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PARTIE HUIT



NÉNÉ & OZ


00:28



— Vas-y.

— C'était en décembre. Mi-décembre,
environ. C'était mon deuxième
rendez-vous dans le service dermatologique
de l'hôpital. À la base, je venais pour
des problèmes de démangeaisons
intenables au niveau de mes jambes.

— Des démangeaisons ?

— Oui. Pas le genre de démangeaisons
pour lesquelles on peut passer outre.
Ça me grattait jusqu'au sang, au point de m'arracher la peau avec les ongles.
Tu m'aurais donné un cutter,
je me serais probablement écorchée
avec tellement c'était intenable.

Pourtant, rien n'expliquait pourquoi
j'avais de telles démangeaisons.
À l'hôpital, ils m'ont fait faire un bilan
de santé basique. Prise de sang, radio pulmonaire, scanner.

— C'est là qu'ils l'ont découvert ?

— C'est une femme qui m'a appris
la nouvelle. Une dermatologue.
Très gentille. J'étais avec ma mère à ce moment-là.

Au début, elle nous a dit qu'elle avait l'impression que mon cœur était trop
gros sur la radio pulmonaire, mais qu'elle voulait attendre le résultat du scanner pour avancer quoi que ce soit.

On a attendu quasiment toute
l'après-midi dans la salle d'attente.
On ne savait pas trop quoi penser.
À priori, on penchait pour un problème
de cœur, mais on n'osait pas trop imaginer.

Enfin, on est entrées dans son bureau.

Et là, elle m'a dit que ce qu'elle avait
vu sur la radio pulmonaire,
c'était en réalité une tumeur.

Elle était située entre mon cœur
et ma cage thoracique, d'où sa
méprise. Ils ne pouvaient pas poser
de diagnostic précis sans réaliser une
biopsie cardiaque.

Je ne savais pas quel type de saloperie
c'était. Juste que c'était un cancer.

En tout cas, ça ne s'est pas passé comme dans les films.

Dans les films, généralement l'héroïne s'évanouit et les parents se mettent
à pleurer. Ils décrivent ça comme si
le monde s'écroulait, comme si d'un
coup tu commençais à te sentir mal en imaginant que tu allais mourir.

Faux. Moi, je ne ressentais rien du tout.

Je ne me suis pas écroulée, ma mère
n'a pas pleuré et moi non plus. On est
restées comme droguées. On a appelé
mon père pour l'informer et on à quitté l'hôpital.

Dans la voiture du retour, on a pas
énormément parlé, mais je me souviens
qu'elle a insisté pour que je prévienne mes amis.

( Silence )

( Néné allume une cigarette )

— J'ai jamais été très douée pour
annoncer les choses en douceur.
Peut être parce que, personnellement,
je préfère que ce soit rapide, précis,
comme quand on arrache un pansement.
Avec le recul, je me dis que j'aurais pu
leur dire les choses autrement.

La rousse & le blanc-becOù les histoires vivent. Découvrez maintenant