formules Penjab et ce sera tout.

Elle insiste sur le dernier mot, ça me fait sourire.

- Tu choisis à ma place ?

- On parle ! Tu mangeras bien ce qu'il y a. Et ne commence pas à m'embêter, tu vas aimer c'est très bon je prends toujours ça !

- Je n'ai pas vraiment faim... j'aimerais rentrer.

Ses yeux se baissent.

- C'est vrai que tu dois être fatiguée, tu es à pieds en plus, tu veux que je te raccompagne ?

- T'as une voiture ? Je ne pensais pas que...

- J'ai mieux ! Un scooter ah, ne me regarde pas comme ça, je maîtrise parfaitement l'engin. Alors tu veux ?

- Pourquoi pas, dis-je en soupirant, ce qui me vaut d'être poussée.

- Maintenant ?

- On a commandé...

Empruntée de devoir quitter la table ainsi, je sors un billet de cinquante euros et le pose sous un verre. Bouche-bée elle me redemande mon métier ce à quoi je réponds que je suis dans le marketing. C'est vaste comme ça et ça coupe court. Elle attrape son manteau en me passant le mien et nous sortons en direction d'un parking sous-terrain. Je suppose que son deux-roues doit y être, bingo.

- Dis Cali tu ne préfères pas conduire?

- Hein ? Et qui te dit que je sais manœuvrer ta chose ?

- Ça se voit !

Elle s'approche de moi en virevoltant.

- Dans tes yeux on aperçoit la fougue de la vitesse, toi sur un bolide habillée de cuir.

Elle se retrouve à ma hauteur.

- Là tu fantasmes.

- Un peu mais je sais que tu manies très bien le guidon, je le sens !

Je suis hilare, je prends les clés qu'elle me tend et me dirige vers le box qu'elle pointe du doigt.

- Ah ouais quand même, t'avais pas plus girly que ça ?

- Oh ! Il roule très bien et c'est ce qu'on lui demande avant tout non ? Puis c'est un cadeau de papa.

- Ah bah si c'est un cadeau de papa alors... me moquais-je.

- Monte !

- Qui ? 

- Ahah ! Arrête de fanfaronner veux-tu, je croyais que tu étais épuisée.

- Pas pour tout, m'offusquais-je faussement.

- Je rêve.

J'allume l'engin et le laisse tourner un peu à vide. Je présume que les casques sont sous la selle et en passe un à Salma qui me remercie. Équipée je monte et invite ma partenaire à prendre place. Elle s'agrippe automatiquement ce qui crée en moi une tension et une chaleur diffuse. Elle me parle mais je ne distingue pas parce que nous roulons. Au feu je lui demande de répéter mais elle me suggère de laisser tomber. Dommage. Nous arrivons à destination. Comme je rêve d'une bonne douche et de mon lit salvateur malgré qu'une divine créature m'enlace. J'attends qu'elle desserre son étreinte mais elle n'a pas l'air décidé.

- Euh Salma ? Salma !

- T'es malade de rouler aussi vite !

- Je n'ai pas dépassé les 50km/h.

- Ouais bah j'suis pas sûre!

- Bien ne me crois pas mais sache que ton truc violet à fleurs roses est bridé.

- Non elle n'est pas chinoise d'abord !

Je m'interroge faussement, elle est sérieuse ou c'est une blague ? J'ai peur de rire.

- Pourquoi tu fais cette tête ? J'déconne hein.

- J'étais pas sûre.

Je la nargue d'un grand sourire carnassier alors qu'elle enlève son casque et se recoiffe en attendant que je bouge.

- Je sais que tu es subjuguée mais invite-moi à entrer il ne fait pas chaud.

- Mais après vous mademoiselle.

- Hun !

Ce son hautain sort à demi-lèvres et nous fait pouffer. Ce que l'on peut être débile parfois. En tout cas pour l'instant nous sommes sur la même longueur d'onde et je profite de chaque moment.

Fortuitement vôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant