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PARTIE QUATORZE

NÉNÉ & OZ


4:53



— Et le regard des autres,
t'en as pas parlé.

— Honnêtement, les regards de pitié,
c'était vraiment le dernier de mes soucis. Grand bien leur fasse, qu'ils éprouvent
de la compassion, franchement,
qu'est-ce que je m'en fout. C'est trop
facile d'écrire sur ce genre de regards.

( Silence )

— Moi, c'est pas ce type de regard
qui m'a fait souffrir.

Ce qui fait mal, c'est de voir dans les
yeux des gens qu'ils te perçoivent différemment. Tu sais à leurs actions,
leurs paroles, la manière dont ils te sourient,
à la lueur dans leur pupille,
tu sens que quelque chose est différent.

Ce quelque chose, c'est la manière
dont ils te voient désormais.

Ils font attention à ne pas te bousculer,
ils viennent te faire la bise alors qu'avant
ils t'adressaient à peine un "salut", ils font
tous le même petit air gêné avant de te demander comment tu vas. Et tu
vois dans leurs yeux que leur regard
sur toi a changé.

Ce n'est pas de la pitié, ni de la
compassion. C'est juste la manière
dont ils te perçoivent. Tu n'es plus
« une personne », tu es devenue « une personne avec le cancer ».

À force, t'en arrives à te demander si
c'est toi que les gens regardent ou si
c'est plutôt la maladie. À penser, quand quelqu'un s'abonne à toi sur Instagram :
est-ce qu'il veut me suivre parce
qu'il sait que je suis malade ?

Tu peux même pas en vouloir aux gens
d'avoir changé, parce que tu sais
bien très bien qu'ils le font
inconsciemment.

La rousse & le blanc-becOù les histoires vivent. Découvrez maintenant