Je porte péniblement mon sac sur les cinq étages d'escalier de l'appartement. Quelle plaie, de ne pas posséder d'ascenseur... Mes semelles claquent sur les marches, l'une après l'autre, et résonnent dans tout l'immeuble, en écho informe. Le bruit ricoche tant que j'ai la sensation étrange que quelqu'un d'autre gravit les marches en même temps, derrière moi...
Je me retourne. Personne. C'est drôle, cette manie qu'on a de se faire des frayeurs tout seul. Je gravis les dernières marches en accélérant le pas.
Enfin arrivé à mon palier. Je frappe à la porte. Le verrou claque. Il m'ouvre.
— Encore oublié tes clés ? dit-il, dégainant à nouveau son grand sourire.
Il a mis son magnifique pantalon noir, qui lui allonge les jambes. Mon cœur recommence à battre la chamade, j'en oublie presque d'acquiescer.
— Merci, Evan.
J'entre. Il ferme, et m'annonce :
— Soirée pizza, ce soir. C'est à ton tour de commander, cette fois.
La perspective de devoir passer l'appel me donne l'envie de m'étaler tragiquement sur le canapé. Je déteste parler à des inconnus ! Mais Evan tient absolument à ce que je le fasse une fois sur deux. Il dit que ça m'entraîne à avoir confiance...
— Oh non, pas encore, je gémis, en posant le dos de la main sur mon front.
Il sourit de plus belle. Ça, c'est le sourire du type "Pas de quartiers !"
— Je termine mon cours, et je te rejoins, répond-t-il.
Il me fait un clin d'œil. Puis il retourne dans sa chambre.
Il m'a fait un clin d'œil.
Et voilà. Me voici reparti pour une nouvelle semaine à repenser à ce clin d'œil, aussi hystérique qu'une collégienne.
Et non, je n'ai pas oublié le e à "reparti". Je m'appelle Alex. Et je suis amoureux de mon colocataire.
VOUS LISEZ
La chose qui frappe aux murs
ParanormaleQue doit-on faire quand on est tombé amoureux de son coloc ? Que doit-on faire quand quelque chose frappe derrière les murs de l'appart sans s'arrêter ? Que doit-on faire quand nos anciens amis imaginaires réapparaissent soudainement... ?