☞ 8 - Une vraie journée de vacances

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Un gros coup sur cet instrument du démon qui ose me sortir de mon doux sommeil tous les matins, j'ai nommé : mon réveil ! Je grogne comme un vieux chat et je roule de mon lit, pour finir par terre tel un gros cachalot. L'énorme animal marin que je suis se faufile vers l'armoire pour prendre un sweat-shirt violet et un jogging que j'enfile en vitesse, avant de ramper jusqu'aux escaliers de la mort pour aller me goinfr-manger. Je sens alors un pied s'appuyer sur mon dos et je crie.

« - Une agressioooon !

- Oups. Pas d'ma faute, je t'ai pris pour un tapis. »

Ouais ouais, c'est ça mon Claude, évidemment. Je vois bien que t'aimes pas les limaces, assume un peu. Il me relève comme un pauvre chaton apeuré et regarde ma tenue.

« - Toi, t'as prévu de glander toute la journée.

- Bah ouais, et alors ? C'est très bien de faire des pauses dans la vie, je ne m'arrête pas, vois-tu ! J'ai grand besoin d'une pause, j'ai un emploi du temps de minsitre...

- Ouais, et tu veux un massage aux pieds aussi ?

- C'est si gentiment proposé, Claudinet ~ »

Aitor Cazador, Drama queen professionnelle depuis 1976, de très grand talent. Par contre, je crois que Claudinet n'a pas aimé le petit surnom que je lui ai donné parce qu'il me regarde comme s'il allait me tuer sur l'instant. Sauf qu'avec la tulipe, faut jamais prendre le risque, il en est capable. Je profite de son regard meutrier pour lui lancer un bisou soufflé avec ma main, avant de dévaler les escaliers à toute vitesse. Je tiens à ma vie moi.

Alors que je pensais être arrivé en sécurité dans la cuisine, un torse surgit de nulle part et je me le prend en pleine face. J'en ai marre d'être malmené de bon matin, moi. Si j'avais su, je serais resté dans mon lit, ça aurait été plus rapide. Je lève la tête et croise le regard bleu inexpressif de Bryce. Sourit un peu mon loulou, même si Claude te faire chier à longueur de journée, la vie est belle quand même !

« - Je souris des fois, Aitor. Mais là on est le matin, et j'ai pas envie.

- J'ai pensé à voix haute, c'est un vrai problème ça.

- Ouais. Et pourquoi tu courrais comme un con ?

- J'suis pas con. Et c'est parce que j'ai un petit peu énervé la tulipe, mais ça passera.

- Ah bon ? Tu lui as dit quoi ?

- Je lui ai donné un joli surnom.

- Et c'était quoi ?

- Claudinet ~ J'aime bien moi.

- Aïe, ça a pas dû lui plaire.

- AITOR, FAUT QU'ON PARLE ! »

Eh mince, l'animal rouge qui me sert de cinquième papa est de retour pour poursuivre sa pauvre petite proie...moi. Big up à tous les autres gosses de l'orphelinat, j'ai connu plus doux comme réveil que la voix de Claude. Et là, j'aperçois Bryce sourire. Et je m'inquiète. Je retire ce que j'ai dis tout à l'heure, c'est mieux quand il sourit pas. C'est jamais bon signe quand il a ce petit rictus : soit c'est quand il pense à la prochaine fois qu'il va embrasser Claude -ou plus si affinité-, soit c'est qu'il a un plan à la con en tête. Et vu le contexte, il a un plan à la con en tête. Il prend la parole, tout fier de sa connerie.

« - Qu'est-ce qu'il t'arrive, Claudinet ? Tu t'es levé du mauvais pied ? »

Un petit clin d'oeil du blanc. Dieu que j'aime ce gars. Faites-moi penser à le prier ce soir, je préparerai une offrande. Je lui tape dans la main, fier de lui, avant de me faufiler dans la cuisine pour fuir la furie qui va arriver dans les cinq prochaines secondes. J'ai juste le temps d'entendre Bryce chuchoter à la tulipe : "Pourtant il me semble qu'on a passé une bonne nuit hier, non ?~" avant que je ne claque violemment la porte. Mon Dieu, j'ai rien entendu. Au secours, j'ai les oreilles qui saignent. Eh merde, j'ai une image en tête maintenant.

«Taquine-moi» | RanmasaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant