Épilogue

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J'ouvris doucement les yeux, réveillé par des pas venant du couloir.  La première chose que j'aperçus fût un plafond gris. J'avais froid. Je ne sentais pas la présence de Livai à mes côtés. Pendant un instant, je crus être de retour au laboratoire des scientifiques fous qui m'avaient torturé. Mais je me résonnai bien vite. C'était impossible. Je n'étais pas revenu, et mon Alpha n'était pas parti.

- Exact! fit une voix qu'il me semblait vaguement reconnaître. Tu n'es pas de retour ici, stupide Oméga, puisque tu n'es jamais parti... Et ton "Livai", là, il ne sait même pas que tu existes!

Je tournai mon regard vers le possesseur de cette voix. Il riait aux larmes, presque plié en deux. Un rire sans joie. Un rire sadique. Un rire fou. Cet homme était fou. Ou bien était-ce moi le fou?

- Vous mentez, dis-je d'une voix mal assurée. Il... Il va venir me chercher.
- Dis-moi, Eren, et mon nom dans sa bouche sonnait comme une torture, tu vois cette machine? C'est mon petit bébé... Tu y as cru, hein, à toute cette histoire? Tu sais ce que ça veut dire? Elle est au point... Parce que tout ce qu'il s'est passé, ta fuite, ton Alpha, les retrouvailles avec tes deux amis, ça n'est jamais arrivé, et tu sais quoi? Ça n'arrivera ja-mais!

Je pris ma tête entre mes mains. Qu'il se taise, pitié, quelqu'un, faites-le taire! C'était impossible, il mentait! Il mentait forcément!

- Tu penses que je mens pas vrai?

Une longue plainte de désespoir s'échappa de ma gorge, le rendant plus hilare encore.

- Mon petit bébé te fait croire que tu vis ce que je programme, et je peux le modifier à volonté, mais le meilleur moment, c'est quand tu reviens à la réalité, et que tu comprends que tout était faux...

Tout? Alors Mikasa...

- Bien sûr, tes deux amis sont quand même morts, on les a tués il y a deux ans.

Il mentait. Il mentait, il mentait, il mentait.

- Tu ne me crois toujours pas? Passe donc ta main sur la morsure de ton cher Alpha... Tiens? Elle n'est pas là? Mais il n'en a rien à foutre de toi, Eren, il ne sait même pas que tu existes... 》

Un nouveau rire. Un rire sadique, dénué de joie, froid, qui résonna dans ma tête, encore et encore, accompagné par un bruit de déchirure provenant de mon cœur. Et les larmes coulèrent.

Tristesse. Haine. Douleur. Vengeance. Rage.

Toutes se battaient pour s'imposer en moi. Ma main gauche se dirigea d'elle-même vers l'outil de torture le plus proche: un marteau. Mes doigts se refermèrent tous seuls sur le manche, l'agrippant avec force. Et je fracassai le crâne de l'homme à mes côtés. La vengeance avait gagné. Je restai là, à observer d'un œil le cadavre se vider de son sang à mes pieds. Pour la première et la dernière fois de mon existence, je prenais plaisir à voir la souffrance d'un autre.

Puis je réalisai ce que je venais de faire. Alors je partis en courant.

J'étais arrivé dans ce laboratoire plus de deux ans auparavant, bien évidemment contre mon gré. Ils m'avaient capturé, ainsi que d'autres, pour notre condition d'Oméga. Je les avais plusieurs fois entendu parler de nous transformer, je suppose qu'ils parlaient de devenir des titans. Les Oméga seraient apparemment plus prédisposés à la transformation.

Mon statut m'avait donc amené à vivre un véritable Enfer, et je l'avais longtemps haïs pour ça. Mais je savais qu'au fond, je n'aurais pas voulu en changer. Dans tous les cas, c'était impossible, alors je l'avais accepté. Mais en parallèle, ma haine et mon dégoût pour mes tortionnaires n'avaient cessé de grandir. Parfois, ils avaient été la seule chose qui me permettait de tenir, de ne pas me laisser mourir de douleur et de chagrin. J'étais l'un des derniers cobayes encore en vie. Et j'allais lutter pour le rester. Alors j'accélérai ma course dans les couloirs sombres pour fuir. Je refusais de mourir avant d'avoir retrouvé Livai.

Tic, tac, faisait ma montre
La seule aiguille qui ne me
Blessait pas
Tic, tac, je me battais contre
Les ordures qui m'avaient
Entaillé les bras.

Bom, bom, c'était mon cœur
Battant de haine de rage et
de colère
Bom, bom, je tremblais de
Peur
Mais tant pis, je devais
M'enfuir de cet Enfer.

Tac, tac, je courais dehors
Partant très loin pour une
Vie nouvelle
Tac, tac, je souffrais encore
Mais je m'en moquais car je
Voyais le ciel.

《 - Oï tu fous quoi binoclarde? entendis-je. 》

Je tournai la tête. Ils étaient là. Livai, Hanji, Erwin. Je posai la main à la base de mon cou, toujours pas de morsure. Mais je souris en m'élançant vers eux, relâchant quelques phéromones pour attirer l'attention de mon Alpha, qui tourna rapidement les yeux vers moi. Je n'avais qu'une seule pensée.

Cette fois, ce sera réel.

Merci... [Riren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant