Chapitre 9 - Nana

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La nuit tombait. Le ciel luisait d'une lueur rose et bleue, teintant doucement les nuages dispersés dans le ciel. Les nuages gris de l'hiver avaient cédé leur place à un ciel dégagé dans l'air frais de ce mois de Janvier. Serrés l'un contre l'autre dans un bosquet du Jardin de l'Institut, grelottant de froid, des petits nuages s'échappant de nos bouches entrouvertes tremblantes, nous attendions. Des pas s'approchèrent. Réguliers, faisant crisser le gravier du chemin proche. Nous étions immobiles, écoutant sans un mot les pas s'approchant inexorablement de nous. Les pas passèrent tout près, puis s'éloignèrent à nouveau. Le garde était passé, comme toutes les cinq minutes, devant notre cachette. Nous attendîmes. Une seconde. Deux secondes. Cinq secondes. Dix secondes. Vingt secondes. Nous nous levâmes et commençâmes à marcher doucement sur la terre longeant le chemin de graviers qui faisait le tour du Jardin. Arrivés à l'entrée de la Lance, Zero Two farfouilla dans sa jupe cherchant la carte volée alors que je guettais si quelqu'un approchait derrière nous. La porte s'ouvrit enfin, et nous entrâmes dans le grand bâtiment. Les couloirs étaient sombres, et des pas résonnaient au loin. Nous avançâmes lentement dans la pénombre, craignant d'être repérés et expulsés. Nous cherchions une personne responsable, à qui expliquer ce qui nous était arrivé. Nous commençâmes à monter les étages de la tour par un des escaliers parallèles aux ascenseurs. Les étages avaient de nombreuses fonctions, et en jetant des coups d'œil imprudents, nous manquâmes plus d'une fois de nous faire repérer. Un étage dédié aux cuisines, un autre ressemblant à un grand restaurant, trois avec de grands bureaux, un autre composé de nombreuses salles de conférence... La tour avait aussi bien des fonctions pour y vivre que pour l'administration. Alors que les étages passaient, nous nous prîmes à jouer à la course dans les escaliers, comme deux gamins en train de faire une bêtise, tout fiers de leur désobéissance. Arrivés au neuvième étage, nous fîmes une pause, fatigués par la montée des nombreuses marches de cette grande tour. Alors que nous reprenions notre souffle, une personne passant derrière la porte laissa échapper le mot FranXX. À ce mot, je me tournai immédiatement vers Zero Two, elle aussi ayant entendu le mot.

Ni une ni deux, elle ouvrit la porte et je m'y engouffrai, appelant la personne qui venait de passer devant. "Excusez-moi, vous avez bien dit FranXX ?". La personne se retourna. C'était un petit vieillard à la bedaine rebondie, en costume cravate noir, nous regardant en levant un sourcil. "Qui êtes-vous jeunes gens, que faites-vous ici et que voulez-vous ?" Dit-il, l'air méfiant. "Nous... Voudrions vous parler de quelque chose qui nous est arrivé récemment, en rapport avec les FranXX, le Delphinium plus précisément." Le vieil homme étouffa une exclamation. "Comment connaissez vous ce nom ? Et qui êtes... Ah, vous êtes les jeunes fouineurs de l'autre jour qui êtes allés au sous-sol ! Et vous avez le culot de revenir en plus ! SÉCURITÉ ! SÉCURITÉ !" Le vieil homme se mit à courir maladroitement dans les couloirs, appelant à lui la sécurité. "Qu'est-ce qu'on fait ?" Demandai-je l'air paniqué en me tournant vers Zero Two. "Il appelle probablement pas la sécurité pour nous offrir des bonbons. On décampe !" Dit-elle, tournant les talons et s'engageant devant moi dans la cage des escaliers. Nous courûmes aussi vite que possible. Arrivés au rez-de-chaussée, un garde accourait vers nous, les cris du vieil homme résonnant dans l'air. Je commençai à paniquer quand je vis Zero Two sortir le badge doré. Elle le présenta au garde, criant l'air effrayée "Il y a quelqu'un d'armé là-dedans !" Le garde hocha la tête et nous dépassa sans se poser de questions. Je rigolai doucement alors que Zero Two rangeait le badge en me faisant un clin d'œil. Malheureusement, notre répit fut de courte durée.

Les gardes accouraient dans tous les sens, et le mot avait dû être passé que deux jeunes gens avaient forcé la sécurité et se baladaient librement dans l'enceinte du bâtiment. Les gardes couraient vite, apparemment plus alertes que l'autre jour. Nous tournâmes à un angle, puis un autre, et encore un. Nous nous retrouvâmes devant l'entrée du sous-sol par laquelle nous étions passés l'autre jour. Poussé par une intuition étrange et, plus concrètement, par les bruits de bottes sur le béton qui se rapprochaient de nous, je commençai à descendre le couloir. Zero Two, sur mes talons, sortit le badge alors que nous atteignions la porte. Je me retournai et vis deux gardes, sur nos talons, des bâtons d'immobilisation dans les mains. "ALLEZ, VITE, MARCHE !" cria Zero Two en brandissant le badge devant elle et en saisissant ma main dans la sienne. Nous traversâmes la porte comme si elle n'existait pas, et un "bonk" satisfaisant nous informa que les gardes nous poursuivant n'avaient pas un passe de ce niveau. Nous arrivâmes devant les salles et leurs vitrines. Nous nous arrêtâmes net d'avancer quand nous vîmes une silhouette au milieu de la pièce. Je m'approchai doucement, Zero Two à mes côtés. La silhouette se tourna vers nous, et nous aperçûmes enfin une figure familière. Des cheveux gris ondulés arrivant sous ses épaules, son visage n'ayant pas pris une ride depuis plusieurs centaines d'années grâce à son immortalité héritée il y a très longtemps. Elle sourit doucement à notre vue. "Cela faisait bien longtemps les enfants. Je ne pensais pas vous revoir un jour autrement qu'en photo." Une même exclamation sortit de nos deux bouches. "Nana !"

Je me ruai vers la vieille dame qui nous souriait, et la serrai dans mes bras, incroyablement étonné et soulagé par cette rencontre. "Tu... Tu n'es pas un fantôme au moins ?" Dis-je, riant doucement et essayant de retenir mes larmes. "Je te retourne la question" dit-elle en rigolant doucement. "Depuis tout ce temps durant lequel j'ai dirigé Strelitzia, j'en ai vu passer des choses. Mais des fantômes, c'est bien la première fois." Je lui expliquai ce qui nous était arrivés à tous les deux, Zero Two se contentant d'opiner, un peu en retrait, restant un peu en arrière comme toujours. "... et on s'est réveillés à l'hôpital, ayant retrouvé tous nos souvenirs de notre vie précédente." Je m'arrêtai là, remarquant que peu avant la fin de mon explication, le regard de Nana s'était assombri, son visage adoptant un expression préoccupée, même inquiète, les yeux exorbités, comme si j'avais dit quelque chose de monstrueux. "Quelque chose ne va pas... ? Je conçois que ça puisse être compliqué à croire, même moi j'ai du mal mais.." elle me coupa la parole, dans une déclaration qui me laissa interdit.

"Vous n'auriez pas dû pouvoir vous connecter au Delphinium."

[Réécriture(?)] Une nouvelle vie - Darling in the FranXXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant