J'étais réveillé.
Je n'aurais su dire depuis combien de temps exactement. De simples minutes ou bien des heures entières? Je ne savais pas. Je ne savais plus.
La vérité, c'était que je refusais catégoriquement de savoir, car si il y avait bien une chose dont j'étais conscient, c'était bien que selon le temps que j'avais dormi, la réalité, qui se dévoilerait à moi une fois mes paupières ouvertes, serait radicalement différente.J'étais lâche, je le savais très bien. À dire vrai, j'avais terriblement honte de moi, de celui que j'étais devenu. Mikasa et Armin auraient sûrement eu honte de moi également, si ils avaient été là.
La peur. La douleur. Le dégoût. Le désespoir.
Ces quatre émotions m'avaient habité pendant plus de deux interminables années. Je ne me rappelais absolument pas avoir ressenti quoi que ce soit d'autre au cours de celles-ci.
Quoique, en fait, si. Peut-être l'espoir, au départ. L'espoir que l'un de mes bourreaux serait en réalité pourvu d'un semblant d'humanité. L'espoir que quelqu'un, peu importait qui, allait venir nous sauver. Ou encore peut-être l'espoir que Mikasa et Armin me retrouveraient pour me sortir d'ici?
Mais bien plus rapidement que ce que j'aurais cru, l'espoir était devenu peu à peu désespéré, puis il s'était tout simplement éteint.La peur. La douleur. Le dégoût. Le désespoir.
Encore, encore et encore. Sous toutes leurs formes, sous toutes leurs facettes, sous toutes leurs intensités.
Je ne comptais plus le nombre de fois où je n'avais pu m'empêcher de vomir suite aux assauts répétés d'une peur viscérale sur mon cœur malmené.
Le nombre de fois où j'avais hurlé, pleuré, supplié que cette sensation, cette douleur insoutenable dans ou sur mon corps cesse.
Le nombre de fois où je m'étais insulté de tous les noms pour être aussi faible et impuissant. Pour être aussi égoïste aussi. Parce que bien entendu que oui, des milliers de fois j'ai prié pour que ce soit un autre que moi le moment venu.
Le nombre de fois où mon Âme avait littéralement été réduite en bouillie et souillée à partir de mon essence même lorsque la réalité me frappait avec une violence inouïe en plein dans la poitrine; lorsque je croisais le regard de certains de mes bourreaux.
Les regards qui me détruisaient réellement, au plus profond de moi-même, il ne fallait pas croire que c'étaient ceux qui portaient une lueur d'amusement, de dégoût, de mépris, de haine ou même d'excitation malsaine en leurs seins.
Non. Ces regards qui m'étaient insoutenables, c'étaient de bien loin ceux qui demeuraient indifférents. Ceux qui pouvaient nous fixer et nous écouter pleurer durant des heures lors de nos quotidiennes séances de torture sans paraître touché le moins du monde, sans sciller ou réagir, même d'une mauvaise manière.C'était d'ailleurs sûrement en grande partie eux qui s'étaient emparés de l'espoir pour le mutiler, le démembrer puis l'éclater en mille petits morceaux.
La peur. La douleur. Le dégoût. Le désespoir.
Ces quatre sentiments précis. Je les connaissais par cœur. Je ne les connaissais que trop bien. Je leur avait tant de fois fait face que j'avais fini par les intégrer à mon être. Ou tout du moins j'avais essayé de le faire, et ce dans le but plus ou moins illusoire d'en souffrir constamment sans en mourir.
Ça n'avait aucun sens, pas vrai? Pourtant, c'était ça, la vie. Ça l'avait toujours été. Souffrir sans cesse et pourtant tenter de surmonter, de survivre.Cependant... Jamais je n'avais encore ressenti pareille peur qu'à cet instant précis. C'était indescriptible mais ce n'en était pas moins réel, pas moins puissant.
Lorsqu'il était entré dans ma cage pour me sortir de cet insoutenable cauchemar tel un Ange envoyé sur Terre, l'espoir était brusquement revenu. Lorsqu'il m'avait pris dans ses bras puissants et enveloppé de son apaisante odeur avec toute la délicatesse du Monde, l'espoir avait encore grandi dans mon être brisé pour remplacer la peur, la douleur, le dégoût et le désespoir de ces deux dernières années. Puis lorsque la lumière du jour m'était revenue, lorsque le vent frais de l'extérieur avait fouetté mon visage fatigué et apeuré, l'espoir avait enfin jailli pour m'enlacer tout entier, pour illuminer ne serait-ce qu'un peu mon regard émeraude.Puis j'avais fait l'erreur.
L'erreur de me laisser aller tandis que la pression retombait d'un coup, l'erreur de m'endormir contre cet inconnu aux cheveux corbeaux dont la présence m'apaisait tant.À présent, il fallait que je rouvre les yeux. Il fallait que j'affronte la réalité qui allait me frapper au moment même où je découvrirais dans quelle pièce je me trouvais alors.
Dans un lieu inconnu.
Dans ma cellule crasseuse et lugubre.
Dans la salle d'opération.
Je savais très bien qu'ils en étaient capables. Qu'ils étaient capables de m'injecter un de leurs étranges produits pour me faire rêver. Pour me faire croire que je m'en étais enfin sorti. Puis lorsque j'allais ouvrir les yeux, je me verrais enchaîné à la table d'opération, branché à des machines, ouvert par endroits. Toujours en Enfer.
Dans ce cas-là, qu'allait-il advenir de moi? J'allais me foutre en l'air, par tous les moyens possibles. Je ne serais plus rien. Juste... un corps mutilé, vide de l'intérieur, anéanti.
Les chances que tout était réel étaient particulièrement maigres. Et puis, honnêtement, quel genre d'Alpha viendrai sauver un Oméga au péril de sa propre vie?
Quel genre de personne viendrait sauver quelqu'un comme moi?
Je me remémorai les traits de cet homme. Sa silhouette. Sa carrure. Sa voix. Son odeur. Son nom. Est-ce que j'avais vraiment rêvé tout cela?
Est-ce que ce Monde était assez cruel pour m'envoyer cet inconnu, ce sauveur, pour me l'arracher juste après?
Je ne savais pas. Je ne savais plus.
Je voulais savoir.Le Caporal-chef Livai... La chef d'escouade Hanji... Le Major Erwin...
Le Bataillon... d'exploration.
《 Je vous en supplie... Faites que vous soyez réels... 》
Une larme m'échappa, bien malgré moi, et alors que je m'apprêtais à me mouver, une voix claire et froide retentit dans la pièce.
《 - Tch, bien sûr qu'on est réels, gamin. 》
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Merci... [Riren]
FanfictionCeci est une histoire qui a été inventée à deux, moi et @Alice-Lupin, en collaboration. Voici donc notre histoire. ••••••••••••• "Tic, tac, répète ma montre La seule aiguille qui ne me blesse pas Tic, tac, le bruit qui me montre Que ça fait très lon...