7 : Terreur

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J'allume l'ampoule nue de la pièce, mais je ne vois rien. Rien d'autre qu'un mur qui semble vibrer, à cause des coups que ce je-ne-sais-quoi lui donne.

— Partons, vite, lance Evan.

Ses yeux gris sont embrumés par une tempête. Je ne l'ai jamais vu comme ça.

Il se dirige vers la porte d'entrée, toujours avec moi appuyé sur son épaule. Les bruit ondule, longe les murs, comme un ver enfoui dans la terre qui nous suivrait sous nos pieds...

Les clés d'Evan sont déjà dans la serrure, mais le verrou est actionné. Mon ami tend d'abord le bras vers celui-ci ; le son se rapproche du second interrupteur de la pièce, juste à côté de la porte. Au moment où Evan enlève le verrou, la lumière s'éteint. Nous voilà d'un seul coup aveugles : nous ne pouvons pas retenir nos hurlements. Un cliquetis métallique : Evan s'affole avec le trousseau de clés, s'emmêle les mains. C'est au tour de la porte de trembler, comme si quelqu'un toquait sans s'arrêter. J'implore mon ami de se dépêcher.

— C'est bon, c'est bon, je tourne la clé... Argh !

Son cri retentit dans tout l'appart. Qu'est-ce qui se passe ?! Je tâtonne le mur à la recherche du bouton, espérant ne pas tomber sur le bruit. J'arrive à allumer ! Mais ce que je vois est sidérant : Evan se tient la main en grimaçant de douleur, et les clés ont fondu dans la serrure ! Oui, c'est bien ça, elles ont fondu. Il ne reste plus d'elles qu'une bouillie métallique, avec des porte-clés englués dedans.

Le bruit résonne justement de la serrure, et se dirige à nouveau vers l'interrupteur, qu'il actionne. Nous sommes plongés pour la deuxième fois dans le noir, ce qui nous arrache pour la deuxième fois un hurlement.

— Ça va, Evan ?

— Oui, t'inquiètes, dit-il, mais je devine un soupir de douleur qu'il réprime. Où sont tes clés ?

Le bruit court autour de nous, il nous encercle. C'est une ombre sonore, en deux dimensions, qui danse en rond ... L'appartement s'est transformé en tambour géant.

— Je sais pas, je les ai pas retrouvées depuis ce soir.

— Appelle la police !

 — J'ai pas mon téléphone non plus. Je crois que ce truc l'a pris.

— J'ai encore le mien. Je l'ai posé à charger dans la cuisine.

Evan avance à petits pas. Je le suis, accroché à son tee-shirt. Il touche le bord du canapé, qui lui sert de repère. Un vrombissement soudain, qui s'étire en longueur. Le micro-ondes de la cuisine s'est allumé, baignant la pièce dans la faible lueur orangée qui provient de son ventre. Comment a t-il pu s'allumer tout seul ? Ça ne sent pas bon... Le minuteur indique dix secondes restantes.

Le micro-ondes est branché sur la même multiprise que le téléphone. Evan me lâche. Cinq secondes.

— Je vais le chercher, Alex.

Trois secondes.

— Non, c'est sûrement un piège !

Deux secondes.

Il se jette sur le téléphone.

Une seconde.

Il décroche le chargeur. Il se retourne.

Une seconde.

Il se tourne vers moi.

Ding !

Le four vole dans la pièce, en percutant le dos d'Evan. Les deux s'écrasent sur le sol, et la pièce s'éteint à nouveau.

— Evan !

La chose qui frappe aux mursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant