Chapitre 4

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La joue posée sur mon poing, je tente du mieux que je peux de prendre des notes sur le cours. Cela fait deux jours que nous avons debuté les cours et j'avoue avoir un peu de difficultés à suivre. Les espagnols parlent vraiment vite ! Mais Laura et Julia - qui sont aussi en licence d'espagnol - ont promis de m'aider à réviser.
Là, nous sommes dans un amphithéâtre bondé de monde, en cours de civilisation espagnole. C'est très intéressant, mais je manque de vocabulaire pour comprendre entièrement la leçon. Cela me stresse un peu mais je pense m'en sortir. En plus de ça, ce soir je rend visite à Alberto pour avoir ma réponse. J'espère sincèrement qu'il sera d'accord pour m'engager. J'ai réellement besoin de ce travail.
A midi, nous rejoignons Maria au restaurant universitaire, pas trop loin du campus. Cette université est bien plus classe que celle que je fréquentais en France, je suis forcée de l'admettre. Je m'y plais bien.
- Oh ! Trop bien, je suis trop heureuse ! s'exclame Maria en regardant son téléphone.
- Pedro t'as demandé en mariage sur Twitter ? rigole Julia.
- Non, mieux que ça !
- Oulah ! C'est quoi alors ?! s'étonnent Julia et Laura.
- Pablo Alborán a sorti une nouvelle chanson !
- Sérieux ?! s'écrie Laura tandis que Julia secoue la tête.
Laura tend sa tête vers le téléphone se Maria pour regarder la vidéo avec elle.
- Je ne comprends pas votre délire avec ce mec, s'insurge Julia. On sait tous que le meilleur c'est Enrique Iglesias, pas vrai Krystell ?
- À vrai dire, je ne sais pas qui c'est Pablo Alborán...
Les filles lèvent la tête vers moi, comme si je venais d'une autre planète; même Julia qui ne semble pas l'apprécier plus que ça est étonnée.
- Tu ne sais pas qui c'est ?! s'exclame Maria, sa main sur son coeur pour faire mine d'être offensée.
- Le seul chanteur espagnol que je connais c'est Enrique Iglesias, avoué-je.
Julia sourit d'un air victorieux.
- On a des choses à t'apprendre alors, ajoute Maria en posant son téléphone.
Laura et Maria me racontent l'histoire de ce chanteur, leurs chansons favorites, les concerts auxquels elles sont allées. Puis elles ajoutent une petite anecdote intéressante:
- Et pour couronner le tout ! commence Laura.
- Chose qui devrait te faire plaisir, ajoute Maria.
- Il parle français à la perfection ! termine Laura. Je te jure que son accent est trop mignon quand il parle français.
- Même si on ne comprend pas grand chose, rigole Maria. C'est un peu pour ça qu'on adore la France et le français...
C'est plutôt une bonne raison. Moi c'est Daddy Yankee qui m'a fait aimer l'espagnol. En tout cas, je serai ravie de connaitre Pablo Alborán ; s'il plaît tant aux filles, il pourra certainement me plaire. Et puis, connaître de nouveaux chanteurs espagnols étaient l'un de mes objectifs en venant ici.
L'après-midi, nous avons pas mal de cours, tels que traduction française - qui soit dit en passant est un cadeau pour moi - littérature française, et deux heures de TD de civilisation espagnole. A la fin de cette longue journée, je reprends le bus avec les filles que je quitte sur la place. De là, je continue mon chemin vers le bar d'Alberto. Il vient tout juste de se rouvrir. Alberto fait une pause de quinze heures à dix-huit heures. En entrant, je remarque que déjà beaucoup de monde sont présents, bien plus que les fois précédentes.
- Bonsoir Alberto !
- Bonsoir Krystell, tu es venue pour ma réponse, je suppose.
Je vois dans son regard un air de regret. A-t-il refusé ?
- Cela nous fera certainement bizarre les premiers temps mais, nous sommes prêts à te prendre à l'essai pendant un à deux mois. Après quoi nous verrons si tu peux avoir un travail à plein temps ou non.
- Oh merci ! m'exclamé-je avec joie. Je commence quand ?
Alberto lève son index, avant de s'en aller vers l'arrière du bar. Au même moment, j'entends des notes de piano, venant du fond de la salle, comme si quelqu'un testait le piano.
Alberto revient quelques minutes plus tard, un papier en main.
- Voilà, ce sont tes heures. Je suppose que tu as cours avant donc j'ai fais au mieux pour que cela puisse t'arranger. Dis moi si ça te convient.
Je scrute mes nouveaux horaires: lundi apparemment je ne travaille pas, ça commence bien ; mardi de 19 heures à 22 heures ; mercredi de 18 heures à 21 heures ; jeudi 19 heures 22 heures ; vendredi 18 heures 22 heures. Et je ne travaille pas le week-end. C'est déjà très bien. En plus de ça, ça colle parfaitement avec mon emploi du temps. Et je suis assez bien payée.
- C'est bon pour moi, Alberto. Merci encore.
- Mais ce n'est rien, je suis ravi d'aider, me sourit-il. Tu veux boire quelque chose ?
- Oui je veux bien un Mojito sans alcool, s'il te plaît.
- Je t'apporte ça tout de suite.
Encore une fois, le piano se fait entendre mais là, il s'agit d'une vrai mélodie. Puis une voix masculine se met à chanter. Je n'en crois pas mes oreilles, cette voix est magnifique, et il chante divinement bien. Je ne comprends pas grand chose mais, rien qu'à sa manière de chanter, je ne peux m'empêcher de comparer cela à de la poésie. Je ne sais pas qui est ce chanteur, mais il est vraiment talentueux. Alberto pose un verre devant moi.
- Alors, t'en penses quoi ?
- Bah je n'ai pas encore goûté donc je ne peux pas vraiment répondre.
- Je parlais de Pablo.
- Pardon ?
Il m'indique le fond de la salle d'un signe de tête. Je me tourne, un peu confuse; et c'est alors que je vois, assit sur une petite estrade devant un piano, Pablo. Ce garçon que j'ai rencontré une semaine plus tôt, et qui m'a emmenée ici la première fois.
- Il vient nous chanter quelques chansons quand il est de passage, je suis vraiment fier de lui et de son parcours. Il a un grand avenir devant lui.
Pablo termine sa chanson et un grand sourire s'étend sur ses lèvres lorsque le public applaudit. J'en fais de même, il le mérite. Son regard balaye la salle jusqu'à ce qu'il croise le mien. Il semble d'abord surpris, mais son sourire s'élargit. Pablo descend de l'estrade et avance dans ma direction.
- Ca va la star ? ris-je.
Il rit doucement avant de prendre le verre qu'Alberto a posé devant lui. Il le lève vers moi, j'en fais de même.
- Content de te revoir, me dit-il en souriant. Le bar te plaît alors ?
- Oui et j'ai d'ailleurs postulé pour être serveuse. J'avais besoin d'un petit job pour survivre cette année.
Pablo semble ravi.
Alberto nous fait un léger signe de la main puis s'éloigne.
Pablo reste silencieux, buvant son cocktail. Je m'autorise à l'observer un instant. Il chante divinement bien, je n'ai jamais entendu une voix aussi belle.
- Tu chantes vraiment bien, commencé-je. C'est ta chanson ?
- Merci, oui c'est ma chanson. Je l'ai écrite pendant mon voyage aux Amériques.
- J'ai beaucoup aimé, bien que je n'ai pas compris la majorité de la chanson. Ça se sent que les paroles sont vrais. Tu as du talent.
Pablo semble soudain gêné, pour une raison qui m'échappe.
- Qu'est-ce qu'il y a ? le questionné-je.
- Rien, ne t'inquiète pas, me dit-il en souriant. Tu veux qu'on sorte ? me propose-t-il ensuite.
- Pourquoi pas.
Nous quittons le bar, et prenons un peu d'air frais. Dans un premier temps, nous apprécions le silence - assez difficile à trouver dans le coin, soyons honnêtes -, nous promenant dans les petits rues alentours. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de connaitre ce garçon. Il a l'air intéressant, et j'avoue que sa voix m'a littéralement envoûtée. Nous nous arrêtons finalement, près d'un immense monument.
- Ton séjour en Espagne se passe bien ? me demande-t-il enfin.
- Oui, ça me plaît beaucoup. Je ne regrette pas d'être venue.
- Tant mieux. Après tout, cet endroit est super, on ne peut que se sentir chez soi ici, ajoute-t-il.
Je hoche la tête discrètement.
- Et toi, ça avance ton prochain voyage ? Tu as trouvé une destination ?
Pablo pâlit légèrement; je le trouve vraiment étrange ce soir. Il réagit comme quelqu'un qui ne dit pas la vérité. Tout compte fait, c'est peut-être le cas, je ne le connais pas de toute façon. Mais bon, pourquoi s'intéresser à moi pour me mentir ?
- Je retournerai peut-être en Amérique, dans les coins que je n'ai pas encore visité.
- Oui, c'est vrai que c'est un continent qui mérite d'être visité.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le crois pas. Il y a quelque chose de mensonger dans sa voix. Nous reprenons notre marche jusqu'au parc; je tente pendant ce temps de lui pardonner son comportement, et ne plus y penser. Arrivés à sa voiture, Pablo me propose de me raccompagner jusqu'à chez moi; j'accepte avec plaisir.
- On pourrait se revoir ? me demande-t-il.
Je tente de cacher mon sourire ; un beau garçon qui s'intéresse à vous, ça fait toujours son petit effet.
- Tu sais où m trouver, lui dis-je avec un clin d'oeil.
Pablo hoche la tête, souriant.
- À plus tard Krystell.
- À plus tard Pablo, répondis-je sur le même ton.
Puis je sors de voiture et rentre chez moi. C'est au moment où je referme la porte que j'entends sa voiture partir. Ce n'est qu'à ce moment précis que les choses s'éclaircissent dans mon esprit: et si c'était lui Pablo Alborán, le chanteur dont les filles m'ont parlée ?

Ne m'oublie pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant