6 | Des mots

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Depuis l'aube, je tourne comme un lion en cage dans mon appartement qui me paraît soudainement trop grand, trop vaste, trop vide

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Depuis l'aube, je tourne comme un lion en cage dans mon appartement qui me paraît soudainement trop grand, trop vaste, trop vide. Je viens de finir une longue garde de nuit à l'hôpital, et pourtant le sommeil ne me vient pas. J'ai du boire au moins sept cafés dans la nuit, j'ai enchainé consultations et opérations depuis hier matin ; quarante-huit heures de garde.

Je me laisse lourdement tomber sur mon canapé : A t-elle reçu ma lettre ? Acceptera t-elle ? Le doute me ronge.

Vais-je la revoir ? Quelques heures et je serais décider.

Habituellement, je ne me montrais pas accrocheur : c'était la jeune femme qui le faisait d'elle-même. Mais je souhaitais découvrir ce que cachait cette femme, elle avait l'air si curieuse du sexe, des mots du sexe, des fétishismes, des pratiques et du mode de vie que cela implique ou impose.

Elle m'avait séduite en si peu de temps ; ça ne me ressemblait pas. Peu d'homme avait conscience du dévouement que leurs soumises déployaient pour satisfaire et contenter leur Maître.

Je trouvais ça fade, une relation avec du sexe pour du sexe, sans passions, sans sensualité, sans confiance : pas d'intérêt pour moi. Je préfère les pousser à me désirer, à me convoiter, à brûler de l'intérieur : passer par l'esprit pour atteindre le corps et non le corps pour viser l'esprit.

Je jette un rapide coup d'oeil rapide à l'horloge : onze heure trente.

***

Je la regarde s'avancer, hésitante, à travers le petit restaurant. Je ne peux retenir un léger sourire satisfait : elle aborde une simplicité naturel, une sobre élégance. Le décolleté plongeant de son top fluide me laisse distinguer une poitrine ferme, soulignée. Je me vois embellir sa silhouette par un fin tressage de corde noire parcourant chacune de ses rondeurs.

Eva vient de m'apercevoir et s'avance dans ma direction d'un pas rapide, la respiration saccadée, ses pommettes rosissent de honte.

— Excusez-moi pour le retard, j'ai pas vu l'heure, explique t-elle d'une petite voix en se tripotant les doigts.

Je laisse échapper un long soupir. Elle me ment : si elle est en retard de dix-sept minutes, c'est parce qu'elle attend depuis vingt minutes devant la vitrine du petit bistro, ne sachant pas si elle devait se laisser aller à cette nouvelle expérience.

— Le mensonge est impardonnable, que l'on soit d'accord, Eva. Souvent ce que la langue nie, la rougeur l'avoue, me mentez jamais.

Elle acquiesce, honteuse. Je me ravise de la punir : elle n'est pas mienne. Je reviens à notre conversation, et à l'origine de nos présences ici.

— Ne me mentez plus, l'averti-je. Si vous étiez à moi je serai déjà entrain de vous punir.

— Mais je ne suis pas à vous, me sourit-elle.

— Si vous êtes là aujourd'hui, c'est que vous le souhaitez, Eva.

Je m'arrête quelques minutes, le temps que le serveur prennent nos commandes, avant de reprendre.

— Avez-vous réfléchis à ma proposition, Eva ?

Désir IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant