Et si ...

Et si ... Marquand n'avait pas refusé ses avances ?

Pour se détendre, le commandant entame une succession de mouvements thaï comme une danse lancinante. Son instant zen est hélas interrompu par la sonnette de sa porte. Il suppose fort que c'est Léa donc l'invite à entrer d'elle même. Il est agréablement surpris de voir sa juge, toute de rouge vêtue. Cette vision lui fait remonter un doux souvenir, celui de leur dîner à l'italien, ce soir où il a goûté à ses lèvres pour la première fois, ce soir où il  a compris que ses sentiments étaient partagés et où il a donc vu leur relation prendre un tournant important. Mais c'était sans compter sur les obstacles qui se sont confrontés à eux comme un coup du sort qui tente trop souvent de leur faire comprendre que le moment n'est pas le bon. Ni celui-là, ni celui d'avant, ni le suivant d'ailleurs ... A croire que le destin s'acharne ... mais peut-être le vent a t'il aujourd'hui tourné ? 

Il lui explique donc son astuce relaxation qu'il l'invite à imiter mais pour lequel elle troque volontiers contre un verre d'alcool fort. Ils se remémorent alors leurs moments avec Noah parti trop tôt : son arrivée mal accueillie, ses progrès pour s'intégrer puis la complicité rapidement installée dans l'équipe, balayée en un instant. Ils en rient mais des larmes de tristesse remplissent aussi leurs yeux. S'en suit donc une légitime remise en question, un questionnement sur la logique de l'existence, quand la mort vient faucher injustement et brutalement.

Ils partent alors dans leurs souvenirs, les épisodes forts de leur collaboration, les instants de rires, de doute et de rapprochement qui ont vu leur lien se renforcer. Le liquide ambré désinhibant, les regrets fragilisant et les remords motivant, elle s'approche de lui et lui demande de l'embrasser. Il penche la tête de côté, surpris et incrédule face à sa demande. Mais c'est pour ces mêmes raisons qu'il accède à sa volonté. Il humecte ses lèvres avant de les joindre aux siennes. Ce doux contact a un effet apaisant immédiat, comme un soleil ressourçant après un trop gros orage. Il lui sourit, repousse une mèche de cheveux avant de réitérer et approfondir son baiser. Il la fait virevolter et la pousse vers le canapé pour l'y installer. Il l'allonge et vient se positionner sur elle avant de se figer. 

- On ferait pas une énorme connerie, là, demande t'il essoufflé entre deux assauts. 

- Mais non, balbutie t'elle contre sa bouche en le tirant vers elle. 

Elle se décide ensuite à accélérer les choses pour éviter qu'il ne change d'avis, espérant à chaque minute qu'il n'en soit pas le cas car elle a certes trouvé refuge dans les bras du Dr Chahine et lui est également tombé sous la coupe de Léa mais il n'en est rien à côté de cette indéniable attirance qui les lie depuis toujours et qu'ils n'arrivent pas plus à expliquer que contrôler. Encouragé par son empressement, il remonte sa robe pour accéder à son jardin secret qui lui a tant manqué depuis quelques mois et qui se présente de nouveau à lui en ces tristes circonstances à un détail prêt : une fraîche cicatrice sur le bas ventre ... 

Elle gémit déjà sous ses mains habiles qui connaissent la façon de faire frémir ce corps impatient. Elle sait aussi les gestes qui le font fondre et n'hésite pas à en user en lui mordillant le lobe de l'oreille et en roulant des hanches. La tristesse du deuil, la rage de vivre et l'occasion unique de profiter de l'instant présent leur donnent le besoin vital de s'unir, de ressentir des émotions fortes pour remplacer la peine par l'hormone du plaisir qui viendra effacer un temps cette terrible perte. 

Les vapeurs du whisky et le désir grandissant leurs donnent des vertiges, les plongeant encore plus loin, dans ceux de l'amour ... leurs corps se connaissent et se reconnaissent, leur union est toute aussi enivrante que leur boisson, une bouffée d'air pur dans cette atmosphère irrespirable, une bulle de bonheur dans la dure réalité de la vie. Ce second souffle qu'eux seuls peuvent s'offrir et qu'ils poursuivent toute la nuit durant ...