CHAPITRE DIX-SEPT

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Il régnait un sentiment de béatitude dans cette chambre. Le jour commençait à se lever et perçait à travers les rideaux pourpres et épais. Quelques vêtements s'étaient éparpillés au sol. Des coussins étaient tombés du lit et la couette traînait mollement à terre.  Deux respirations haletantes se faisaient entendre, une aux intonations gutturales et l'autre cristallines. En tendant légèrement plus l'oreille, il était possible de distinguer le crissement des draps et le frottement délicat de peaux l'une contre l'autre.

Puis vint une explosion de plaisir partagée, explosion somme toute mesurée, notamment par la jeune femme. Après avoir repris le contrôle de son corps et de son esprit, elle se laissa tomber sur l'oreiller. Les tremblements dans ses jambes cessèrent progressivement, sa respiration se ralentit et la vague de joie qui l'avait submergée glissa sur elle et lui laissa un léger sourire d'aisance aux lèvres. Pourtant, la lumière du jour se levant sur sa peau lui rappela sa nudité et elle attrapa le coin de la couette pour la ramener sur elle. Ses gestes et son regard trahissaient son embarras.

- Pourquoi j'ai toujours l'impression que tu es gênée après qu'on ait fait l'amour? Demanda naïvement Paul allongé sur le dos. Si je fais mal, il faut que tu me le dises.

- Tu ne comprends pas. Protesta Rachel avec un rire nerveux. Tu ne fais rien de travers, c'est moi le problème. Ma timidité me poursuit depuis 25 ans, elle n'est pas prête à me quitter aussi facilement.

- Pourtant quand tu étais sur moi, il y a à peine cinq minutes, tu ne semblais pas complexée. Fit-il remarquer avec un sourire polisson. Bien au contraire...

- Stop ! Arrêtons cette conversation tout de suite ! Décréta-t-elle avant de se lever d'un bond, la couette minutieusement entourée autour d'elle, et de se rendre dans la salle d'eau. Si on continue dans ce sens, je ne serai jamais à l'heure pour prendre mon bus !

- Bah n'y va pas bébé et reste avec moi ! Déclara-t-il le plus simplement du monde. 

- Je t'aime plus que tout et tu le sais, mais j'ai vraiment envie de revoir mes amis. Bredouilla-t-elle d'une façon peu compréhensive à cause de la brosse à dents qu'elle venait de se mettre dans la bouche.

- Je sais... Marmonna mollement Paul.

Le printemps venait de débuter et le retour des beaux jours avaient donné envie à Rachel et ses amis de s'organiser un week-end là où tout avait commencé : Pullman. Elle avait loué une chambre d'hôtel qu'elle allait partager avec sa meilleure amie, Megan. Maggie, Mark et Chase, trois autres membres de leur promo de kinésithérapie allaient aussi loger dans la même pension. Rachel avait vraiment hâte de les retrouver, seuls deux sujets la freinaient quelque peu : être loin de Paul, bien entendu, et le voyage inconfortable de huit heures qui l'attendait. 

Et alors que Paul la déposait à la gare routière de Forks, Rachel prit conscience que jamais depuis qu'elle formait un couple avec lui, ils ne s'étaient séparés aussi longtemps. Elle aurait aimé faire ce constat plus tard, à des dizaines de kilomètres de la réserve, ça lui aurait permis de partir l'esprit et le cœur plus légers. Elle l'enlaça longtemps, elle n'arriva à se défaire de sa chaleur qu'au moment où le bus menaçait de partir sans elle. A regret, elle sépara son corps de celui de Paul, l'embrassa une dernière fois avec fougue et grimpa dans l'autocar, son petit sac de voyage à la main. 

Le trajet fut inconfortable à la mesure où ses retrouvailles avec Megan furent euphoriques. Durant un court instant, il aurait pu être possible de penser que ces deux amies étaient complètement extraverties, voire déjantées, à l'extrême opposé de leur nature profonde. Puis, une fois l'enthousiasme passé, elles redevinrent comme à l'accoutumé. Elles avaient pourtant grandement correspondu via les réseaux sociaux et les diverses applications disponibles sur le marché mais rien ne valait la discussion en chair et en os. 

You're my wonderwall | PAUL & RACHELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant