Chapitre 34

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Aujourd'hui, toute l'agence assiste à une formation assurée par un intervenant extérieur sur la sécurité en entreprise. Pendant une heure, je me retrouve presque collée contre Chloé dans une salle non dimensionnée pour accueillir tout ce monde, et si ce n'est pas la définition même de la torture alors faites-moi avaler un dictionnaire !

Betty n'a jamais été aussi près de la réalité en parlant d'électricité entre nous. J'ai du mal à me retenir de la toucher, ça en devient maladif, et ça m'énerve d'avoir tant de difficultés à garder le contrôle de moi-même. Ça ne me ressemble pas du tout.

Lorsque la présentation se termine, l'intervenant s'en va et je pense être libérée. Mais c'est sans compter sur Joanne qui souhaite prendre le temps de débriefer. Cela prend des heures et je suis à deux doigts de péter un câble. Finalement, c'est le comportement de Chloé qui m'offre une distraction.

Je la vois pianoter discrètement sur son téléphone et ça m'énerve. Voilà pourquoi je déteste les nouvelles technologies. Les gens ne peuvent s'empêcher de coller leur nez dessus. J'imagine que c'est important si elle l'utilise en pleine réunion, mais ça reste impoli. J'ai le réflexe d'essayer de lire ce qu'elle écrit, mais je détourne rapidement les yeux. Cela ne se fait pas, et de toute façon je ne distingue rien.

Soudainement, son écran s'éclaire et je sens son corps se tendre. Ses doigts se contractent autour de son téléphone et ses jambes entament une samba sous la table. Elle lève la tête et semble prendre conscience de l'auditoire, un air contrarié sur le visage. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais son agitation soudaine n'est pas sans me rappeler une cocotte-minute vibrante sur le point d'exploser sous la pression. Elle le lève finalement en s'excusant de devoir prendre l'appel et sort de la pièce.

J'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis le début de la réunion et profite de l'espace qu'elle laisse pour m'étirer un peu. Je tente de me reconcentrer sur le sujet, mais j'ai perdu le fil et les allers-retours incessants de Chloé devant la porte me rendent chèvre. Elle aurait pu aller téléphoner plus loin. Comme un morceau de métal attiré par un aimant, mes yeux ne peuvent s'empêcher de suivre sa silhouette contractée. De ce que je vois, je n'aimerais pas être la personne au bout du fil.

Après quelques minutes, Chloé se réinstalle silencieusement sur sa chaise collée à la mienne. Elle tente de garder une certaine contenance, mais je la vois frémir. J'aperçois Joanne lui lancer un coup d'œil avec une pointe d'interrogation dedans. Elle semble au courant de ce qu'il se passe, et je me surprends à ressentir une pointe de frustration de ne pas être au fait de la situation. Pourtant, il n'y a absolument aucune raison pour que ça soit le cas, et je replonge le nez dans mon carnet rempli de gribouillis.

À côté de moi, Chloé se tient droite comme un piquet. Totalement naturel comme position...

Je ne saurais dire ce qu'il se passe dans sa tête à cet instant précis, mais elle a vraiment l'air à fleur de peau. Elle ressemble à une grenade venant d'être dégoupillée, prête à tout ratisser sur son passage.

Des fourmillements dans ma jambe viennent parfaire ce moment des plus agréables. J'exécute une petite danse discrète sous la table pour essayer de m'en débarrasser et cogne le genou de Chloé.

– Pardon, m'excusé-je d'un souffle presque inaudible.

Par réflexe, je pose ma main sur sa cuisse pendant une demi-seconde pour l'écarter, mais ce contact me fait réaliser que ma jambe était collée à la sienne depuis son retour.

Rapidement, je me rends compte que la légère vague de chaleur que provoquait sa cuisse sur la mienne me manque. Je replace alors ma jambe contre la sienne. Sur un malentendu, ça peut passer.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant