trois

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je me souviendrai toujours de ton rire à la fin de ma phrase. j'étais totalement désamparée. paralysée. pourquoi tu riais ?

— moi j'aime bien l'été, je trouve ça libre. pas toi ?

ta voix... elle renfermait la vie.

tu as traversé la rue sans regarder. j'ai eu peur. peur qu'une voiture débarque et mette fin au rêve. à ce rêve éveillé. qu'elle éteigne la vie. je t'en aurai voulu.

— tu n'es pas pressée ? t'ais-je demandé en te voyant arriver à côté de moi.

tu as plongé dans mes yeux à ce moment là. un sourire plaqué sur ton visage, je me souviens de tout.

— pourquoi je serai pressée ?

je haussai les épaules, la vraie question c'était pourquoi tu restes là, avec moi. mais je ne te l'ai jamais posé. peut-être est ce le bon moment. pourquoi tu es restée ?

— pour moi l'été c'est la solitude. enfin, je le suis tout le temps, seule. mais quand il y a les cours et tout c'est comme l'illusion que je ne suis plus seule. l'été c'est la prison, il fait chaud et je m'ennuie à mourir. en fait je ne sais même pas pourquoi je ne l'aime pas mais c'est comme ça. je passe jamais de bons étés. la douleur et le noir me rattrape toujours, encore plus quand autour il y a plein de lumière.

tu me regardais sans siller, tu ne souriais plus mais tes yeux gardaient leurs étoiles intactes. tu brillais si fort, mais je n'étais pas aveuglée, juste bien. si tu savais comme je me sentais bien. ta voix, tes yeux, ton sourire m'ont un peu sorti la tête de l'eau. j'avais tellement besoin de respirer.

— on est le dix neuf juillet, on a un peu de temps devant nous. je vais te faire aimer l'été.

et puis tu m'as prise par la main et tu as couru. j'ai couru avec toi. et on est parties.

adieu nos corps fanésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant