Chapitre XVIII

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J'étais là, vétue d'une robe blanche, les pieds nus, dans le noir le plus total. Cet endroit ne semblait avoir aucune limite, aucune sortie. Il était sombre, vide et surtout froid. C'était le néant. Devant moi se présentaient plusieurs portes, j'avança doucement en ce lieu hostile. Je me mis devant la première porte et hésita à y entrer, prenant une profonde respiration, j'ouvris la porte d'un coup. Une forte lumière s'y échappa et m'entraina avec elle dans cette mystérieuse pièce. Je me vis alors, plus petite, les cheveux coupés courts tenant la main fragile de ma petite soeur, l'emmenant avec moi faire de la balançoire dans un parc reculé, sous l'oeil bienveillant de ma mère. Ma mère... La lumière me repoussa et je me retrouva de nouveau devant ses portes. Décidant de continuer mon exploration, de ce qui semblait être mes souvenirs, j'ouvris la deuxième porte. Le sol céda sous mon poids, je vis alors mon père me tenant fermement sur ses genoux, alors que je devais avoir à peu près quatre ans, devant un match de football américain. Il me faisait sautiller sur ses genoux quand son équipe préférée gagnait. Devant ce souvenir heureux, je souris malgré moi. Mon corps se fit aspirer vers le plafond quand ce dernier prit fin. Cette fois - ci, j'ouvris la troisième porte avec un petit sourire sur le visage, m'attendant à voir un autre de mes précieux souvenirs. J'avais environ cinq ans, ma mère était devant moi de dos, les bras tendus à l'horizontal comme si elle me servait de bouclier. Me souvenant de cet affreux moment, je perdis mon petit sourire, sachant déjà la suite des événements. J'aurai préféré tout oublier et je ne plus jamais revoir ses images mais ce mystérieux endroit en avait décidé autrement. Tout à coup, des créatures, que je ne connaissais que trop bien maintenant, arrivèrent devant ma mère. Dans mon état second, je lui hurlais de partir, que c'était dangereux. Mais rien à faire, elle restait devant moi le regard sévère jugeant ses êtres obscurs. C'est avec horreur que je vis, pour la deuxième fois de ma vie, ma mère se faire assasinner par une de ces créatures. Privant ainsi ma soeur d'une figure maternelle, d'une personne à aimer... Je vis son corps tomber lamentablement devant la copie de moi même, le sang coulant déjà autour de son corps sans vie. Je me vis alors m'avancer vers le corps, faiblement et caresser les cheveux de ma mère en l'appellant de ma petite voix de cinq ans, commençant à pleurer parce que ma mère n'ouvrait pas les yeux pour me regarder avec tout son amour comme elle le faisait auparavant, me sourire et me prendre dans ses bras pour me serrer de toutes ses forces. Non, j'étais la dans cette ruelle mal éclairée, en pleurs, à côté du corps de ma mère. Me retrouvant une nouvelle fois dans cette nuit noire, sans aucune échapatoire, sans aucune porte devant moi. Prise de panique à cause de la vision de ce drame, je me suis mise à cogner contre les murs, manquant d'air, en hurlant à l'aide. Tout à coup, je me suis faite aspirer de nouveau vers un nouveau lieu. Je tomba lourdement sur une chaise, devant une taible de métal avec à son centre posée une lumière qui m'aveuglait. Ayant de plus en plus de mal à respirer, je posa une main sur mon coeur et le sentis cogner fortement contre ma poitrine. Les souvenirs recommencés à me hanter, paniquant complètement, je me leva d'un bond de ma chaine, chose qui la fit tomber en arrière et jeta la table contre un mur en hurlant. Faisant vaciller la lumière de la lampe avant qu'elle ne s'éteigne complètement. Je m'accroupis au centre de la pièce, dans le noir, et me tena la tête avec mes deux mains en me balançant légèrement sur moi même. Les souvenirs, c'étaient une des rares choses qui me faisaient perdre le contrôle de moi même. Je revis en fermant les yeux, la chute de ma mère, son dernier cri, le sang s'écoulant lentement autour d'elle, ma petite main tachée de sang lui toucher les cheveux. Ouvrant les yeux pour échapper à tout cela, croyant devenir folle, j'hurla à qui bon le semble à l'aide mais je n'eus aucune réponse. Epuisée, je m'assis dans un coin de la pièce, les genoux repliés contre mon torse, la tête posée dessus. Acceptant le fait de finir folle et seule dans cet affreux endroit. Après quelques minutes, je sentis une force me secouer. Surprise, je releva la tête, mais rien, il n'y avait personne ici. Croyant que je devenais vraiment folle, je me cogna légèrement la tête contre mes genoux, laissant couler quelques larmes... 

- Ophélia ! Me cria une voix de plus en plus forte et proche, alors que je me faisais à nouveau aspirer...

4&P.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant