Chapitre 2

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– Meeeoooow.

Agression matinale.

C'était prévisible...

Je grogne et m'étire, lâchant avec dédain mon téléphone portable sur la couette. Je soupire en fixant Artémis dans les yeux.

– Pas aujourd'hui, je t'en prie.

Il s'avance vers moi, prêt à répliquer, mais je lève une main devant lui.

– Oui, je vais m'occuper de toi, comme tous les jours, tu me donnes deux minutes ? Ce n'est quand même pas trop demandé !

Il s'assied sur le lit, le dos droit comme une statue romaine, et m'observe de ses pupilles brillantes, semblant hésiter. Finalement, il grimpe sur mes genoux et frotte sa tête noire sous mon menton comme pour me signifier « je ne t'en veux plus, tu peux me papouiller maintenant ».

Ben voyons ! Et si moi je lui en veux toujours ? Il faut dire qu'hier, mon chat a décidé de repenser tout le design de mes culottes à coup de griffes ! Alors, qu'il prenne mes sweatshirts comme des panières, passe encore. Qu'il transforme mon matelas en paillasson aussi poilu qu'un sol de salon de coiffure, je ne bronche pas. Qu'il considère que la litière est un terrain de jeu, ma foi les aspirateurs existent pour quelque chose. Qu'il décide de me ramener oiseaux et souris comme des talismans chamaniques, ça commence à être limite. Mais qu'il détruise, totalement gratuitement, mes sous-vêtements préférés, ça c'est de la trahison pure !

Comme s'il lisait dans mes pensées, il approche son museau et me regarde avec ses yeux de Chat Potté. Je fonds. Ah, mais ce n'est pas possible ! Suis-je constamment si faible face à cette petite boule de poils insupportable et pourtant tellement attachante ?

Je gratouille son cou ronronnant et me lève quand il saute de mes genoux pour atterrir gracieusement face à la porte. Se glissant dans l'interstice, il me guide vers sa gamelle de son élégante démarche féline.

– Ne t'inquiète pas, va ! Je connais le chemin.

En passant dans la cuisine, j'allume la vieille radio rétro que mon frère a retapée. Je n'ai pas une relation très fusionnelle avec Alex, mais on s'appelle régulièrement pour se mettre à jour de nos vies respectives. Il reste le seul réel lien que j'ai avec ma famille.

Le jour de mes seize ans, après une enfance qu'on peut difficilement qualifier d'épanouissante, mon père m'a offert de « débarrasser le plancher à grands coups de pied au derrière ». Lorsqu'il a compris que ce n'était pas un gendre que je ramènerai sous son toit. Je représentais déjà un tel désastre pour lui, je pensais qu'un peu plus ou un peu moins n'opéreraient pas de grandes différences. C'est la seule fois où ma mère est sortie de sa léthargie pour s'interposer entre lui et moi, et j'ai pu rester jusqu'à ma majorité, mais à quel prix...

C'est ma sœur qui l'a appris en premier. Elle m'a surprise en train d'embrasser Mélodie, à douze ans, dans la petite cabane de tissu que j'avais construite dans ma chambre. Elle a gardé cette information pour elle, tout en m'infligeant le traitement du silence pendant trois ans. Elle ne daignait me parler que lorsqu'elle n'avait pas le choix. Une réaction très mature, pour mon aînée de quatre ans, qui a ruiné notre relation.

La voix grésillante de Calvin Harris sort de la petite radio de la cuisine, pleine de promesses positives pour cette journée. J'attrape le cachet posé en évidence sur le bar et l'engloutis avec un grand verre de jus d'orange. Je savais visiblement d'avance que prévenir mes amis n'allait pas suffire à rester convenablement sobre.

Après une douche noyée sous les enceintes hurlantes de la radio, je rejoins le marché du village. Rien de tel qu'une petite balade pour s'assurer d'avoir les yeux en face des trous. Ce n'est qu'arrivée sur la grande place que je réalise avoir laissé mon portable dans mon lit. Je ne sais pas qui m'a écrit ce matin, mais si c'était important, on m'aurait appelée.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant