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PARTIE TREIZE



NÉNÉ & OZ



04:15


— Je viens de me rendre compte
que t'as pas abordé le
sujet de tes cheveux.

Tu les avais perdu ?

— Oui, mais honnêtement,
j'en avais rien a foutre.

( Rires )

— Ça ne m'étonne même pas de toi.

T'avais les cheveux longs, avant ?

— Oui, vraiment. Ils m'arrivaient en bas
du dos, c'était une véritable crinière ! Enfin, avant l'hiver, je les avais coupé
un peu parce qu'ils étaient abîmés.
De la vraie paille.

( Silence )

— Ils ont commencé à tomber après la deuxième cure de chimio.

Tu sais, ça m'a même pas rendu triste.
C'était plutôt... énervant.

— Énervant ?

— Ouais. Je les semais de partout et sur
tout. J'avais l'impression que peu
importe où je posais la main, je me
retrouvais avec des cheveux enroulés
autour de mes doigts. Sur le sol de ma
chambre, mon oreiller, mes pulls...
C'était à la fois dégueulasse et super
énervant t'avoir sans cesse des trucs collés partout. Franchement, c'était agaçant au possible.

Ma mère m'a proposé de m'acheter
une perruque. J'ai accepté, surtout pour pouvoir passer inaperçu si je décidais
d'aller voir mes amis au lycée.

Elle m'a accompagné à la boutique.
Ma marraine était présente aussi,
elle était descendue exprès
pour moi, de Paris.

J'ai pas mis trop longtemps à en
choisir une. Bon, ça rendait évidemment pas aussi bien que mes cheveux naturels.
La couleur était plus foncée,
mais ça passait plutôt bien.

Le coiffeur de la boutique m'a proposé
de me couper les cheveux plus courts
pour éviter d'en mettre encore partout.
Ou même de tout raser, si j'en avais envie.

J'ai décidé de tout rasé. C'était l'occasion.

Il m'a proposé de tourner le siège de
façon à ne pas me voir dans
le miroir. J'ai refusé. Je pensais
être plus affectée que ça, je n'ai
pas ressenti grand chose en
voyant mes cheveux tomber.

Finalement, le plus chiant, c'était de perdre mes sourcils et mes cils, tu sais. Parce que,
mine de rien, c'est ce qui fait ton visage.
Et pour le coup, même dessinés, c'est
voyant et compliqué à cacher.

Pendant cette période, je me trouvais
très moche. Que ce soit mon crâne chauve
ou mes sourcils crayonnés. Moi, je suis un
peu de nature je-m'en-foutiste, alors
quand je me voyais dans le miroir,
je pensais « quelle horreur » puis
je passais rapidement à autre chose.

Mais honnêtement, c'était de loin
l'épreuve la plus facile à passer.

( Silence )

— C'est que des cheveux après tout.
C'est pas cher payé pour continuer à vivre.

La rousse & le blanc-becOù les histoires vivent. Découvrez maintenant