Chapitre 5

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Cette idée me trotte à la tête toute la nuit. Tout porte à croire que c'est lui, il faut se rendre à l'évidence. Le jour où je l'ai rencontré, les gens nous regardaient étrangement et nous ont pris en photo, ensuite, les filles me parlent d'un dénommé Pablo Alborán qui vient de sortir une chanson et qui parle parfaitement le français, et hier soir, le Pablo que j'ai rencontré a chanté au bar. Et puis, il ne semble tellement sincère au sujet de ses voyages. Mais je n'irai pas vérifier sur internet, ni même le lui demander en face. Je veux le connaitre lui, pas le chanteur. Et je ne veux pas qu'il pense que je lui parle uniquement parce qu'il est chanteur.
Aujourd'hui encore, je me prépare pour la fac. En espérant que j'arrive à prendre des notes cette fois-ci.
Au campus, je rejoins Julia et Laura devant notre salle de classe. Toutes deux ont l'air - comme depuis que je les ai rencontrées- en pleine forme, d'une joie naturelle.
- Prête pour deux heures en amphi ? me demande Laura.
- Étant donné que le cours est en français, je ne vais pas me plaindre.
- C'est parti ! déclare Julia en nous guidant à l'intérieur.
Je dois admettre qu'il m'est bien amusant d'écouter parler français les profs et élèves avec leur accent espagnol. Je ne me moque pas, bien au contraire, je trouve ça adorable. Sauf lorsque les profs me demandent de participer en guise de modèle pour aider les autres étudiants.
Durant ce cours magistral, mes oreilles souffrent à chaque erreur prononcée par Madame Hernández Fernández. J'avoue tout de même que son cours sur l'époque de Victor Hugo est vraiment intéressant. Et en plus de ça, Victor Hugo est mon modèle en termes de style d'écriture. Il a le don de vous faire tomber amoureux de la personne la plus laide qui soit. J'ai d'ailleurs presque comparé Pablo à lui; non pas qu'il est parlé d'une fille laide dans sa chanson. Mais par le fait que, rien qu'avec sa voix, il a touché mon coeur.
- Sincèrement, la prof croit vraiment que je vais lire un livre aussi gros ? se révolte Julia en sortant de l'amphithéâtre. Ok on travaille sur Victor Hugo et c'est mieux de connaitre ses oeuvres. Mais ses livres font tous plus de 700 pages ! Et je ne comprends qu'un mot sur deux mois en français, se plaint-elle.
- On a qu'à sortir ce soir pour te détendre, propose Laura. Ça vous dit ?
- Ca ne va pas être possible pour moi, répondis-je. C'est vrai, je ne vous ai pas informées. Je travaille le soir pour payer mes études ici. Mais je suis libre le samedi.
- On attendra samedi alors, déclare-t-elle.
A midi, nous rejoignons Maria au restaurant universitaire, comme tous les midis. Aujourd'hui encore, elle semble un peu trop surexcitée.
- Qu'est-ce qu'il se passe encore pour que tu sois dans cet état là ? demande Julia.
- L'album de Pablo sort bientôt !
Julia pousse un long soupir avant de s'asseoir devant elle.
- Tu es vraiment fan de lui à ce que je vois, m'exprimé-je.
- Plus que fan ! Si seulement je pouvais le rencontrer un jour...
"Ah si tu savais ! Je l'ai moi-même rencontré, et je peux te dire que c'est un très bon garçon." m'autorisé-je à penser.
C'est peut-être méchant, mais je ne compte pas dire aux filles que je l'ai vraiment rencontré. Déjà, ça ne les regarde pas, et puis, je ne pense pas que Pablo s'en réjouisse.
- Il est tellement beau, et trop sexy, le décrit Maria. Et ses yeux... Je pourrais passer des heures à les admirer...
Mon regard croise celui de Laura et Julia. Je pense que l'on s'est toutes les trois comprises: Maria est complètement folle.
Le soir après les cours, je vais comme prévu chez Alberto pour commencer mon travail. C'est sa femme, Gloria, qui m'apprend la manière de procéder: chaque table a un numéro, il faut donc que j'apprenne toute la disposition de la salle; elle m'apprend ensuite à débarrasser les tables avec efficacité; elle teste aussi ma capacité à prendre les commandes des clients.
- Tu ne t'en sortes pas trop mal, me dit-elle au bout d'une heure.
Au bout de cette heure, je conclue aussi que je ne verrai pas Pablo ce soir. C'est une fille cette fois qui a pris le micro sur l'estrade. Elle est talentueuse, il faut l'admettre mais sa chanson n'est pas aussi belle que celle de Pablo. D'ailleurs, j'aimerais en connaître le titre. J'aurai sûrement l'occasion de lui demander.
A la fin de mon service, j'essuie une dernière table avant de me changer.
- Ta première journée est très prometteuse, me déclare Alberto.
- Merci, à demain, le salué-je avant de quitter le bar.
Enfin un peu d'air frais ! Je vais pouvoir me reposer maintenant. Je m'apprête à partir lorsque quelqu'un attrape doucement mon poignet. Je me tourne vers cette personne: Pablo.
- Tu as mangé ? me demande-t-il en souriant.
- Euh... Non pas encore.
- Dans ce cas je te paye le dîner.
Je n'ai pas le temps de répondre car il m'emmène en direction de sa voiture. Bien que surprise, je suis contente de le revoir. Combien de temps a-t-il passé à m'attendre ?
Durant le chemin, Pablo me demande comment c'est passé ma semaine et mon premier jour de travail. Je lui raconte tout, sans mentionner les filles qui n'ont cessé de parler de lui - car il ne sait toujours pas que je sais qu'il est chanteur. Enfin, s'il s'agit vraiment de lui, mais c'est presque impossible que ce ne soit pas lui.
Pablo semble sincèrement intéressé par tout ce que je raconte. Pourtant, je n'y vois rien d'extraordinaire.
Il gare enfin la voiture dans une rue calme, mais tout de même animée. Nous descendons se voiture, et Pablo m'emmène à l'intérieur d'un Café discret. Le serveur nous accueille chaleureusement et nous propose une table. Installés, nous commandons notre repas. A mon grand bonheur, il font des plats végétariens. Car oui, je suis végétarienne.
- L'endroit te plaît ? s'enquiert Pablo.
- Oui, c'est très bien. Mais pourquoi ne pas être resté chez Alberto ?
- Et pourquoi pas ? répond-il. Ça fait toujours du bien de sortir de ses habitudes.
Il garde ensuite le silence et me regarde avec attention. Je déteste lorsque les gens me regardent fixement, mais cette fois, je n'y met aucune objection. C'est pas tous les jours qu'on se fait inviter par un beau garçon. Nos boissons arrivent enfin. Pablo lève son verre, je fais doucement clinquer le mien contre le sien.
- Je voulais te demander, c'est quoi le titre de la chanson que tu as chanté hier ? me lancé-je.
- Prometo, me sourit-il.
- Elle est vraiment magnifique, le complimenté-je. Tu en as d'autres ?
J'avoue, je force un peu mais, ça m'intéresse et je ne sais pas de quoi parler d'autre...
- Oui, j'en ai quelques unes, répond-il poliment.
Je sens que ce sujet ne lui fais pas très plaisir. Il ne veut pas me l'avouer. Mais pourquoi ? Il faudra bien qu'il le fasse tôt ou tard !
Soudain, mon téléphone se met à sonner. Je lance un regard désolé à Pablo puis sors mon portable. C'est ma mère; c'est vrai, je lui ai promis de lui envoyer un message chaque fois que j'étais rentrée. Le problème c'est que ce soir, je ne suis pas rentrée. J'attends que son appel se termine pour lui répondre: "je suis rentrée, ne t'inquiète pas. J'ai juste oublié de t'envoyer un message".
Le problème, c'est que ce message ne suffit pas et ma mère me rappelle. Ma mère adore m'appeler le soir quand je rentre, elle le faisait aussi quand j'étais en France. Sauf que Pablo va finir par être agacé si elle ne s'arrête pas. Bon, elle n'est pas censée savoir que Pablo est là... Je me décide alors à éteindre mon téléphone.
- Vraiment désolée, c'était ma mère, m'excusé-je.
- Ce n'est rien, dit-il toujours avec son sourire.
Il a un beau sourire, même très beau.
Le repas terminé, Pablo me raccompagne jusqu'à chez moi. J'aurai aimé que cette soirée soit plus longue mais j'admets être épuisée, et puis, j'ai cours demain.
- Je sais que mon invitation était un peu precipitée et que c'était assez court, mais j'espère que ça t'a plus, me dit-il, les mains aggrippées à son volant.
Il semble stressé.
- Ca m'a beaucoup plus. Et j'espère qu'on en aura d'autres.
Pablo se détend quelques peu.
- J'espère aussi, dit-il. D'ailleurs, je pourrais avoir ton numéro ? Comme ça j'éviterai de t'inviter comme je l'ai fais ce soir, rit-il.
- Pas de problème, répondis-je en notant mon numéro sur son portable.
- À plus tard Krystell.
- À plus tard Pablo.
Puis je quitte sa voiture.
Je rentre chez moi et rallume mon téléphone: dix appels manqués et 39 messages non lus de ma mère.
OH MY GOD !

Ne m'oublie pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant