Accoudé à la rambarde de la fenêtre de mon petit appartement, j’observais distraitement les marguerites qui s’agitait au vent, renvoyant une délicieuse odeur fruité qui leur est si particulière. S’il y a quelque chose qui m’a vraiment scotché dans ce petit village, c’est la beauté naturelle dont elle est empreinte. La verdure, sauvage et totalement autonome qui s’étendait à perte de vue lorsqu’à midi, il nous venait l’envie de prendre une pause déjeunée était très apaisant. Elle avait le don de réconforté, avec ce petit souffle curieux et désinvolte, les âmes en peine errant comme ce que je possédais. Une identité volée ainsi qu’une vie entière, m’avait offert la sérénité de ce lieu complètement immaculé et très loin de la cruauté des citadins abrupte. J’adorais cet endroit.
Aujourd’hui encore, depuis bien longtemps, le docteur Brad m’a autorisé de rentrer me reposer pour la nuit, sentant que la semaine passée dans le centre me pesait sur les épaules. Le vent froid qui me parvenait de la fenêtre me faisais un bien fou. Avec le temps, j’avais compris que chacun dans ce monde avait sa drogue. Il y a de ceux qui ont besoin d’une dose de cocaïne pour se sentir vivant, d’une pinte de bière, il y a de ceux qui choisissent l’amour qui leurs permettait de se sentir en vie. Moi, je n’ai choisi aucun de tout ça, le trouvant si doux et inefficace. Je me retirais donc de la fenêtre, en retirant le peu d’habit qui couvrait mon corps, lui-même déjà couvert de chair de poule, notamment une nuisette en flanelle rouge, a l’allure très séductrice que je me permettais de mettre lorsque j’avais besoin de ma dose de drogue.Lorsque je fus devant le grand miroir fissuré qui gisait au seuil de ma salle de bain, j’entreprit de retirer sans apport d’effort, le léger tissu qui recouvrait mon corps, pour mettre à nue non seulement mon intimité, mais aussi les nombreuses cicatrices que recouvrait mon corps blême et maigre. Devant ce miroir, j’avais un déchet humain, un tas d’os résultant de ma plus récente anorexie. Une image bien que tordu à cause de fracas du miroir, mais encore plus tordu à cause de la douleur, qui tous les jours devenaient plus intense. Ce miroir me permet de ne pas oublier qui je suis, une femme brisée et totalement détruite. Quand en face de moi je découvre l’entaille qui s’élance de l’intérieur ma cuisse droit à mon genou, un rire sans joie s’échappa de ma gorge sèche à cause du froid. C’est la cicatrice qui a été le plus douloureux de tous, parce qu’en ce moment, j’étais innocente, je ne savais pas ce que c’était que la douleur, la cruauté. Les autre, je les avais occasionnés avec beaucoup plus de soin. Je me suis délecté de chaque goutte de sang qui s’échappait soit de mes poignet, soit de mes chevilles. Ce sont là les mutilations que je me suis faite en essayant de ressentir avec mon corps, la douleur encore à vif de mon âme. Dans le bain, je frissonnais à en claquer les dents. L’eau était si froide que je voyais mon teint caramélisé devenir pale, et je sentais tout mon corps se fripé. C’était douloureux, et même mes larmes chaudes ne pouvais pas réchauffer mon visage presque glacé. Avec beaucoup de difficulté, je sortis de la douche proche de l’hypothermie, et m’enroula dans une grosse couverture, ou je ne saurais dire si je m’étais endormi ou si je m’étais évanoui.
Alors que je pensais dormir et peut-être ne plus jamais me réveillé, un espoir que je fleurissais secrètement, la lueur du soleil qui sort doucement de l’horizon me sortit de mon lourd sommeil bouleversé par des cauchemars que je considérais comme anodin depuis le temps que je le faisais. Péniblement, je me tirais du lit, encore toute nue comme un vers et je me mis la bouilloire en marche. Je n’avais ni faim, ni soif alors que ça devait faire plus de vingt-quatre heure que je n’avais rien mangé. La petite horloge qui ornait ma table de chevet indiquait cinq heure trente-deux. Dans le miroir, cette fois mon visage faisait peur. J’avais des cernes violette et les lèvres grisonnant qui me faisait ressembler à un déterré. Le sifflement de la bouilloire me tira de ma contemplation intense, pour user de cette eau chaude pour mon bain. Mon hypothermie étant passé, je ne risquais plus rien à prendre une douche chaude. Après la longue nuit que j’ai passée, partir au centre avec cette tête aurait été le comble, alors une douche bien chaude, un grand verre de jus de fruit et de la pommade pour matifié un peu ma peau me remit d’aplomb et me rendit un peu plus présentable. L’horloge indiquait sept heure quand je pris la route du centre, comme si de rien n’était.
Au centre, les consultations avaient déjà débuté, et on avait besoin de moi à la maternité pour les consultations prénatales. Voir ces femmes heureuses, avec leurs gros ventres me faisait du bien, je n’avais pas fermé mon cœur au bonheur des autres, je ne suis pas une brute. Toute la journée, j’ai discuté gaiement avec ces femmes, prodiguant des conseils sur leurs états et il y en a même qui me faisait part des futurs prénoms. Je crois que c’est un plaisir que je n’aurais jamais le privilège d’avoir, celui de porter en mon sein un petit être innocent et doux.
Vers la tombé de la nuit, Rita me prévint que l’homme que nous avons sauvé la vie avait enfin émergé. Elle était toute excitée, voire heureuse de cette nouvelle alors que moi je n’en avais plus rien à faire. Cette nuit, je me suis à nouveau immunisé et vraiment revoir cet homme reviendrait à du suicide, plus pour lui.
Dans les couloir, j’aperçu le docteur Brad toujours avec son pas pressé, qui manqua de justesse de me rentrer dedans
- Mademoiselle Orianne, comment allez-vous ?
- Je vais bien Docteur
- Bien c’est l’essentiel, pourriez-vous s’il vous plais me prendre le dossier du patient de la chambre 4, je dois aller voir le jeune homme que j’ai opéré puis me pencher sur son cas.
- Euh… naturellement Docteur
- Posez-le sur mon bureau après, merci
Je voulais le suivre pour lui dire que non, je n’avais aucune envie d’entrer dans cette chambre, mais il était déjà très loin et en plus je n’avais aucune raison de faire ça. Pour la deuxième fois depuis que nous avons admis ce patient, j’eus le cœur lourd a l’idée d’entrer dans cette chambre qui pourtant m’est si familière, ayant pris l’habitude de m’y introduire lorsqu’il était inconscient.
Rien n’avait changer à l’intérieur a part la lumière qui était moins forte sans doute sur demande du patient. Dès que j’ai ouvert la porte, le dossier bleu du docteur Brad me fit de l’œil. Je m’en saisis comme d’un trophée, puis ce que je craignais, ou redoutait arriva.
- S’il vous plait… mademoiselle ?
Je ne me rappelle pas avoir un jour été plus crispé que je ne l’étais, ce dossier me servait désormais comme un bouclier, mais la légèreté des papiers que j’étais en train de froisser, me rappelais que j’étais a découvert, beaucoup trop a découvert. Puis la nuit d’hier me revint en mémoire et mon armure, celui que j’avais mis cinq longue année à construire refit surface, me rappelant que j’étais celle qui avais le dessus maintenant.
- Mademoiselle, j’ai… j’ai la gorge sèche, pourriez-vous me servir un verre ?
Sans dire mots, je pris la carafe et lui servit un verre. L’avidité avec lequel il buvait son verre avait quelque chose de…non. Je dirais plutôt que sa vie ne tenais qu’a ce liquide. Dans une autre vie, la scène m’aurait paru attendrissante, mais là tout de suite, toute mon amertume avait refait surface et honnêtement je n’avais qu’une envie, c’était de le voir s’étouffer avec son verre.
- Je vous remercie pour le verre mademoiselle, je ne me rappel plus de grand-chose… est-ce que vous vous souvenez si à mon arrivé je n’avais aucun document ?
Il avait une voix rauque, le typique même de bourreau de cœur. Et pour la première fois depuis son admission, je me permis de regarder ses yeux. S’il y a quelque chose de bon que je retiens de mon paternel, c’est que dans le temps il me disait souvent que les yeux étaient le reflet de l’âme. Dans les yeux, on pouvait tout voir d’après lui… du bonheur au désespoir et que tous les émotions y passaient. Ce que je vis pourtant dans ces yeux vairons était le contraire de ce que je voulais ressentir. Il n’y avait rien d’autre que la désillusion et peut être même de l’égarement, j’en était moi-même désarçonné. Il se pourrait qu’il y ait du bon en cet homme ? Cela m’étonnerais beaucoup.
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La Maladie d'amour
RomanceChaque jour, nous vivons des moments qui quelques secondes plus tard sont considéré comme le passé, un passé que nous ne pouvons plus jamais retrouvé. Parfois ce sont des moments heureux, mais pas toujours. Orianne est une belle jeune femme, très je...