Chapitre 6

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       Je patiente depuis seulement quelques minutes devant le Raspuntzel lorsque je vois Betty sortir de sa voiture vêtue d'une robe jaune magnifique. Cette couleur rend son teint éclatant et la longueur du tissu tombe harmonieusement sur ses hanches gourmandes.

Wow, il y a du niveau !

Quand ses yeux caramel se posent sur les miens, son visage se fend d'un grand sourire et c'est presque en courant qu'elle élimine la distance qui nous sépare. Je lui renvoie sa joie et me penche pour l'embrasser sur la joue. Mais elle en a décidé autrement et m'enlace avec fermeté, collant son corps contre le mien.

– Salut, Mademoiselle ! lui soufflé-je à l'oreille en riant. Tu es très belle.

Elle se détache de moi et se recule pour jauger mon attirail composé d'une veste officier bleu nuit recouvrant un T-shirt loose rentré dans un jean sombre à l'effet usé.

– Tu n'es pas mal non plus, jolie Charly.

Je souris et l'invite à entrer dans le bar. L'atmosphère est feutrée, une lumière rouge tamisée éclaire individuellement chaque table et un fond de musique électronique alimente l'ambiance cosy de l'endroit. Il n'y a presque personne, il faut dire qu'il est peu commun de sortir un mercredi soir dans le centre de Megève hors-saison.

Au moins, personne ne viendra nous faire chier.

Je la suis vers une table en bois, fabriquée à partir d'une bobine de câbles électriques, un peu isolée au fond de l'établissement. Des fauteuils larges et dépareillés encadrent une banquette ayant l'air extrêmement confortable. Betty prend place sur cette dernière et je m'assois à côté d'elle. Le serveur reparti avec nos commandes, je me penche vers Betty.

– Je pense que ce que tu as fait était très culotté !

– Qu'est-ce que j'ai fait ? demande-t-elle, étonnée.

– M'inviter à sortir, de cette manière, sans préavis. Je t'avouerai qu'on ne me l'avait encore jamais fait comme ça.

– Ah ! C'est vrai, j'ai osé, rit-elle. En fait, avant, j'avais tendance à préparer le terrain, récupérer le numéro de ma proie et dragouiller par ce biais, si on peut dire. Mais les textos ou tout autre moyen de communication du genre, pour ça, c'est l'enfer. Tu attends des heures que la personne te réponde sans savoir si elle est occupée ou si elle t'ignore. Tu as toujours l'impression qu'elle parle froidement et qu'au final, c'est juste toi qui lui cours après. Ça me rend complètement parano et ça me fait me sentir super mal. Du coup, maintenant, je préfère jouer franc-jeu dès le départ, au moins je suis fixée.

Le serveur arrive et dépose nos boissons devant nous, avec un bol de cacahuètes.

– C'est une bonne façon de voir les choses. Ça m'a plutôt agréablement surprise en tout cas. Et puis, c'est marrant de travailler avec une lesbienne !

– Je ne suis pas lesbienne, répond Betty en fronçant imperceptiblement les sourcils.

– Ah ! Pardon, rectifié-je. Avec une bi ! C'est juste que je m'attendais à être la seule.

Elle se met à rire doucement.

– Raté ! Je ne suis pas bi non plus.

Je me gratte la tête en plissant les paupières. J'ai du mal à suivre.

Betty pose son verre devant elle et triture la petite serviette arborant le logo du bar, les lèvres à peine étirées sur son doux visage.

– Charly... As-tu vraiment besoin de mettre les gens dans des cases ?

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant