Chapitre 6

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Un peu plus d'une semaine s'était écoulée depuis mon sauvetage, et je crois bien que la vie n'avait jamais été aussi clémente à mon égard, Jean, étant le problème le plus probable de survenir, n'étant pas revenu vers moi.
J'avais donc décidé d'utiliser ces quelques journées de calme à bon escient. J'étais toujours déterminé à vivre à tout prix, cependant encore fallait-il que j'en possède les moyens.
C'était pour cette raison que j'avais demandé à Annie -bien qu'avec quelques difficultés- de m'entraîner au combat au corps à corps ainsi qu'à manier l'équipement tridimensionnel. Celle-ci avait, par chance, accepté d'accéder à ma demande. Soutenu par Mikasa et Armin, je m'étais donc entraîné avec ardeur à me battre, à manier des lames et à voltiger dans les airs tel ces oiseaux que j'observais jalousement lorsque j'étais à la rue avec mes meilleurs amis, qui battaient gracieusement des ailes pour partir à la recherche de nouvelles contrées, au-delà des murs.

À chaque coup de poing, à chaque coup de pied, à chaque maniement de lame, je m'imaginais frapper mes bourreaux de toutes mes forces qui ne cessaient de croître au fil du temps. Cette rage qui grandissait en moi nourrissait ma détermination ainsi que la vigueur de mon corps et de mes coups.

Vengeance.

Voilà le mot qui tournait en boucle dans mon esprit, le mot qui me guidait désormais, le mot qui explosait dans mes entrailles lorsque la peur commençait à se frayer un chemin vers mon muscle pompeur de sang.

Vengeance.

Tout le monde est esclave de quelque chose, n'est-ce pas? Tout le monde a besoin d'une raison de vivre, d'un objectif.

Vengeance.

《 - Hey, Jäger. Calme-toi maintenant. Est-ce que tu te rends compte de l'état dans lequel tu te mets? La frontière entre un esprit clair et sain et un esprit fou, aveuglé par la rage, est très fine, surtout une fois face à l'ennemi. Ne l'oublie pas. 》

C'étaient les mots que m'avait prononcé Annie un jour. J'avais eu le temps d'entrapercevoir une lueur d'inquiétude dans son regard d'ordinaire serein et droit en me tournant dans sa direction. Je m'en fichais, de toute manière. Je voulais surmonter mon traumatisme, quel que soit le prix à payer pour cela. Je voulais vivre, et pour cela, il fallait que j'élimine le mal à la racine. Du moins, c'était ce que je croyais.

Jusqu'à ce jour.

Je passais mon temps libre en compagnie du champignon blond et de la brune au teint pâle qui m'avaient tant manqué. Je souhaitais passer un maximum de temps à leurs côtés, car à présent, je n'en étais que trop bien conscient: la catastrophe arrivait toujours au moment où on s'y attendait le moins.
À l'époque, je me souviens avoir été bien trop rêveur, bercé par l'illusion que malgré toutes les difficultés, nous ne serions jamais séparés. Que nous étions invincibles. Le résultat n'avait pas vraiment été celui escompté.

Alors aujourd'hui, je profitais pleinement de la seconde chance qu'on me laissait d'être avec eux. Et j'étais fin prêt à me battre pour cette chance, pour la conserver.

Le Major Erwin, la Chef d'escouade Hanji et le Caporal-chef Livai conversaient sur mon sort, je le savais très bien. Ils ne pouvaient plus se permettre de garder plus longtemps une bouche à nourrir de plus, soit dit en passant inutile au Bataillon d'exploration.
Je n'avais pas le moins du monde envie de partir d'ici. Parce qu'ici, il y avait Mikasa et Armin, parce qu'ici, j'avais enfin trouvé une place pour moi en ce monde tordu, parce qu'ici, il y avait le Caporal Livai.

Il y avait d'ailleurs quelque chose qui m'échappait à son sujet. Au départ, celui-ci semblait me porter énormément d'attention, peut-être même un peu d'affection, puis du jour au lendemain il s'était soudain mis à m'ignorer. Et je ne comprenais pas... Peut-être au final n'éprouvait-il que de la pitié à mon égard. J'espérais secrètement qu'il allait revenir vers moi avant mon départ plus que probable, bien que le doute me laissait un goût amer dans la gorge.

Merci... [Riren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant