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Dix jours se sont écoulée depuis le jour où je m'étais occupé de cet homme accidenté. La petite, Emma de son prénom a repris tous ses esprits mais elle restait très faible et instable. Elle refusait de collaborer, voulant à tout prix qu'on la laisse rentrer ou plus tôt partir mais on ne pouvait pas la libérer seule, pas seulement parce que son état demandait de l'attention et qu'elle était encore mineure, mais il n'y avait personne pour payer ses frais et c'est un centre de plus modeste qu'il soit et même s'il est à caractère caritative, nous avons besoin de cette finance.

Pour en revenir à cet homme, j'ai pris l'habitude de m'occuper de lui. Et d'après Eloïse, c'est « bénéfique ». La première fois ou je m'en suis occupé, j'ai eu Eloïse au téléphone et on a longuement discuté sur le sujet. Elle dit que c'est la meilleure thérapie que je n'aurais peut-être pas la chance d'avoir une fois de plus, être proche de l'objet de me tourment, être en mesure de canaliser ma colère en prenant soin de lui. Je n'y ai pas cru sur le coup, mais avec un peu de recul je pense qu'elle n'a pas totalement tort. Depuis peu, je me sens un peu plus à l'aise, plus calme. Même si je ne prétends pas avoir des nuits totalement paisibles ou que mes ressenti sur les hommes ont changé, mais je crois que ce rapprochement à changer quelque chose, aussi infime soit-il. J'ai un peu honte de moi, mais ce qui c'était passé hier était comme l'a dit Eloïse, et je l'ai senti, un grand pas vers la « guérison ».

Flash-back

J'ai discuté avec Eloïse et elle m'a presque supplié de retourné m'occuper de cet homme. Cette requête a beaucoup étonné le docteur Brad mais il n'a posé aucune résistance car apparemment lui aussi a eu une nuit quelque peu agitée. Je sais qu'il est en processus de divorce avec sa femme, et que celle-ci ne lui laisse pas vraiment des moments de répis. Même si ça n'interfère nullement à son travail, il est un homme malheureusement remplie de sentiment et comme toujours, ça le rend si faible et vulnérable. C'est le seul homme à qui j'attribue du respect et surtout de l'estime non pas seulement à cause de son travail ardu, mais aussi à cause du dévouement qu'il a envers ses enfants, sa femme, qui de toute évidence ne le méritait pas.


Après lui avoir donné les soins dont il avait nécessairement besoin, j'ai vue l'un de ses doigts bougé tout doucement. Je ne sais pas si c'est une illusion de ma part, mais je jurerai avoir vue son index bougé. Timidement, je me suis rapproché de lui. Normalement, j'aurais dû lui faire des examens supplémentaires pour voir si l'hématome qui s'était formé dans son crane s'est dissiper et aussi tester sa sensibilité, mais j'étais là à côté de lui, immobile et silencieuse comme si j'attendais quelque chose de précis, comme si son réveil voulait dire autre chose qu'une réussite dans ma profession. Combien de temps je suis resté à le fixer ? je ne sais pas. Mais ce dont je suis sure, c'est que ce moment avait quelque chose d'étrange, ce genre de moment que passe un retraité dans son bureau en train de repensé a toute les fois où il a raté des repas de famille, à chacun des fois ou il n'a pas pu aller voir le match de foot de son fils ou le spectacle de théâtre de sa fille. J'ai senti, pour une fois depuis longtemps, une douce lueur de nostalgie lié à ma vie insouciante d'étudiante.

Fin du flash-back

Eloïse s'est spécialisé en psychologie après ses études et même si j'ai refusé qu'elle me psychanalyse, elle m'a fait un petit aperçu de mon « état » : elle dit que j'ai reçu un choque post-traumatique a longue durée. Elle a longtemps insisté pour qu'elle me reçoive dans son cabinet mais je ne suis pas sûre d'être prête a retourné en ville. Tout ce que j'y ai laissé n'a plus aucune importance pour moi. Thomas ? je ne sais pas ce qu'il est devenu... il était très brillant et avait un avenir prometteur dans sa faculté de droit. A l'heure qu'il est, il doit être un très grand avocat dans le monde. Mais thomas ne m'appartient plus.

Les jours se succédait, et l'état de mon patient s'améliorait. Il n'avait plus besoin d'être relié à des machines pour respirer, le docteur Brad avait donc prédit un réveil imminent. De mon côté, alors que en tant qu'infirmière en charge du patient, cette nouvelle aurait dû me réjouir mais a vrai dire, le sentiment était tous le contraire. Etre proche de cet homme alors qu'il avait le yeux clos et l'esprit totalement ailleurs était une chose. Mais être devant lui, mesurant toute l'arrogance et l'insolence qui sortait de ses yeux en était une autre. Je me sentait incapable de gérer cette situation. J'ai donc demandé à Rita de le reprendre, non sans l'indignation d'Eloïse et le regret du Dr Brad.


La Maladie d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant