Chapitre IX

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La nuit, enfin ce qu'il m'en restait, avait été longue. La discussion avait été rude. J'étais épuisée et après qu'un serviteur m'ait montré ma chambre, je m'étais écroulé en larmes sur le lit à baldaquin aux draps de soie couleur crème. Dans tout ça le point positif était que j'avais retrouvé Simba. Et j'avais aussi eu l'occasion de faire la connaissance de Dorcha, le familier de mon frère. Sérieusement qui avait dans l'idée d'avoir un lion noir comme animal de compagnie ? J'étais aigre et fatiguée. En gros, de très mauvais poil. La veille nous n'avions pas dit grand chose finalement. Enfin, j'étais plus concentrée sur mon petit dîner que sur tout le reste. Nous nous étions couchés rapidement. J'avais pu prendre une bonne douche dans l'immense salle de bain attenante à ma chambre et j'avais également eu le loisir de découvrir le dressing qui devait faire environ la même taille que la pièce. Pour conclure, je devais avoir dormi à peine trois ou quatre heure. Je n'étais pas à l'aise, je me sentais agité et angoissé. Je n'arrivais pas à ne serait-ce que souffler un peu pour me relaxer. Il était encore tôt, le soleil se levant à peine et illuminant la pièce de ses doux rayons. Il m'apportait un peu de chaleur au fond de moi. Décidant de ne pas rester enfermée, je prenais la direction de la salle de bain pour aller me préparer. Mes cheveux attachés en un chignon, mes dents brossées et mon apparence à peu près potable, je sortais silencieusement. Je traversais les dédales de couloirs et je finissais par arriver dans le jardin. Voir ce si beau paysage me détendait inconsciemment. Je me mettais à faire une balade jusqu'à ce que je croise ma mère accroupie en train d'arroser des lys blancs. Ma fleur préférée depuis que je suis haute comme trois pommes. Je m'avançais lentement avant de m'abaisser à sa hauteur. J'observais ses gestes silencieusement, l'eau qui ruisselait sur les pétales blancs ainsi que le sourire qu'elle arborait en s'appliquant dans sa tâche. Habillé d'un peignoir blanc au fleur de cerisier ça me rappelait mon propre yukata. Ma mère finit néanmoins par entamer la discussion.

- Bonjour, bien dormi ? Elle se tourna vers moi plongeant son regard dans le mien. Je n'en ai pas l'impression, tu as l'air exténué.

- Je n'ai dormi que quelques heures à peine, avouais-je à mi-mots.

- Souhaites-tu en discuter avec moi ? Je comprendrais que tu ne sois pas à l'aise avec cette idée.

- Je pense que j'ai seulement besoin d'avoir des réponses. De comprendre tout ce qui m'arrive ces derniers jours. J'étais presque honteuse d'avouer ce genre de chose. Et pourtant je ressentais enfin tout le poids que je portais, toute mon anxiété s'évaporer.

- Exprimes-toi et j'essaierai au mieux de t'aider. Me sourit-elle chaudement.

- Merci. A dire vrai... Je ne sais pas vraiment par où commencer...

- Par le commencement peut-être ?

On se regarda avant de nous mettre à rire, le soleil nous illuminant dans notre dos. Finalement je me mis à l'aider tout en discutant avec elle. Plus je parlais, plus ça devenait facile. Les mots coulaient fluidement de mes lèvres et mon interlocuteur écoutait silencieusement d'une oreille attentive. Ainsi je lui racontais mon enfance pas toujours joyeuse, mes questions depuis que j'avais appris que j'étais en fait adopté, mon malaise dans tout ce luxe dont je n'avais pas l'habitude... Elle m'écoutait sans rien dire, sans faire aucune remarque et sans me juger. Je m'habituais à sa présence alors qu'elle continuait d'arroser ses plantes, marchant telle une reine dans son royaume. On remarquait facilement qu'elle était une grande aristocrate et pourtant elle était chaleureuse et souriante. Ce serait mentir de dire que ce n'était pas plaisant. Une fois son travail du matin effectué nous finîmes installés dans un petit salon de jardin avec de quoi grignoter.

- Je suis désolé, parla Lilyana après les quelques minutes de silence qu'avait engendré la fin de récit sur mon passé.

- Vous n'avez pas à vous excuser. J'ai appris à vivre avec. Certes, j'en garde des séquelles et parfois il m'arrive de me sentir mal en y repensant mais ça m'a forgé.

La fleur de lysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant