Chapitre IV

10 2 0
                                    

Le soleil brillait en cette mâtinée de printemps. Mère et moi étions sur la terrasse prenant notre petit-déjeuner lentement afin de profiter amplement de la douceur que nous offrait ce temps clément. Il était rare qu'il fasse si bon alors le moindre rayon de soleil était prétexte à prendre le repas ou une tasse de thé dehors. Des œufs brouillés, deux tranches fines de bacon grillé et une tasse de thé, c'était mon breakfast favori. J'étais en pleine période de vacance scolaire et le fait de me retrouver installé face à ma mère si silencieuse alors qu'elle avait pour habitude de faire la conversation ce qui était plaisant. Mais là rien. C'était tellement silencieux que le repas devenait pesant. Je mangeais calmement ayant un contrôle de moi parfait attendant d'avoir une explication. Mère n'était jamais dans un tel état pour rien. Mon assiette terminée et mon thé dégusté avec délice, décidément le Eral Grey restait mon thé fétiche, je fixais le jardin du manoir sur toute son étendu. Il était magnifique comme des mes souvenirs d'enfance. Mes cheveux bruns remuaient à la légère brise du vent tandis que mon regard se perdaient sur les lys blancs plantés par la main de mère il y a des années. Elle plantait un bulbe tous les ans. J'en connaissais la cause bien sûr et je m'étais toujours senti impuissant face à la douleur de mes parents. Tout ce que j'avais pu faire c'était d'être le fils parfait que ce soit en sport, à l'école, dans mes hobbies ou encore à l'extérieur lors des soirées mondaines. Cela ne m'avait jamais empêché d'être heureux malgré un vide persistant en moi. Je vivais avec la moitié de mon être et je n'avais jamais réussi à m'y faire. Cela faisait une semaine mes parents étaient préoccupés, agités même. Mon parrain savait pourquoi mais personne ne m'en avait dit un mot. Je ne savais pas si je devais me sentir vexé d'être ainsi tenu à l'écart, inquiet de leur silence ou simplement laisser couler jusqu'à ce que j'ai une explication. Un soupir intérieur de ma part plus tard je sentais un poids s'écraser contre mes jambes croisés, Dorcha mon familier, un lion noir au pelage si doux que j'adorais y perdre mes doigts. Il m'était apparu le jour de mes seize ans. Il ne me quittait plus même en extérieur. Sauf exception. Heureusement qu'il était là, il était comme mon meilleur ami quelque part, lui confiant mes secrets ainsi que mes peurs et mes larmes. Il m'écoutait mais ne me répondait jamais. Nous avions beau être des Myrddinaël ça ne faisait pas tout.

- Mon chéri ? M'interpella mère.

- Maman ? Oui je me laissais quelques libertés quand nous étions à la maison.

- Il faut que je t'avoue une chose que ton père et moi avons découvert grâce à ton parrain. Elle était impeccable dans sa robe en soie bleu marine avec ses cheveux noirs attachés en un chignon sophistiqué. Mais le fait qu'elle bouge légèrement ses genoux l'un contre l'autre trahissait son anxiété. Nous avons retrouvé la trace de ta sœur.

- Pardon ? Je ne pouvais m'empêcher d'écarquiller mes yeux en grand alors que mon cœur qui jusqu'à maintenant battait normalement s'était arrêté l'espace d'une demi seconde.

- Nous avons toujours été francs avec toi malgré les circonstances actuelles de notre peuple mais il fallait que tu saches. Ton père et moi lui avons envoyé une lettre il y a cinq jours par le biais de Severus.

Je fixais ma mère ne sachant quoi dire. Je me sentais revivre comme si pendant toutes ces années j'avais été en apnée qu'aujourd'hui je prenais enfin ma première bouffée d'oxygène. Comme un nouveau-né qui arrivait dans le monde. Je me contenais afin de ne pas sauter partout tel un enfant ça aurait été bien inconvenant surtout face à la femme qui m'avait éduqué, choyé et m'avait permis d'être l'homme que j'étais. Elle méritait mieux qu'un jeune homme redevenant un enfant devant ses cadeaux de noël tout de même. Je raclais ma gorge me permettant de la sorte de reprendre contenance et je souriais, le regard plein d'espoir.

- Cela veut dire que vous êtes sur qu'il s'agit bien de Kaythleen ? Elle va bien ? Pourquoi vous ne m'avez rien dit avec papa ?

- Pour la simple et bonne raison que nous voulions attendre d'avoir une réponse. Severus est reparti en France pour son séminaire, tu le connais il ne raterait jamais une occasion pareille ! Mais aussi pour vérifier comment va ta sœur. Seulement, tu me connais je ne pouvais pas garder ça et te laisser dans l'ignorance. Ton père est en réunion avec le Conseil et les Lords, tu te doutes bien qu'il ne va pas être ravi d'apprendre que je t'ai parlé de cette avancée sans lui et pire, dans son dos.

La fleur de lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant