CHAPITRE 7

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M

ERCIE
– Tu te crois plus maline que les autres sous prétexte que t’es la frangine de l’autre grand con ?
À peine le temps de me retourner que je me retrouve plaquée contre le tronc d’arbre que j’avais à l’origine prévu de contourner pour aller m’installer pour le repas. Ce qui visiblement n’est pas au goût du plus jeune des Men In Kilt, qui se trouve aussi être le plus agressif.
Il n’a pas dû apprécier la remontée de bretelle de sa sœur tout à l’heure, et je peux le comprendre, mais sa main est bien trop puissante sur ma hanche. Tout comme son regard perçant qui me dévisage avec amertume.
– Je croyais que je ne devais pas me mêler de vos affaires ?
Bon, il n’y a pas vraiment de corrélation entre sa question et la mienne, mais disons que c’est le premier truc qui m’est venu à l’esprit. Il faut dire aussi que je n’avais pas prévu de me faire à nouveau agresser par ce malotru. Et encore moins de me retrouver si proche de lui. Deuxième altercation en même pas deux heures.
– Je sais pas comment ça fonctionne là-haut, mais ça semble très compliqué.
Il caresse à présent ma tempe pour appuyer ses propos et finit sa phrase avec un grand sourire. Je ne sais pas s’il va m’étrangler ou m’embrasser tellement c’est surréaliste.
– Pas étonnant, tu m’as tout l’air d’un analphabète décérébré.
Voilà que je l’insulte alors que je me demandais il y a trois secondes à peine si j’allais l’embrasser. Tiens, ça ne serait pas moi la décérébrée en fin de compte ?
– Analphatruc peut-être, mais je t’ai à l’œil. Alors pas de vague pendant le dîner sinon tu auras affaire à moi. Et juste pour info, ton frère ne me fait pas peur. Alors garde tes distances.
– Venant d’un mec qui se colle à moi avec autant de sex appeal qu’un caniche qui tenterait de monter sur un doberman, je vais bien prendre cette remarque. Maintenant si tu veux m’excuser.
Je le repousse, paume contre son torse et je sens son cœur qui tambourine. Un éclair passe dans ses yeux, mais il me laisse me dégager.
– Bien, je ne te salue pas.
Je me dépêche de faire demi-tour, mais il m’apostrophe une dernière fois.
– Tu peux bien raconter ce que tu veux Sassenach, on sait tous les deux que tu ne serais pas à la hauteur avec un homme, un vrai.
Adossé à l’arbre centenaire, il est un symbole de virilité brute et je dois faire tous les efforts du monde pour lutter contre mes salopes d’hormones parce que j’ai furieusement envie de faire demi-tour pour aller lui sauter dessus. Et en même temps il me fait carrément flipper. Je suis bizarre non ?
Ceci dit je n’ai pas trop le temps de me poser la question, car il s’avance et m’escorte de sa main chaude au creux des reins, direct jusqu’à notre table. Il en fait le tour alors que je suis encore sous le choc de la sensation de sa peau qui caresse ou effleure ou juste touche… je sais plus bordel… la peau de mon dos.
– Tiens, c’est ta place Mercie.
Il tire ma chaise et je vois Tina qui me lance une œillade suspicieuse à laquelle je n’ose répondre, car le Men In kilt le plus chaud de la galaxie me charme avec ses yeux émeraude.
Alors que mes fesses touchent le rembourrage velours de la chaise, il refait le tour et après s’être saisi d’un galet sur lequel son nom figure, vient s’asseoir à ma droite. Et déplace ainsi toute l’organisation calibrée au millimètre.
– Euh, tu sais à quoi sert un plan de table ?
Il se penche et replace une mèche derrière mes oreilles, me sourit et murmure avec sa voix vibrante.
– Les règles sont faites pour être transgressée Mercie.
Cette façon de prononcer mon prénom me rend dingue, littéralement dingue. Et puis c’est quoi son problème avec mes cheveux ? Heureusement, ma meilleure amie vient se positionner à ma gauche, elle non plus ne respecte pas le plan de table. Mais dans ce cas précis, ça m’arrange.
– Ouais ouais l’highlander, tu veux pas aller voir ailleurs si j’y suis ? On doit discuter elle et moi.
Quand je pense que c’est moi qui étais traitée comme une pestiférée au collège et au lycée alors que c’est elle qui est capable de dire ce genre de choses, ça me dépasse. Et pourtant je la connais depuis un moment.
Jack éclate d’un rire sonore bien trop élevé à mon goût et la perce de ses grands yeux verts. La pauvre, ou la chanceuse, je ne sais plus comment faire fonctionner mon cerveau aujourd’hui. À croire que rien ne change vraiment. J’entends encore toutes les moqueries de nos amis d’enfance qui résonnent dans ma tête.
Mercie la tarée. Mercie la sale pute. Mercie la débile. Merci la chaudasse. Merci la case en moins.
Un frisson me gagne et à tous les coups il va penser que c’est sa proximité. Sauf que là, j’ai un goût amer dans la bouche et ma vue commence à se brouiller. Il n’est jamais bon se remémorer son passé quand on a vécu l’enfer durant son enfance. J’ai chaud et je sens une goutte de transpiration qui glisse le long de ma colonne vertébrale. Je ne bouge pas, mais elle, elle accapare toutes mes pensées.
Tina doit s’en rendre compte, car elle pose sa main sur ma cuisse moite et rive son regard au mien.
– Tout va bien Merc. Respire. Ce petit con d’highlander va nous laisser.
Je me concentre sur elle et le verre d’eau qu’elle me tend. Je n’entends pas vraiment ce qu’elle raconte à Men In Kilt N ° 4 mais quand je me retourne, il n’est plus là malgré que son galet trône toujours à côté du mien sur la nappe.
– Je vais bien, merci Tina.
– Trop d’émotions ?
– Ouais, il est assez intense lui. Et ça fait revenir des souvenirs douloureux.
Elle me caresse le dos et me couve du regard. James rapplique aussitôt.
– Qu’est-ce qui se passe ? Mercie, tu vas bien ?
À la simple vue de ma mine déconfite, il sait très bien que je suis mal. Et comme à l’époque, mon chagrin est contagieux. Mon grand frère veille sur moi et me voir souffrir le rend fou. Mais pas ce soir, ce soir c’est son moment. Celui où tout le monde doit être heureux. Et je ne veux pas gâcher ça. Alors je me mets un coup de pied au cul imaginaire et je me ressaisis.
– Juste un verre de trop. Ne t’inquiète pas. Tout est sous contrôle.
Je lève mon verre d’eau.
– Je vais ralentir un peu la boisson et profiter de la soirée.
– Tu es sûre ?
Tina le congédie sans aucune diplomatie.
– Mais oui, allez ouste toi. Mais attends, qui t’as prévenu ?
C’est vrai ça, comment a-t-il su que je n’allais pas bien ?
– C’est Jack, il pensait que tu faisais un malaise, il est venu me trouver.
Donc les Highlanders peuvent faire preuve de savoir-vivre. C’est surprenant, mais un peu rassurant aussi.
Tina s’installe de façon temporaire à la place réservée pour James à côté de moi.
– J’aurais pas parié sur lui pour être attentionné. Mais qui sait, ils ne sont peut-être pas aussi terribles les Écossais.
– On parle de nous par ici ? En bien j’espère !
Nous sommes coupées dans notre conversation par le plus amical du clan de Nora. Je crois me souvenir qu’il s’appelle Neil, mais je n’en suis pas sûre.
– Pourquoi t’as des choses à te reprocher ?
Décidément, c’est le point de rassemblement. Lewis, le meilleur ami de mon frère se pointe au même moment. Lui et Tina ont eu une brève histoire il y a des années et depuis ils ne cessent de se tourner autour et de se disputer. James et moi pensions qu’ils se marieraient les premiers, mais visiblement, ce n’est pas encore fait. Tina tire sur ma manche.
– Donc en plus on va devoir se coltiner le parano ?
Évidemment, elle s’assure que tout le monde entende, y compris le principal intéressé.
– Oui et comme nous sommes à la table des mariés, inutile de vous rappeler qu’il vaut mieux se tenir à carreau.
Toute la tribu de Nora s’installe et Jack ne tient pas compte de nos remontrances et persiste à s’installer à côté de moi. Tina reprend sa place et se retrouve donc à côté de Lewis. Il me tarde que les mariés arrivent, histoire d’avoir mon meilleur allié à mes côtés.
Mais avant, place à la musique d’entrée des époux. Je sens que je vais rire de voir James se trémousser sur la piste.

 

A Scottish Wedding Disaster ( Sous Contrat D'edition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant