"Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie." Voilà les deux mots qui tournaient en boucle dans ma tête depuis presque une heure. Assise au bord de la fenêtre, mâchonnant le bout de mon stylo, mes yeux verts tournés vers un oiseau volant haut dans le ciel gris, j'attendais que le cours passe, celui-ci ne m'inspirant que de l'ennui. Je me tournai vers le prof. Absorbé par son cours, il ne remarquait pas qu'une de ses élèves, aux longs cheveux roses pâle, avait l'esprit qui se faisait la malle tellement elle s'en moquait de lui. Tout ce que je voulais, c'était m'envoler, comme cet oiseau que je scrutais depuis bien dix minutes. Être libre de bouger, agir comme on veut, pour qui on veut, ce n'est pas tentant ? J'ai toujours eue une tendance à vouloir transgresser ces règles, qui me faisaient me sentir comme enfermée dans une cage de bon sens et de tenue, à donner plus d'importance au regard que les autres me portaient qu'à l'opinion que j'avais de moi-même.
Alors que la sonnerie retentissait, je me levai et saisis mon sac, mon manteau beige et mon écharpe rose. Je les enfilai vite fait et, attrapant mon sac, sortis vite de la classe, ignorant le prof me demandant si j'avais bien noté le travail à faire. Je descendis en courant les escaliers du lycée et sortis du bâtiment, soulagée de pouvoir enfin partir. Je marchai dans les rues, respirant l'air frais de la fin de cette journée d'hiver. Mon visage restait de marbre comme à mon habitude, alors que rêvassant sur le chemin, je regardais le ciel. Après un peu de marche, j'arrivai enfin à ma destination. Je passai sous le grillage, et me retrouvai sur un terrain vague, censé être en construction mais abandonné depuis des années. Je m'approchai d'une petite grue de levage rouge et commençai à escalader son bras. Le métal froid me piquait la peau, et une fine brume sortait de ma bouche. Arrivée en haut, je me mis debout, le vent froid dans mes cheveux, faisant flotter mon écharpe devant moi. J'appréciai un instant l'impression de liberté que me procurait cette hauteur et le vide à un pas, cette petite sensation de danger me faisant frissonner... Ou alors j'étais juste en train d'attraper froid. Je m'assis, fermant mon manteau, mes pieds se balançant dans le vide. J'ouvrai mon sac pour en sortir un livre et un stylo puis le refermai, un petit pendentif argenté en forme d'oiseau se balançant au bout de la fermeture éclair. J'ouvrai le livre et, recommençant à mâchonner mon stylo, réfléchis à quoi écrire.
Je restai un moment là, ne sachant quoi faire, avant qu'un grand coup de vent ne m'arrache à ma rêverie. Redressant d'un coup la tête, un flocon tomba sur la page et je me rendis compte qu'il commençait à neiger. Je me levai, rangeai mon livre et mon stylo, et sautai sur le bras de métal, glissant jusqu'en bas. Je me réceptionnai sur le sol et sortis du terrain pour me retrouver sur le bord de la voie de train en construction. Je me mis à courir, les yeux tournées vers le ciel, riant de vive voix et tournant un coup sur moi-même, les flocons tombant tout autour de moi. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de neige, et je trouvais ça tellement beau... J'arrivai à la station en chantier, déserte. J'entrai, et trouvai une bombe de peinture blanche par terre. Je la saisis, un sourire espiègle se dessinant sur mes lèvres. Je la décapsulai, la secouai un peu, et, m'approchant de la vitre qui donnait une vue sur le bas de la ville, dessinai un oiseau, ailes déployées, dessus.
Je traînais les pieds, la neige fraîche mouillant mes pieds à chaque pas à travers mes chaussures. Tout mon entrain était parti alors que le soir approchait. Je devais rentrer et je n'en avais pas la moindre envie. Je farfouillai dans mon sac et en sortis une sucette, que je déballai et enfournai immédiatement dans ma bouche. Le regard vide, allant d'une personne à l'autre, d'un bâtiment à l'autre, j'observai le monde autour de moi, agité, chacun ayant ses propres problèmes, ses peines, ses joies, ses ennuis et ses jours de chance. Tant de vies différentes proches les unes des autres... Je trouvais ça perturbant. Je continuai mon chemin pour tourner à une rue, puis m'engageai dans une montée. Arrivée au 12e palier, je m'arrêtai devant une porte et sortis des clés puis entrai. Alors que je me déchaussai, j'entendis une voix de femme inquiète et nerveuse me réprimander "Oni ! C'est à cette heure-ci que tu rentres ?". Je me retournai et vis ma petite maman, brune aux cheveux mi-longs, l'air furieuse. Je retirai ma sucette de ma bouche et m'approchai d'elle, me penchai et lui léchai rapidement la joue. "Tu sens l'inquiétude". Action me valant une gifle retentissante. "C'est dégoûtant ! Combien de fois faudra-t-il que je te répète que ce ne sont pas des manières ?! Vas dans ta chambre, tu es privée de dîner, ça t'apprendra !". Je tournai les talons et allai dans ma chambre, jetant nonchalamment mon sac sur le lit. Je m'y assis après avoir posé mon écharpe et mon manteau. Je pris mon sac et en sortis une brioche , que je croquai à pleines dents, regardant la ville toute lumineuse dans laquelle je vivais. Je mordis une deuxième fois la brioche, mes dents blanches s'enfonçant dans la délicieuse pâte. Je finis de manger puis m'allongeai. Je repensai à la réputation que je m'étais forgée un peu malgré moi au lycée. D'une fille froide et solitaire, toujours à se moquer des gens et à transgresser les règles. Il paraît que certaines personnes avaient même peur moi.
Peut-être que je suis bien une diablesse au fond.
VOUS LISEZ
[Réécriture(?)] Une nouvelle vie - Darling in the FranXX
FanfictionUne fanfiction donnant suite à la fin de l'anime, racontant les aventures de Zero Two et Hiro dans leur seconde vie. Se rappelleront-ils de qui ils sont ? Quelles menaces pèsent sur l'humanité ? Réussiront-ils à sauver l'humanité une fois de plus...