Chapitre 4 - Pihis

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"Tout le monde a bien ses affaires ?" Le professeur passait au milieu des élèves, vérifiant si tout le monde avait bien gardé son passe Visiteur. Aujourd'hui était un jour de sortie scolaire, et pas n'importe quelle sortie : nous allions aller à l'Institut. Pour tous les idiots fans d'histoire, ou encore les suiveurs sans cervelle, cette sortie était géniale. "Le fleuron de notre nation", "Le cœur de Strelitzia". Je trouvais ça ridicule. Moi qui détestais les règles et l'autorité, cette sortie me faisait rire jaune. La classe était regroupée devant la gigantesque entrée de ce bâtiment colossal, fait d'une sorte d'alliage blanc semblant particulièrement solide. L'entrée était particulièrement haute. J'avançai, suivant les autres alors que nous entrions à l'intérieur. La grande salle dans laquelle nous venions d'entrer partait directement vers, une centaine de mètres plus loin, ce qui ressemblait à un grand jardin. Des gens allaient et venaient dans tous les sens, et le grand hall résonnait de tous ces pas et ces paroles. Le professeur nous fit signe de le suivre, alors qu'une jeune femme avec des feuilles à la main, probablement une guide, se tenait à côté de lui. Elle se présenta et expliqua le rôle de l'Institut dans l'administration du pays. Elle résuma aussi l'histoire du pays, bref, rien de sincèrement intéressant. Je l'écoutais d'une oreille distraite, le regard ailleurs et mon éternelle sucette dans la bouche, quand un employé bien habillé passa à côté de moi, quelque chose de doré dépassant de sa poche. Je chipai rapidement l'objet, que je fourrai rapidement dans ma poche.

La visite continua par une visite du Jardin. Au centre de l'Institut, autour de la tour centrale, était un grand jardin où un nombre incroyable d'espèces végétales étaient regroupées. La guide nous présentait les gens dont les statues avaient été érigées autour du Jardin. Personnellement, je m'en moquais de Zoromachin et les autres guignols à qui on avait érigé des statues. Un détail attira mon regard : une statue d'oiseau à deux têtes. Un écriteau en dessous disait ceci : "Le Pihi est un oiseau légendaire ayant une seule aile. Mâle et femelle sont par conséquent obligés de vivre l'un collé à l'autre pour survivre. Ce symbole a été choisi..." Je m'arrêtai de lire là, me moquant un peu de leurs histoires d'amitié et d'union ridicules. Cependant, cette manière de vivre, à y réfléchir, me semblait sublime.

La visite continua dans les laboratoires, où tout un tas de médicaments, mais aussi de machines, matières et programmes étaient élaborés. Je n'étais toujours pas passionnée par ce que disait la guide. Collant ma joue à la vitre d'un laboratoire, je regardai des scientifiques à l'intérieur. Je les voyais aller et venir, préparant scalpels et seringues, quelque chose posé sur une table opératoire devant eux couverte par une bâche. L'un d'eux s'approcha, seringue en main, tandis que deux autres semblaient maintenir la chose sur la table. Une image me revint brutalement, où j'étais moi-même sur une table du genre, totalement entravée et souffrant atrocement. Je revins à moi au bout de quelques secondes, recroquevillée contre le mur, tremblante, une goutte de sueur perlant à mon front. Personne dans le groupe n'avait rien remarqué. Je respirai lentement, tentant de reprendre mon souffle. Que s'était-il passé ? Quelle était cette horrible sensation qui m'avait parcourue ? Je me relevai, troublée, et décidai d'ignorer ce qui venait de se passer. Je continuai de suivre le groupe, tremblant encore un peu, feignant l'indifférence encore et toujours. Une fois midi arrivé, toute la classe se rendit à la cafétéria pour manger. Je me mis à une table en retrait, mangeant distraitement en réfléchissant à ce qui s'était passé dans les laboratoires. Voir ça aurait réveillé en moi des souvenirs ? Mais lesquels ? Je n'ai aucun souvenir d'avoir jamais eu à subir une opération où même seulement aller à l'hôpital... Cependant, cette vision était terrifiante. La douleur et la terreur que j'avais éprouvée dans ce souvenir, la tristesse... Tout cela avait brutalement ressurgi, et j'en étais encore toute secouée. Se pourrait-il que j'aie oublié une partie de ma vie, une partie de mon passé ? Non, ce n'est pas possible. Je me remémorai mentalement tout ce que je savais de ma vie. Je m'appelle Oni, j'ai seize ans, je vis à la Ville Centrale de Strelitzia, une nation s'étalant sur toute la surface de la planète et ayant permis un millénaire plus tôt à l'humanité de s'unir sous une seule bannière. Je suis scolarisée au lycée W.Franxx, en classe de seconde. Je mesure un mètre soixante-dix, ai des cheveux roses et des yeux verts. J'ai toujours habité à la Ville Centrale. Je n'ai aucun projet pour mon avenir. Et je suis toujours seule. Les gens ont peur de moi, mes petits caprices et ma tendance à ne pas rentrer dans le rang. Je suis toujours seule. Je vivrais bien comme un pihi, tiens. Pouvoir m'envoler grâce à une autre personne. Pouvoir compter sur une personne autant qu'elle peut compter sur toi. Cette manière de vivre...

Oui, je la trouvais sublime.

[Réécriture(?)] Une nouvelle vie - Darling in the FranXXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant