*Final*

96 5 5
                                    

Kadija
La voiture a freiné délicatement sans pourtant faire un bruit dérangeant. Mais cela n’a pas empêché un énorme mouvement d’ensemble. Les enfants qui courraient derrière l’engin qui ne passait pas inaperçu. Il faut croire que ce n’est pas tous les jours qu’une voiture s’aventurait dans les parages. J’ai pris la main de Eva que j’ai serré fort contre moi. Tellement de souvenirs… tellement…
Je me rappelle encore comme si c’était hier. Les longues marches qu’on faisait pour laver nos habits au fleuve. C’était pénible mais une fois qu’on apercevait l’eau ruisselante notre cœur débordait de joie. On y passait toute la journée, à taper le linge sale contre un rocher. Il fallait taper jusqu’à satisfaction. Ensuite on pataugeait dans l’eau. Les adultes, eux, beaucoup trop sérieux se contentaient juste de se rincer.
Je me rappelle encore les soirs juste après la prière de Asr, on se rendait dans les prairies, avec dans un bol de reste d’oranges salées pour rassembler le bétail. Des vaches, il y’en avait des centaines, mais chacun connaissait son troupeau. On les appelait par leurs noms et elles nous répondaient. On les guidait jusqu’à leur enclot que l’on refermait jusqu’au lendemain à l’aube.
Je me souviens encore… du lait chaud trait par ma grande mère qui nous servait de petit déjeuner. Oh Dieu que c’était bon… doux… elle le mettait dans une calebasse et chacun venait se servir. Nous n’étions pas riches mais nous étions heureux. Heureux et reconnaissant de ce que Dieu nous offrait de la vie, reconnaissant de la pluie qui nourrissait nos terres, reconnaissant du soleil qui séchait nos récoltes, reconnaissant de la lune qui réchauffait nos nuits tous assis autour d’un feu et racontant la fameuse histoire de « Bélidara » le fleuve maudit…
Je me souviens de tout cela vous voyez ? alors pourquoi avec tout ces bons souvenirs mon cœur est-il aussi lourd ? pourquoi ?
- Tout va bien se passer… chuchote-t-elle
- J’espère de tout cœur murmurais je
- En tout cas tu as un beau petit village, dit-elle le sourire franc, c’est une première pour moi
- Rire merci, je suis sûre que tu vas adorer tout ce qui fait ce village
- J’en suis sure aussi. Tu viens ? on y va
Elle a ouvert la portière et est descendue de la voiture. Les enfants ont tout d’un coup commencé à s’agiter dans tous les sens en criant « Porto, Porto »
- C’est quoi ce mot qu’ils disent ?
- Rire ça veut dire « Blanche » dis je en descendant. Ne soit pas surprise, certains viennent tout juste d’avoir la confirmation qu’il n’y a pas que la peau noire dans ce monde. Dis à ton chauffeur de nous attendre, ça pourrait être très rapide…
Elle m’a lancé un regard désapprobateur.
J’ai pris la même allée qu’il y a bientôt 3 ans. Je portais une robe longue décontractée et j’avais attaché mes cheveux en un chignon. Les femmes alertées par les cris des enfants sortaient de leur cases et maisons de fortune. Elles me fixaient mais ne disaient rien. Nous avons continué d’avancer jusqu’à la rentrée de notre concession. J’ai stoppé.
- Tu sais on devra y aller d’un moment à un autre… il faudrait que tu te décides, dit Eva après un moment d’hésitation.
Elle a pris ma main et nous avons avancé ensemble…
La première femme de mon père est la première qui m’a vue, elle a laissé tomber ce qu’elle avait et s’est prise la bouche
- Kadija !! ko an ni ? (C’est toi ça ?) ehh Kadija !
Ses cris ont fais sortir les autres femmes, ma mère y compris.
Je l’ai vu sortir s’appuyant sur la porte, me regardant comme si j’étais un fantôme. Elle avait tellement maigri. Je me retenais pour ne pas m’effondrer en pleure. Elle s’est approchée tout doucement… jusqu’à moi… me fixant, sans laisser paraitre une seule émotion !
Bam ! la gifle était partie. J’ai encaissé en me tenant la joue. Je l’ai regardée, toujours dans les yeux. La seconde d’après j’ai assisté à une scène que je n’aurais jamais voulu voir.. Ma mère le visage inondé de larmes. S’en était trop pour moi, je ne pouvais pas supporter plus, ma pauvre Maman.
Je me suis jetée à ses pieds et j’ai commencé à pleurer à mon tour
- Nene, Atchanèlan, Néné… (Pardonne moi Maman…)
Je répétais cette phrase entre deux sanglots. J’étais inconsolable.
Eva s’en est finalement mêlée ainsi que les coépouses de ma mère. On nous a dirigé sous le Hangard de mon père.
Nous sommes restées silencieuse un bien long moment. Je ne savais plus où me mettre. Tous me regardaient comme si j’étais une extraterrestre. J’ai décidé de prendre les devants. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour me taire et subir. Fini la fuite.
- Néné chuchotais je
Elle m’a regardé, le visage triste. J’ai eu un pincement au cœur
- On a cru que tu étais morte, tous ces mois j’ai été forcé de faire ton deuil… tu es parti… sans aucune nouvelle
J’ai attrapé ma bouche !
- Pourtant chaque mois j’envoyais de l’argent et je demandais expressément qu’on te le remette.
- Jamais ! dit-elle en sursaut ! jamais je n’ai reçu une quelconque nouvelle de toi… mon enfant… pourquoi m’avoir infligé ça…à moi et à ton père ?
Mon cœur a raté un battement..
- Je ne voulais pas Néné, j’ai préféré partir plutôt que de vivre une vie que je ne voulais pas
Elle m’a regardée résignée
- Je te demande Pardon Néné… je te demande pardon pour pouvoir me libérer de ce fardeau que je traine depuis plus de deux ans maintenant. Je t’en supplie…
Elle a baissé les yeux et a inspiré longuement
- Le cœur d’une mère ne peut être rancunier. Tu viens du plus profond de mes entrailles, ce qui te touche me touche.. Jamais je ne t’en ai voulu bien longtemps… mon cœur de mère n’a juste pas supporté le fait d’avoir perdu la chair de sa chair
- Tu ne m’as pas perdu Néné… je suis là
- Oui… maintenant tu es là…
Elle a pris ma main et a commencé à regarder mes doigts, fascinée.
- Ton père… a été beaucoup plus affecté par ton départ même s’il montrait totalement le contraire
- Qu’est ce que tu veux dire par là ?
- Viens, tu verras de tes propres yeux
Nous nous sommes levées. C’est là que j’ai remarqué que notre concession était pleine de monde. Ce qui est drôle dans ce genre de localité c’est que les nouvelles circulent excessivement vite et avec la curiosité comme maitre mot, ils ont hâte d’en savoir plus.
Ma mère marchait devant et s’est stoppé net en faisant volteface. Elle a fixé Eva.
- Ko hombo ni ? (C’est qui ?)
- Gorèdjo an (une Amie) c’est chez elle que je vis.
- Je suis désolée, je n’ai même pas pris le temps de la saluer
- Ce n’est pas grave… dis-je mais elle avait déjà pris la main de Eva et lui avait souri tendrement.
Enfin un sourire pensais je…
- Honto Woni Babba ? (Où est papa)
Un voile de tristesse s’est encore imposé sur son visage
Qu’est ce qui se passe avec lui ?
- Et Mamoudou dis je en pensant à mon petit frère
- Maintenant il est à Mamou ville, il y fait de la mécanique…
- Déjà ? à cette Age ?
Ma mère ma regardée en secouant la tête. Quoi ? j’ai dit quoi encore ? c’est encore un enfant, ils ne peuvent pas le laisser vivre seul comme ça.
Nous sommes rentrés dans la case de mon père et je vous assure que j’ai cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine tellement il battait vite. Il a fallu un peu plus de temps à mes yeux de m’habituer à la pénombre. On y sentait une odeur de renfermé. Sur un lit de fortune était allongé mon père, le corps inerte comme s’il n’était plus de ce monde. Je me suis jetée au pied du lit
- Baba ? murmurais je sans aucune réponse…
J’ai regardé ma mère les larmes pleins les yeux
- Il a quoi Néné ?
- Il est malade. Mais en plus de ça, il refuse de manger et refuse de prendre ses médicaments.
- A-t-il été consulté par un médecin qualifié ?
- Oh tu sais, on a nos propres réalités et remèdes. Ce qu’il faut à ton père ce n’est pas d’un médecin
- Et que lui faut-il ?
- Toi… ma fille. dit elle en le couvrant un peu plus.
Silence
- Ton père même étant tête en l’air n’a pas pu cacher ses tourments lorsqu’il dort. À chaque fois il rêvait de toi dans un sommeil agité. Il fallait être bête pour ne pas comprendre que ta fuite lui a causé énormes de mal.
Mon cœur s’est encore plus comprimé. Mais qu’est ce que j’ai bien pu faire, murmurais je…
- il va se réveiller ?
- Oui bien sur dit elle en souriant. . pour l’instant il se repose, je suis sure que ca lui fera du bien de te voir.
…..
Finalement nous sommes restés jusqu’au soir. Eva avait l’air fatiguée donc elle a dû retourner en ville pour se reposer. Moi ? c’était hors de question que je quitte mon père sachant que c’est ma faute qu’il était dans cette situation. En plus il me fallait lui parler. Mais pour lui dire quoi ? nous n’avons rien dit, aucun mot n’est sorti. J’ai beaucoup pleuré, et lui aussi. Il m’a demandé pardon… le premier. Me faisant comprendre qu’il regrette son acte et qu’il n’aurait jamais dû penser ainsi. Je me suis aussi confondue en excuse. Il a compris. Il a mis cela sous le compte de la jeunesse et de ma naïveté légendaire. Je ne l’ai pas quitté un instant. Il a mangé ce soir-là et il a aussi pris ces médicaments.
J’ai dormi avec ma mère ce soir-là. J’aurai tellement voulu lui parler de ma nouvelle vie, de Omar, des Jumeaux… mais c’était beaucoup trop tôt.
Deux jours qu’on devait passer là-bas, se sont transformés en une semaine. Eva a dû rentrer avant moi car elle avait du boulot. J’ai aussi finalement pu quitter lorsque mon père allait mieux…sans manquer de lui faire promettre qu’il viendra se soigner à Conakry. Juste le temps pour moi de régler tout ce qui est logistique.
Le soir dans mon lit mon téléphone a sonné
- Allo ?
- Ouvre moi
Clic. J’ai souris. Il n’est pas sérieux il est quand même bientôt 1h là.
J’ai fermé les pans de mon chemisier de nuit et je suis sortie du salon à pas de loup pour lui ouvrir la porte.
Il m’a embrassé fiévreusement.
- Attend. Dis je contre sa bouche. Il… faut.. Que je ferme la porte dis je en me dégageant toute essoufflée le sourire aux lèvres.
Il s’est gratté la tête avec une mine résignée. Le temps que je ferme la porte lui il avait déjà disparu. Je suis sure qu’il est déjà dans la chambre.
J’y suis allée et effectivement il regardait les garçons dormir paisiblement dans leur berceau.
- Ils ont l’air tellement calme
- Ils doivent être les seuls bébés qui font leur nuit à cet âge
- Ils sont magnifiques dit il en les regardant… puis a levé la tête et m’a fixé intensément
J’ai dégluti
- Comme toi murmure-t-il en quittant le berceau et en s’approchant de moi.
Je l’ai vu petit à petit réduire la distance entre nous. Plus il s’approchait plus son odeur m’énivrait.
- Ça va, murmure-t-il
- Ça va, je suis juste un peu fatiguée par le voyage.
- Viens là dit il en me prenant dans ses bras.
J’ai eu l’impression que tout ce poids que je portais depuis là, cette boule que j’avais dans le cœur, que tout ça, s’estompait au fur et à mesure que notre étreinte durait.
- Tu vois ? il y’avait plus de peur que de mal
- uhum
- Tu veux un massage ?
- Je ne dirais pas non
Je me suis allongé sur le lit et j’ai fermé les yeux sous sa demande.
Il a doucement posé ses mains sur mes épaules où il exerçait une pression délicieuse. Mon esprit au lieu de se concentrer sur le bien que procurait ce massage à mon corps, s’aventurait à penser à autre chose… vous savez, ces choses de grand là… Dieu !
Après un moment sur mes épaules il est descendu sur mon dos. Les traces que laissaient ses mains à mon corps à travers le tissu de soi de mon chemisier me laissaient sans voix. Cet homme est le péché en personne.
J’ai fermé les yeux et je me suis permise de savourer chaque instant. C’était très intime, personne de nous ne parlait. Le calme de la chambre n’était perturbé que par le bruit irrégulier de nos respirations
- Bébé chuchote-t-il, tu gémis..
C’est là que je suis rendu compte qu’effectivement je me suis laissée beaucoup trop emportée par le plaisir.
Il m’a retournée. Nous nous sommes fixés.
- Tes yeux… dis-je doucement
- Quoi mes yeux…
- Ils sont magnifiques, ils sont marron-clair… tu es très beau dis-je toute timide
Il s’est penché et m’a fait un bisou sur le front. La douceur de ses lèvres au contact de ma peau. Mon ventre s’est serré délicieusement…
- C’est toi qui es magnifique. KADIJA… Jamais une femme ne m’a autant chamboulé. Je suis totalement gaga de toi
- Rire tu as dit « Gaga » ?
- Oui c’est ce que j’ai dit car c’est exactement ce que je ressens mon amour
- Je t’aime aussi
Il a fermé les yeux et a respiré profondément
- Dis le encore… dit-il dans un souffle
- Je t’aime Omar, je t’ai aimé dès le premier jour. Tu es mon Premier amour et tu resteras le seul pour toujours…
Il m’a regardé profondément et sans un mot aucun nous nous sommes parlé. Nous avons laissé nos cœurs s’exprimer, exprimer cet amour que la société veut impossible voir même ignoble. Aurais-je la paix avec lui ? suis-je celle qu’il lui faut.
- Tu es exactement celle qu’il me faut. Et je ne laisserai jamais personne, même pas ma mère te laisser croire le contraire. Kadija, tu n’as pas choisi ta famille ni ton histoire. Et moi je ne t’ai pas choisi pour tes avoirs ni pour la place que la société te donne. C’est ton cœur que j’ai vu, c’est ton cœur que j’ai choisi. Tu es si bonne, si juste … tellement douce. Tu es exactement la femme qu’il me faut. Aimante et attachante. Tu prends soin de moi et me comprends sans que je n’aie besoin de parler. Tu me calme sans aucun effort. Tu es forte et ambitieuse et je suis sur et certains que si on met tous les moyens à ta disposition tu seras une femme redoutable.
Il se tue un instant.
- Mais tu sais ce que j’apprécie le plus chez toi ?
- Dis-moi
- Ce n’est pas uniquement cette personne merveilleuse que tu es. Mais aussi cet homme que je suis, que tu me permets d’être lorsque je suis avec toi. Tu me rends meilleure mon amour. Et juste pour ça, je serai bête de te laisser filer.
Silence.
Mon cœur débordait d’amour pour cet homme au-dessus de moi. Et juste à compter de cet instant je me suis dit que jamais je ne vais me priver de ce bonheur-là. Pourquoi le ferais-je d’ailleurs ? j’ai aussi droit d’être heureuse. Je me suis un peu relevée et je l’ai embrassé tendrement lui signifiant tout l’amour que mon petit cœur ressentait pour lui. Le baiser s’est rapidement transformé en quelque chose de beaucoup plus intense. Il est descendu sur mon coup et en laissant passer sa langue sur chaque infime partie de peau. Je ne me retenais plus. Alors qu’il s’acharnait sur mon cou il déboutonnait au fur et à mesure mon chemisier.
- Arrête attend… on.. Ne peut pas… dis-je entre deux baisers
- Calme toi, je ne te ferai rien… fais-moi confidence
- Tu avais dit ça la première fois…
Il m’a regardé tendrement
- Je sais, mais là c’est différent… je ne ferai plus le con avec toi, je te l’ai assez prouvé je crois. Laisse-toi allez veux-tu ?
- hummm ok, dis-je en me laissant aller comme il me l’a demandé.
Mon haut a rapidement sauté. Ses mains empoignaient mes seins alors que sa bouche se promenait sur mon vendre. Je n’étais que gémissements. Je vais finir par réveiller les enfants…. J’ai poussé un petit cri lorsqu’avec sa bouche il a englouti un de mes tétons. Je n’arrivais plus à rester sur place. Je frottais mes pieds les uns contre les autres. J’avais presque oublié combien de fois cette sensation était excise.
- Regarde-moi dit-il avec une voix roque de désir…
Ce que je fis sans rechigner
- Tu es la plus belle femme que mes yeux m’ont permis de voir, ton corps est parfait.
Est-il possible de tomber encore plus amoureux de quelqu’un ?
- J’ai envie de te faire crier de plaisir. Je peux ?
J’ai simplement hoché la tête et il est descendu parcourant mon ventre jusqu’à cette partie si intime de moi-même.
Le lendemain je me suis réveillée après avoir entendu les couinements des garçons. J’avais le corps endolori tellement secoué de plaisir quelques heures plutôt. J’ai cru que mon corps n’allait pas supporter autant d’émotions, de désirs. Pourtant nous ne l’avons pas vraiment fait, sur ce coup il a tenu sa promesse. Même si à un moment je l’ai pratiquement supplié. Il dormait paisiblement surement épuisé par tant d’efforts fournis.
Je suis partie dans la salle de bain me nettoyer les mains et les désinfecter puis j’ai préparé deux biberons pour mes champions. 30 minutes plus tard j’ai pris une douche et je suis partie en peignoir dans la cuisine. J’étais affamée. Et je suis aussi d’humeur à faire le petit déjeuner pour tout le monde. Mais j’ai trouvé que Eva m’avait déjà devancée.
- Bonjour, lui dis-je. Tu es bien matinale aujourd’hui. Wow ta tête est affreuse lui dis-je d’un air moqueur.
J’ai pris une pomme et j’ai croqué dedans.
- C’est toi qui me dis ça ? comment voulais-tu que je me réveille aujourd’hui ? normal je n’ai presque pas dormi de la nuit avec tout le bruit que vous avez fait
walah la pomme n’est pas passée. J’ai failli m’étouffer. Elle m’a tendu un verre d’eau tout sourire.
- tu.. tu as entendu quel bruit ?
- oh bébé, oui … ahan… comme ça, ahh… oui… dit elle en imitant mes gémissements
- ohh arrête c’est bon dis-je en lui lançant ma pomme qu’elle a esquivé avant d’éclater de rire.
Je me suis prise le visage dans les mains verte de honte.
- Il donne fort hein, chuchote-t-elle
- Je ne te dis même pas
- En tout cas tu es rayonnante ce matin… du thé ? dit elle en me servant une tasse déjà.
J’ai pris une gorgée l’air ailleurs.
- Si non ca veut dire que vous deux…. Vous allez vous remettre ensemble
- Il m’a demandé de l’épouser dis-je en toute désinvolture
- Ce qui ne m’étonne pas. Il passe son temps à te dévorer du regard, ca se voit trop qu’il est complément piqué
- Oui mais…
- Hein quel mais, je ne veux même pas entendre parler de ça
- Le petit hic c’est sa mère…. Elle ne veut pas de toi
- Sérieusement Kadija a-t-il l’air d’un homme qui se laisse se faire dicter sa vie ?
- Absolument pas
- Alors ? laisse-le gérer sa mère et toi prépare ton mariage et puis c’est tout.
Elle n’a pas totalement tort.
Quelques instants plus tard Omar est sorti de la chambre tout frais tout beau. Il a saluer chaleureusement Eva et est venu m’embrasser comme si de rien n’était
- Bonjour Princesse
- Bonjour dis-je toute timide
- Je vais devoir y aller j’ai RDV dans 1h avec un potentiel investisseur et c’est à peine si j’ai le temps de rentrer à la maison me changer. Tu fais quoi demain ?
- je.. je ne sais pas trop je pense que je devais shooter avec Eva et..
- C’est moi qui gère son emploi du temps dit cette dernière sans qu’on ne lui donne la parole. Tu l’as pour toi hein beau frère
Je l’ai regardé choquée. Elle a pouffé de rire et Omar a souri.
- Bien donc tu es libre. J’aimerai te présenter à ma famille et j’aimerai que ce mariage se fasse le plutôt. Je ne supporte plus cette distance entre nous. dit il tout craquant
Je me suis raclé la gorge…
- Par ta famille tu veux dire….
- Mes oncles, mes tantes et ma mère dit il comme si de rien n’était.
Il m’a encore fait un bisou sur la tempe avant de partir pas sans nous avoir souhaité bonne journée.
- Mais yoo qu’est ce qu’il est hot ce mec dit Eva en refermant la porte. Comment peut-on être aussi frais matin de bonheur comme ça là ?
- Toi tu commence trop à parler comme les Guinéens rire
- Et puis quoi ? ça s’appelle de la capacité d’adaptation élevée.
Elle est venue s’assoir près de moi
- Ne stresse pas comme ça, tout va très bien se passer tu vas voir. Maintenant là le problème qu’on doit régler c’est « qu’est ce que tu vas porter demain »
Et toute la journée c’est ce qu’on a fait. Trouver la tenue parfaite. Pudique, pas trop tape à l’œil et qui met mon corps en valeur. On a opté pour une robe en Woodin manche ¾.
OMAR HANN
Je me suis à peine garé devant son immeuble que je l’ai vu sortir de là éblouissante comme jamais. Elle avait attaché un foulard et portait une robe colorée. Pas de maquillage juste un gloss qui mettait en valeur ses lèvres que j’avais tout d’un coup envie de mordiller. Elle avait mis des chaussures à talons qui lui donnaient une souhaite de gazelle.
- Bonjour mon cœur dit elle une fois dans ma voiture. Très belle caisse
- Merci mon amour. Tu es prête ?
- Ai-je le choix ?
- Pas vraiment…
- On y va alors
J’ai longuement discuté avec ma mère la veille qui me faisait la tête depuis le jour où j’ai envoyé balader Oumie et sa famille. J’ai essayé de mettre de l’eau dans mon vin, pas parce que je voulais tempérer, mais parce que je voulais la calmer un peu pour éviter qu’elle foute la honte à Kadija. Et je sens que je ne le supporterai pas.
Donc je lui ai parlé longuement…. Cette nuit là.
***** FlashBack****
- Maman ?
Silence
- Maman, cette situation ne me plait guère
Silence
J’ai soupiré
- Tu choisi une autre femme plutôt que moi ta mère…
- Jamais maman. Il n’a jamais été question de choix et tu le sais. Dis-moi sérieusement qu’est ce qui te dérange avec Kadija ?
- Elle n’est pas celle qu’il te faut mon fils. Toi tu es un homme, digne, instruit et puissant que vas-tu faire avec… une.. villagoi…
- Je t’arrête tout de suite ! Maman, Dieu ne nous a-t-il pas tous créé égaux ? est ce sa faute si elle vient d’une famille pauvre ? le plus important n’est-il pas le cœur ?
Elle m’a tourné le dos
- Prend l’exemple de Oumie Maman, regarde-moi dans les yeux et dit moi sérieusement si tu pense sincèrement qu’elle était la femme qui allait me rendre heureux et m’élever.
Elle ne dit rien.
- Je sais que tu n’y crois pas non plus. Maman, je ne demande pas tout cet argent. Tu m’as éduqué d’une autre manière. Tu m’as éduqué dans le respect des uns et des autres et de l’effort de chacun. Je refuse de croire que ce cœur de mère qui m’a donné toutes ces valeurs soit ce même cœur qui rejette un être Humain sous prétexte qu’il vient d’une classe inférieure.
- Ce n’est pas moi qui la rejette. Mais pense-tu que j’aurai la paix avec les autres lorsqu’ils sauront que mon fils a épousé une boniche ?
J’ai encore pris sur moi, ce n’est pas le moment de m’énerver.
- Maman, on s’en fou de ce que les autres pense. Une seule personne m’importe et c’est toi ! le reste laisse tomber, quoi que tu fasses les gens parleront toujours.
Elle ne dit rien. Elle n’a pas l’air bien convaincue mais au moins elle a moins la rage
- Je suis amoureux de cette fille maman, et c’est la mère de mes enfants. Je ne veux pas être injuste avec elle Maman je t’en prie j’ai besoin de toi. J’ai besoin que tu sois là pour moi comme tu l’as toujours été. S’il te plait penses y.
- Et si je ne veux pas ?
- C’est que tu décides volontairement de creuser un faussé entre nos deux vies. Je ne vivrais pas malheureux pour satisfaire les autres Maman. Le choix est simple pour toi. Qu’est qui est plus important ? le bonheur de ton seul fils, ou le « qu’en dira-t-on ? » ? je vais te laisser réfléchir, bonne nuit. Dis je en sortant tout doucement
Ça ne me plait pas d’avoir des idées divergentes à celles de ma mère. Mais si j’ai horreur d’une chose c’est qu’on m’impose des choix qui ne sont pas miens.
****
- J’ai envie de faire Pipi. Chuchote-t-elle.
J’entendais presque son cœur de là où j’étais assis. Nous approchions de la maison. J’ai commencé par chez mes oncles et Alhamdoullilah tout s’est bien passé. Pas de questions indiscrètes. Après c’était prévisible, je suis celui qui les nourrit tous. Donc il n’ont pas vraiment le choix que d’accepter ce que je veux.
Nous terminons par chez moi et on dirait que Kadija allait accoucher bientôt. Elle transpirait presque.
- Mais pourquoi tu es autant stréssé
- As-tu une idée de comment je suis sortie de cette maison la dernière fois ?
- Je suis désolé mon cœur.
J’ai pris sa main et j’y ai posé un baiser.
- Je ne laisserai personne te faire du mal. D’accord ?
- Je te fais confiance
Nous sommes rentrés dans la cour et comme d’habitude certains domestiques sont venus nous accueillir car des fois je reviens avec des colis.
K A D I J A
Revenir dans cette maison après ce qui s’est passé la dernière fois me laisse un sentiment d’angoisse que je n’arrive pas forcément à gérer. Soul a été le premier que j’ai vu. Lui il ne m’a pas vu à cause de la teinte des vivres de la voiture de Omar. Ensuite j’ai vu Aissatou sortir avec deux autres filles qui doivent être nouvelles. Omar est descendu puis est venu m’ouvrir la porte. J’ai sorti un pied puis l’autre a suivi systématiquement.
Je me suis redressé et j’ai relevé la tête. Pourquoi me cacher et me faire petite ? pourquoi avoir honte quand lui il n’a pas honte de moi. Aujourd’hui c’est mon jour et toute ces personnes qui m’ont abandonnée par moi-même regretteront.
J’ai vu leur visage se décomposer. Omar m’a prise la main et nous avons avancé jusqu’à la porte. Il marchait à mon rythme tel un gentleman.
- Bonsoir Monsieur dit Aissatou la voix étranglée
Omar égal à lui-même a à peine répondu à son salut. Je me suis arrêtée et je l’ai regardée sans ciller.
- Bonsoir Aissatou
Elle fut d’abord étonnée puis son visage s’est beaucoup plus détendu
- Bonsoir Kadija… répondit elle simplement.
Nous nous sommes installés au salon et Omar m’a demandé de l’excuser un instant.
Lorsqu’il fut parti, Aissatou est apparue la démarche professionnelle.
- Je vous sers quelque chose ? dit-elle doucement.
J’ai rangé mon téléphone et je l’ai regardée.
- Non merci, ça ira dis-je doucement.
Elle n’arrêtait pas de jouer avec son tablier
- Je ne t’en veux pas Aissatou. Ce n’est pas de faute. On fait tous des erreurs dans la vie
Elle m’a regardé le visage disant tellement de choses à la fois
- Nous aurons l’occasion d’en parler lui dis je
Elle est repartie comme elle est venue.
J’ai entendu des bruits de pas descendant les marches de l’escalier. Et quelque instant plus tard elle apparait devant moi avec son foulard bien attaché. On peut dire ce qu’on veut de cette dame mais il faut avouer qu’elle est une très belle femme.
Elle était suivie de près par Omar.
Je ne savais plus où me mettre. Mais j’avais l’impression que de nous deux elle était celle qui était le plus gênée. Elle est venue s’assoir en face de moi et a baissé le regard. Omar est venu se mettre près de moi et m’a pris la main. Cela m’a réconforté.
Personne ne parlait
- Maman ? dit Omar pour briser le silence
Elle a relevé la tête
- C’est Kadija Maman.
- uhum dit-elle tout simplement
- Bonsoir Tanti dis je pour rompre la gêne entre nous
Elle a relevé la tête et m’a regardée comme si elle venait de me voir. Oui j’ai changé depuis regarde bien la vieille. Je crois qu’elle s’attendait à ce que j’arrive ici l’air totalement affamée car elle m’avait mise dans la rue.
- Bonsoir ma fille répond-elle doucement.
Ah Ya un « ma fille » c’est déjà mieux
Encore un silence gênant.
- Maman, comme je te l’avais dit, j’ai trouvé la personne avec laquelle j’ai envie de me lier pour la vie et ça c’est cette fille ci présente. Je n’ai pas envie qu’on revienne sur ce qui s’est passé. Je veux plutôt que chacune d’entre vous sache que vous êtes toutes les deux très importantes pour moi et je vous demande de faire l’effort de laisser l’eau couler sous les ponts et de repartir sur de nouvelles bases. Il y va pour le bonheur de tout un chacun.
Silence
- Maman ? as-tu quelque chose à rajouter ?
Elle a relevé sa tête et m’a regardée comme pour me sonder.
- Une chose est clair mon fils c’est que toute ma vie je me suis battue pour ton bonheur et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer. Cela dit si tu penses vraiment que c’est elle qu’il te faut je n’ai d’autre choix que de l’accepter.
C’est comme si on avait enlevé tout le poids du monde sur mes épaules. J’ai vu Omar sourire de toute ces dents. Il s’est levé et est parti prendre sa mère dans ses bras. Ça se voyait trop que la position de sa mère comptait énormément pour lui
- Mais…
Nous nous sommes tous calmés.
- Ça s’arrêtera là. Tu as intérêt à le rendre heureux sinon tu me trouveras sur ton chemin. Omar, marie-toi si tu le souhaite, mais ne me demandez pas non plus l’impossible.
- Tu finiras par l’accepter entièrement répondit Omar en lui faisant un bisou
- Bien. Ou sont tes parents jeune fille.
Mon ventre s’est noué
- À Mamou, Tanti… dis-je après lui avoir indiqué mon village. Mon père est un peu malade je pense à le faire venir bientôt pour ses soins.
- Toi ? dit-elle l’air de ne pas comprendre
- Maman Kadija a signé un contrat avec une grande maison de couture internationale, donc oui c’est bien elle qui se prend en charge, prend en charge les enfants et ses parents
Si quelqu’un pouvait fondre de honte cette dame serait liquide depuis belles lurettes.
- Ah répondit elle tranquillement…félicitations…
- Merci beaucoup
- Tu… devrais les envoyer à la maison un jour… les enfants… pour passer la journée.
J’ai regardé cette dame et j’ai voulu éclater de rire. Bon Omar a demandé de partir sur de nouvelles bases si non je lui aurais rappelé toutes ces absurdités qu’elle m’avait dites…
- Le temps viendra répondis je calmement.
Quelques temps plus tard j’avais envie de partir et Omar l’a senti. Il a donc mis fin à la discussion. Ce qui m’a complètement soulagée.
- Tu vois tout s’est bien passé non ?
- Oui si on veut… tu viens de dépasser mon carrefour
- Oui je sais…
- Où va-t-on ?
- Je t’amène quelque pars.
Il était bientôt 21h et la route était bizarrement dégagée.
Nous avons quitté la route pour prendre une ruelle peu éclairée. Il s’est garé doucement.
- Descend…
Dès que j’ai mis les pieds dehors j’ai été accueilli par une brise légère et fraiche.
- C’est magnifique dis-je éblouie par la vaste étendue vaste d’eau qui s’offrait à mes yeux. C’est magnifique répétais je
- Je sais… viens, enlève tes chaussures.
Ce que je fis. Il a aussi détaché mon foulard et a relâché mes cheveux…
- Voilà qui est mieux dit il doucement
Nous avons marché dans le sable fin jusqu’à la mer. Le vent se faisait de plus en plus fort au fur et à mesure qu’on avançait.
- Je viens ici à chaque fois que j’ai besoin de me vider la tête. Tu vois comment c’est calme, tu sens combien c’est paisible ?
- Je ne te savais pas si fleur bleue
- Je peux être ce que tu peux ma reine.
Il m’a collé à lui et a caressé tendrement mon visage.
- Laisse-moi t’aimer pour toute la vie mon cœur.
- Tu as déjà mon cœur et mon corp tout entier
- Je sais… dit-il en souriant
Trop sûr de lui ce gars. Il a posé délicatement ses lèvres sur les miennes. Je ne sentais plus mes pieds tellement toute cette tendresse me faisait perdre la tête. On s’est embrassé ce qui a paru durer toute la nuit.
Puisse cet amour durer toute la vie pensais je profondément…

*FIN*

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 06, 2020 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

KADIDJA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant