neuf

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nous avions acheté de quoi manger : des sandwich et quelques barres chocolatées. bizarrement je n'avais pas si faim. je crois que je me régalais surtout de ta beauté. je te dévorais des yeux.

nous avions pris le train pour nantes, j'avais aucune idée où on allait mais je me laissais porter par ton courant. tu me faisais l'effet de vagues, l'effervescence du clapotis de tes mots, la beauté de tes marées. je rêvais que tu m'emmène à la mer.

dans le train je sortis mes écouteurs de mon sac et t'en fourrai un dans la main. tu le mis dans ton oreille gauche en souriant. je ne savais pas quoi mettre, tant de chansons me semblaient propices à la situation. j'aurai voulu te faire écouter tout ce que j'étais.

et puis d'un coup, je sus. je lancai la chanson et les premières notes de basse résonnèrent dans mon oreille.

— c'est quoi ? m'avais tu chuchoté.

— écoute, je pense que ça va te plaire.

alors tu as écouté. je saisis ta main et je la serrai fort. extrêmement fort. et puis mes yeux se fermèrent. cette chanson j'en rêvais, elle m'accompagnait partout. et je la voulais à nous.

et quelques minutes plus tard, la dernière note ayant retenti, j'enlevai l'écouteur de ton oreille pour y glisser des mots à la place.

— come a little closer...

et sans même me laisser le temps de finir ma phrase, tu plaquas tes lèvres contre les miennes. je sentais les regards des quelques passagers sur nous, mais j'en avais strictement rien à foutre. j'étais bien dans tes bras, contre tes lèvres. ce voyage ne s'éteindra jamais dans mon cœur, je me l'étais promis.

— and then you'll see, avais-je repris, une fois le baiser terminé.

ta main était sur ma cuisse, tout près de mon entrejambe. sous mon pantalon, je frissonnai. tu me faisais tant d'effet, je crois que ça m'impressionnais. j'espérais que moi aussi je te faisais de l'effet. c'était beau, un effet de vague. éphémère.

— j'ai vu. et j'ai adoré ce que j'ai vu.

je posai ma main sur la tienne, celle qui caressait ma cuisse. et puis nous nous regardâmes droit dans les yeux et un torrent s'abatti sur moi.

j'en étais sûre et certaine — et je le suis encore — c'était un torrent d'amour brut.

adieu nos corps fanésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant